Au barbecue aussi, les clichés ont la peau dure

L’été approche et, en France comme ailleurs, c’est le coup d’envoi de la saison des barbecues. Avec près de huit cent mille appareils vendus en 2022, le barbecue reste l’équipement de cuisson de plein air préféré des Français. Pourtant, de nombreux préjugés lui collent encore à la peau.

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Rédaction SoPress

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Quelques rayons de soleil suffisent pour que les Français et les Françaises redonnent un coup de jeunesse à leurs extérieurs et y installent le barbecue. Aujourd’hui, ils sont plus de 60 % à en posséder un (1) (au gaz, au charbon ou en plancha). Bien que cette activité ait le vent en poupe, de nombreux préjugés circulent encore. Exemples : « C’est pour celles et ceux qui ne savent pas cuisiner » (bien au contraire, la cuisine en extérieur est un art). Ou encore : « Ça empeste » (sauf si on l’utilise correctement). Mais ces idées reçues ne sont pas les plus répandues. En revanche, les trois qui font le plus de résistance, représentent parfaitement les inquiétudes de l’époque.

1 La qualité de l'air au barbecue

Beaucoup pointent du doigt le barbecue comme étant un polluant. Ce que confirme la Fédération ATMO Auvergne Rhône-Alpes, qui évalue la qualité de l’air : les barbecues au charbon de bois relâchent du dioxyde et du monoxyde de carbone ainsi que des particules fines. Pour donner une idée, l’usage d’un kilogramme de charbon de bois est responsable de l’émission de 3,7 kg de CO2 (2). Sans surprise, l’environnement n’est pas le seul touché : cette méthode de cuisson émet également des substances toxiques comme les Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), reconnus cancérigènes probables. Mais à tout problème, il y a une solution : il existe notamment un charbon de bois dit « écologique » fait par exemple à base de coques de noisettes et de noyaux d’olives. Le plus efficace reste visiblement le barbecue au gaz puisque ce dernier émet 500 fois moins de particules fines (PM10) et 100 000 fois moins de Benzo(a)pyrène, un hydrocarbure cancérigène. Bref, des chiffres qui donnent à réfléchir…

2 Le barbecue : « une affaire d’hommes »

Le stéréotype numéro deux apparaît on ne peut plus clair. On se souvient d’ailleurs tous des propos de la députée EELV Sandrine Rousseau qui avait, permettez l’expression, soufflé sur les braises en affirmant que le barbecue était un « symbole de virilité ». Si personne n’a envie de faire éternellement persévérer le cliché de l’homme rôtisseur, de l’as de la plancha, du balaise-braises, du champion des tisons ou du roi des grillades, force est de constater que la pratique du barbecue au féminin reste encore assez rare. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : informe que chez les jeunes, 23 % des hommes considèrent que « le barbecue est une affaire d’hommes » (3). Un taux qui monte à 32 % chez les 25-34 ans.

Pour tenter de percer le mystérieux mais ancré « t’inquiètes, je gère le barbeuk », les sociologues s’y donnent à cœur joie : une fascination pour le feu – bien que les femmes en étaient les gardiennes –, un rapport viril à la viande, mais tous – ou presque – s’accordent à dire que le barbecue renvoie surtout à une répartition des rôles très genrée datant de la préhistoire

« Les hommes chassent le mammouth pendant que les femmes partent à la cueillette, vulgarise la professeure d’histoire Valérie Piette à la RTBF. Au-delà de ce rapport viril au feu, poursuit-elle, si les hommes monopolisent le barbecue, c’est surtout parce qu’ils se sentent investis d’un rôle de chef de tribu. Le barbecue est un repas festif et exceptionnel qui se passe à l’extérieur, au vu et au su de tous. Alors que les femmes sont généralement en charge de la cuisine répétitive et contraignante du quotidien qui se déroule plutôt à l’intérieur. »

Si l’on suit le raisonnement de Valérie Piette, le barbecue ne serait donc pas seulement un objet, mais aussi « un lieu de pouvoir ». Mais bonne nouvelle : les choses seraient déjà en train d’évoluer. C’est en tout cas ce qu’observe Jean-François Dupont, président de la Fédération française de Cuisine en Extérieur, qui organise tous les ans - depuis 2013 - le Championnat de France de Barbecue. Selon ce dernier, de plus en plus de femmes s’illustrent dans cette compétition adressée aux as de la cuisson. Parmi elles, l'unique team 100% féminine « Filles à Côtelettes ».

32 % des 25-34 ans

pensent « le barbecue est une affaire d’hommes »

3 Le barbecue : de la viande, quoi d’autre ?

Enfin, nombreux croient – à tort – que le barbecue se résume aux merguez, aux brochettes de poulet et autres ventrèches. Solène connaît la chanson. Végétarienne depuis maintenant trois ans, cette jeune étudiante a dû longtemps s’adapter. « Très souvent, le barbecue végé se finissait par un steak de soja à la poêle…, rit-elle un peu crispée. Récemment, j’ai fait un barbecue chez des amis. Ils avaient évidemment prévu de la viande, mais aussi des légumes super bien assaisonnés ! Je me souviens qu’ils m’aient dit : “C’est vrai qu’avant, on avait tendance à dire : ‘Juste des légumes, ce n’est pas un vrai barbecue !’” Voir des carnivores admettre que des alternatives existent et revenir sur leurs propres critiques, preuve que les choses évoluent. »

Les végétariens et vegans ne manquent pas d’idées pour varier les plaisirs. Pour le barbecue, les accompagnements deviennent souvent les plats principaux mais il est aussi possible de se procurer du fromage ou encore de la « viande » végétarienne telle que le tofu, le seitan ou le tempeh. Ce à quoi quelques cyniques répondront : « Oui, mais ça manque de goût… » Voilà pourquoi, il est fortement recommandé de les faire bien mariner avant de les griller. Il en va de même pour les clichés.

L'Essentiel de l'article
  • 62 % des Français possèdent un barbecue (au charbon, au gaz ou en plancha)
  • 32 % des 25-34 ans pensent « le barbecue est une affaire d’hommes »
  • De nombreuses options végétariennes existent pour profiter aussi du barbecue !

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