En quinze ans d’existence, le service civique a connu une popularité croissante. Rien qu’en 2024, 150 000 jeunes ont rejoint à ce titre de nombreuses structures – associations, collectivités ou entreprises – durant 6 à 12 mois. Si certaines de ces « missions » s’effectuent en ville, il est également possible de sillonner la France rurale en travaillant pour des organismes locaux à faire vivre des initiatives dans les villages. C’est d’ailleurs la mission que s’est donnée InSite, une association ayant noué des partenariats avec des collectivités pour proposer à des jeunes entre 18 et 30 ans un « volontariat rural » sous la forme d’un service civique.
« Un engagement mutuel qui permet de créer du lien »
L’objectif ? Faire vivre des « initiatives culturelles, sociales et environnementales » pour « créer du lien social avec l’ensemble des habitants et mettre en pratique un art de vivre ensemble, respectueux du vivant ». Les missions proposées par InSite sont construites avec les acteurs locaux pour identifier les besoins du territoire. Après avoir lancé son action en Occitanie en 2019, InSite a étendu son offre dans plusieurs régions et entend apporter aux communes l’aide dont elles ont besoin, tout en faisant découvrir des « initiatives rurales porteuses de sens » aux jeunes. Ceux-ci peuvent ainsi participer au lancement et à l’animation d’un tiers-lieu à Argiusta-Moriccio (Corse), animer des activités participatives sur la biodiversité à Aube (Moselle), ou encore participer à la valorisation du patrimoine dans la vallée des peintres à Cuzion et Saint-Plantaire (Indre), tout en étant logés sur place.
Plusieurs organismes pour faire du volontariat
InSite n’est pas la seule association à mettre l’accent sur la vitalité des territoires ruraux. C’est également le cas de Familles rurales, qui, entre autres activités, envoie chaque année 150 jeunes en service civique rural sur le territoire français. « Nous proposons des missions allant de l’accueil périscolaire à la lutte contre l’isolement des personnes âgées, en passant par la création et l’animation d’espaces de vie sociale pour les familles », détaille Vincent Clivio, directeur du développement de la vie associative chez Familles rurales. Le responsable souligne que, dans la globalité, « les structures locales ont une évaluation positive » de ces expériences. Faire participer des jeunes à ces initiatives permet de « bousculer les choses établies, d’apporter une perspective nouvelle ». Pour ces derniers, « c’est un engagement mutuel qui permet de créer du lien et de désinhiber des jeunes qui n’ont pas confiance en eux en leur proposant une mission qui a une utilité sociale forte ».
Une expérience bénéfique
De fait, les retours des jeunes sont souvent très satisfaisants, « même pour ceux qui sont en échec, car on n’attend pas d’eux une réussite de type scolaire, mais une capacité à créer du lien ». Emma a ainsi effectué une mission à la Fédération de l’Aveyron de Familles rurales il y a quelques années, durant laquelle elle a aidé les associations locales à créer et à utiliser des sites Internet et à se développer sur les réseaux sociaux. Une expérience bénéfique, qui a permis à la jeune femme de « faire une pause » avant d’avoir à se décider sur la direction qu’allaient prendre ses études et de « se recentrer sur (elle)-même » pour « découvrir une autre voie » possible.
De son côté, Julien a réalisé un service civique à Jarville-la-Malgrange (Meurthe-et-Moselle) en 2021. Son objectif : « Réaliser des vidéos de promotion du bénévolat et les offrir à des associations pour les aider à donner envie ». Âgé de 19 ans à l’époque, le jeune homme a également contribué à la « mise à disposition de tablettes numériques pour les personnes âgées isolées ». Une initiative essentielle au moment où le Covid-19 limitait les possibilités d’interaction sociale et où il était « très important de garder le contact ».
« Se rendre utile et développer le sens du contact »
En 2021 encore, Roxane a passé plusieurs mois dans le Maine-et-Loire pour aider à construire des projets d’activités pour séniors. Un moyen, selon elle, de se « recentrer sur des valeurs qui sont miennes : la bienveillance, l’entraide, le respect » et qu’elle a trouvées dans ces missions, mais aussi « de se rendre utile et développer le sens du contact », tout en ayant l’opportunité de « redéfinir » son projet professionnel.
Des expériences enrichissantes, pour les territoires comme pour les jeunes qui s’y engagent. Pourtant, à l'été 2025, le service civique est victime, comme nombre d’autres secteurs, des coupes budgétaires destinées à redresser les finances publiques. « On nous demande de diminuer de 18 % le nombre de nos missions », révèle Vincent Clivio, qui s’inquiète de « la perte du lien social » qui pourrait ainsi être engendrée.