La doula : quel rôle auprès des parents, à quel moment ?

Devenir parent peut s’avérer un véritable saut dans l’inconnu. Si en France, le suivi médical de la grossesse et de l’accouchement est très bien encadré, l’accompagnement psycho-social est lui encore peu démocratisé. Pouvoir faire part de ses doutes, de ses peurs, être simplement écouté dans ce moment si particulier de la vie peut se révéler salutaire.

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Rédaction SoPress

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Le mot doula, issu du grec ancien, signifie « celle qui sert la mère ». Pour l’association Doulas de France, référence dans le domaine, une doula apporte un accompagnement moral, psychique et pratique, du projet de grossesse à la période postnatale. Endossant le rôle à la fois de mère, de sœur ou d’ami.e, elle est là pour écouter les craintes des femmes enceintes et des conjoint.e.s. Elle soutient, entoure, conseille, et peut ainsi éviter aux futurs parents de perdre pied en leur permettant d’envisager la naissance plus sereinement.

Un accompagnement péri et postnatal

Même si le fil rouge de l’accompagnement reste le même – écoute et soutien émotionnel – les besoins avant et après la naissance diffèrent. Avant l’accouchement, les futurs parents ont besoin d’exprimer les émotions et les questionnements que cette période vient soulever. La doula peut aussi bien écouter les doutes et peurs des futurs parents qu’aider à écrire un projet de naissance ou encore répondre aux messages inquiets du couple arrivé à l’hôpital – puisque la majorité des maternités n’autorisent pas leur présence en salle de naissance. En postnatal, le soutien apporté prend également une dimension pratique : tâches ménagères, cuisine, coup de main concret comme changer les draps du lit, porter le bébé en écharpe, aiguiller vers des spécialistes en cas de difficulté pour l’allaitement ou encore proposer des cours de yoga. Tout ce qui permet de créer du lien sereinement avec leur bébé. La doula peut enfin apporter son soutien moral en cas de parcours PMA, de fausse couche, mais aussi de mort subite du nourrisson ou de conflits au sein du couple.

Un métier non reconnu officiellement

Précision importante : cet accompagnement est réalisé dans le cadre du service à la personne et uniquement en complément du suivi médical choisi par les parents et n’a donc pas pour vocation à remplacer les personnels soignants. Une doula n’est pas une professionnelle de santé et n’a par conséquent aucun statut juridique. Ses prestations ne donnent pas lieu à des remboursements de la Sécurité sociale, et il faut compter entre 50 et 100 euros par séance. Il n’existe pas encore de cursus obligatoire et encadré par l’Etat, mais trois formations sont déjà reconnues par l’association Doulas de France : en présentiel et d’une durée de neuf mois, elles ont déjà permis à plus de 1 300 doulas d’être formées en dix ans. Si ce métier, arrivé en France après les pays anglo-saxons et nordiques dans les années 2000, connaît un certain engouement, il reste victime de méfiance de la part des organismes officiels des gynécologues obstétriciens et des sages-femmes, qui ne veulent souvent pas travailler en complémentarité avec elles, alors que la doula ne cherche en aucun cas à interférer avec le corps médical.

En effet, pour Amélie Dupont, doula installée en Seine-Saint-Denis, « aujourd’hui, la période périnatale est bien accompagnée médicalement ; mais en dehors de ça, les parents se retrouvent souvent isolés. Pour moi, c’est essentiel d’apporter ce soutien complémentaire dans leur parcours. Je ne suis pas là pour donner des injonctions ! Je crée juste un espace où les futurs parents peuvent tout déposer. Je les aide à identifier leurs besoins, à suivre leur chemin en les soutenant dans leurs choix et en leur donnant confiance. »

Quels bénéfices pour les jeunes parents ?

C’est le cas d’Inès, maman de 38 ans, qui s’est retrouvée en plein désarroi à la naissance de son deuxième enfant. « Je pensais pourtant être bien préparée - ce n’était pas mon premier – et assez entourée, puisque j’ai des amis, ma famille est présente, et mon conjoint aussi. Mais je n’avais pas réalisé la déflagration que constituaient la naissance et l’arrivée d’un deuxième enfant dans nos vies ! » Après avoir fait appel à une doula, Inès a pu accepter d’avoir besoin d’aide et mieux communiquer avec son conjoint, mais aussi avec son aîné, qui avait assez mal réagi à la naissance de sa petite sœur. « À ce moment-là, la doula a vraiment été ma confidente, mon soutien, celle qui m’a sorti la tête de l’eau. Je ne sais pas si j’y serai arrivée sans elle », conclut Inès.

Jeunes ou futurs parents ?

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