À partir de quand peut-on se considérer comme étant un jeune aidant ?
Est considéré comme jeune aidant toute personne de moins de 25 ans apportant une aide significative et régulière à un proche souffrant d’une maladie, d’un handicap ou d’une addiction. « C’est la définition officielle, celle qui revient dans les études, résume Rébecca Billy, coordinatrice de La Pause Brindille, l’une des principales associations dédiées à la cause des jeunes aidants en France. Pour préciser, ce sont des jeunes qui, de façon quotidienne, vont soutenir leurs proches en faisant le ménage, les courses, le repas, en apportant une aide dans les soins, un soutien moral, matériel, logistique ou financier. » Elle ajoute, toutefois, qu’au sein de cette structure basée à Lyon, on ne s’en tient pas à cette définition. « On accompagne tous les jeunes confrontés à la maladie, au handicap ou à l’addiction d’un proche, quel que soit le niveau d’aide qu’ils apportent. » Et de citer en exemple des enfants dont le frère ou la sœur aurait un handicap, et qui seraient confrontés à cette situation sans avoir les moyens d’aider. « Il est difficile pour eux d’avoir conscience des impacts que ça a sur eux et de se sentir légitime pour aller chercher de l’aide. Une définition trop restrictive, c’est les empêcher de le faire. »
Afin de répondre à cette question, JADE (Jeunes AiDants Ensemble), l’autre grande association consacrée aux jeunes aidants en France, propose de son côté un quiz. « Chaque aidant a un rôle différent et ne ressent pas forcément les choses de la même manière, explique Camille Vassort, responsable du développement et de la coordination de l’association. On a mis en place ce quiz au regard des difficultés que rencontrent les jeunes à s’identifier comme aidant. Cet outil est également utile aux professionnels confrontés à des situations de jeune aidance. »
Jeunes aidants : vers qui se tourner ?
En premier lieu vers ses proches, membres de sa famille ou amis, mais également des professionnels de santé et du social qui interviennent auprès de la personne aidée. Cela peut constituer une première étape, estime Camille Vassort de l’association JADE. « Les jeunes aidants parlent peu de leur situation familiale à leurs amis, à leurs professeurs et autour d’eux. Ils sont souvent en proie à des sentiments de honte, de culpabilité et d’ambivalence. Ils ont parfois du mal à se reconnaître comme tels et ont besoin d’être accompagnés dans cette prise de conscience. »
Les jeunes ou leurs parents peuvent également entrer en contact avec les associations JADE et La Pause Brindille. La première propose des ateliers et des séjours de répit un peu partout en France, afin de permettre aux jeunes de souffler et de couper avec leur quotidien, tandis que la seconde dispose d’un service d’écoute et organise un festival à Lyon, le Tribu Brindille. Les deux associations peuvent aussi rediriger les jeunes vers d’autres structures qui travaillent sur cette thématique de façon plus sectorisée, sur une pathologie, une tranche d’âge ou une situation particulière. Ainsi, le comité du Nord de la Ligue contre le cancer met en place un accompagnement psychologique à destination des jeunes confrontés au cancer d’un proche, tandis qu’à Reims, le Club Famille de l’association l’amitié offre des activités aux jeunes confrontés aux troubles psychiques d’un parent, d’un frère ou d’une sœur.
Quelles aides existent ?
D’un point de vue financier, pas grand-chose pour le moment. « Aujourd’hui, il n’existe pas d’aides ou de droits pour les aidants mineurs en France, rappelle Camille Vassort. S’agissant des jeunes adultes aidants, la législation est différente puisqu’étant majeurs, ils peuvent bénéficier des mêmes aides et droits que les aidants adultes. » D’autre part, les étudiants ayant un parent reconnu porteur de handicap à plus de 80 %, ont la possibilité de bénéficier de quatre points de bourse supplémentaires.
Au niveau scolaire, s’il n’existe pour l’heure officiellement aucun dispositif, « certains établissements peuvent parfois aménager les horaires d’un élève, précise Rébecca Billy. Ça peut se faire si le proviseur ou le CPE est sensible à sa situation ». Si cela reste encore maigre, les choses vont en s’améliorant, constate la coordinatrice de La Pause Brindille. « Depuis un an, on sent que le sujet des jeunes aidants émerge en France, il y a de plus en plus de financements, de plus en plus d’acteurs qui s’en emparent, qu’ils soient institutionnels ou privés. Le sujet est porteur. »
Aidant : Besoin de reconnaissance
Pour les concernés, se sentir reconnu constitue déjà un soutien non négligeable. « La première fois que j’ai entendu le mot “aidant”, que j’ai compris ce qu’il représentait, c’était en cours et j’avais 23 ans, raconte Romane, qui s’est ensuite rapprochée de JADE. C’est marrant comme un mot peut tout changer. Savoir que je ne suis pas seule, que de nombreuses personnes vivent la même chose que moi et sont donc probablement confrontées aux mêmes obstacles, problèmes ou doutes, ça fait du bien ! C’est libérateur, c’est rassurant et ça m’a motivée. Motivée à en parler plus et à mettre en valeur ce rôle, car il est magnifique. Je pense qu’il y a autant d’aidants qu’il y a de personnes malades. Nous sommes tous différents et pourtant si similaires. »
Besoin de soutien ?
Depuis plus de 15 ans, la Macif s’engage en faveur des aidants qui accompagnent un proche fragilisé par le handicap, la maladie ou la dépendance.