Comment lutter contre les aléas naturels ?

Selon l’Organisation des Nations Unies, le changement climatique est le principal responsable du doublement des risques naturels dans le monde ces 20 dernières années. Comment lutter et réagir face à ces événements climatiques ? Explications et conseils de Virginie Hilssone-Lévy, journaliste spécialisée en météorologie.

Temps de lecture : 6 min

à propos du contributeur

Virginie Hilssone-Lévy
Virginie Hilssone-Lévy

Journaliste spécialisée en météorologie

Qu'est-ce qu'un aléa naturel ?

Virginie Hilssone-Lévy : C’est un phénomène d'origine naturelle qui se développe dans un milieu tel que l’eau, le sol ou l’air. Il est plus ou moins prévisible et peut être brutal, potentiellement dangereux pour les humains et avec des impacts environnementaux parfois importants.

Quels sont les principaux risques naturels qui touchent la France ? Y en a-t-il des plus dangereux que les autres ?

V. H-L. : On compte 8 principaux types d’aléas naturels : les inondations, les séismes, les mouvements de terrain, les avalanches, les feux de forêt, les tempêtes, les cyclones et les éruptions volcaniques. Le risque d’inondation est le plus important en termes de personnes concernées et d’ampleur des dommages matériels causés. Mais les 8 aléas sont tous potentiellement dangereux, selon la force qu’ils vont avoir, selon leur étendue, on ne peut pas réellement les classer. Les orages par exemple sont un phénomène météo compliqué à prévoir car leur formation dépend de nombreux paramètres, les avalanches sont elles aussi difficiles à prédire et certains aléas en entraînent d’autres qu’on ne peut pas toujours pronostiquer.

Près de 17 millions de personnes

soit ¼ de la population française, sont exposées au risque d’inondation.

Quelles sont les régions les plus concernées ?

V. H-L. : Les régions du Sud-Est près de la Méditerranée sont davantage exposées aux inondations en automne, les tempêtes concernent plutôt les régions du Nord-Ouest comme la Bretagne ou la Normandie. Les incendies touchaient jusqu’alors principalement la région PACA et la Corse mais on a pu voir cette année que désormais, avec le réchauffement climatique et les sécheresses qui en découlent, les feux touchent également la moitié nord. Pour certains aléas naturels, on observe que l’urbanisation joue sur les conséquences de ceux-ci. Par exemple, en automne, un épisode de pluie continue peut faire déborder un cours d’eau qui pourrait être partiellement réabsorbé par les sols avoisinants, mais en ville, si les sols sont bétonnés, il n’y a pas d’évacuation possible de ces eaux, et les niveaux augmentent considérablement plus vite dans les rues, les sous-sols des habitations, etc.

Le réchauffement climatique est-il le seul responsable de l'augmentation de ces événements naturels ?

V. H-L. : Il y a plutôt un consensus scientifique sur le fait que les activités humaines entraînent le réchauffement climatique qui conduit à une augmentation du nombre et de l’intensité des aléas naturels. Ils ne seront pas tous plus nombreux mais ils seront plus graves. Par exemple, les scientifiques démontrent que pour chaque degré en plus dans l'atmosphère, cela provoquera 7% de pluie en plus. Donc tous les phénomènes associés, comme les ouragans ou les tempêtes, seront plus intenses. Il est important que tout le monde connaisse son niveau d’exposition à ces risques et les bons gestes pour en atténuer les conséquences.

Comment expliquer de manière simple et non anxiogène le réchauffement climatique et ses conséquences à ses enfants ?

V. H-L. : On peut faire un dessin avec une planète et plusieurs autres éléments comme des voitures, des usines, le soleil. On explique alors que les principaux éléments pollueurs rejettent du CO2, un gaz qui retient l’énergie du soleil et qui le transforme en chaleur. Que plus il y a de ce gaz dans l’atmosphère, plus ça réchauffe les sols et les océans et que cela a des conséquences directes sur l'environnement, par exemple des plantes qui ne peuvent plus pousser aux mêmes endroits, des animaux qui doivent se déplacer pour retrouver leur nourriture habituelle etc. Le traitement anxiogène type fin du monde n’est pas nécessaire, il vaut mieux dire qu’il y a effectivement un problème mais que nous faisons partie de la solution. Il est essentiel de leur expliquer qu’il faut revoir notre manière de vivre pour éviter ces conséquences.

Justement, comment chacun peut lutter le réchauffement climatique ? Quel type d'écogestes bas carbone peut-on faire ?

V. H-L. : C’est en comptant à l’échelle collective qu’il y a un impact global. On est de plus en plus nombreux à prendre conscience des enjeux, et cette conscience écologique peut créer un effet de pression aux changements, notamment envers les politiques. À titre individuel, il ne faut surtout pas se dire “Si les autres n’agissent pas, ça sert à rien que moi je le fasse” car sinon c’est un cercle contreproductif qui se met en place plutôt qu’un principe d’influence positive. C’est essentiel de se dire que des petits gestes peuvent avoir un grand impact, ça ne stoppera pas le réchauffement mais ça peut aider à ce que les conséquences soient moins catastrophiques. Il y a 5 actions clés à mettre en place : le choix de son mode de transport (opter pour les moins polluants lorsque c’est possible), manger moins de viande (pour limiter les activités à émissions de gaz à effet de serre), réduire ses déchets alimentaires (le traitement des ordures polluent énormément), limiter sa pollution numérique (regarder ses séries en wifi plutôt qu’en 4G) et réduire sa consommation d'électricité (éteindre plutôt que de mettre en veille). L’idée principale, c’est de ne pas toujours être dans la contrainte et que ces gestes deviennent des réflexes.

Article suivant