Trois chiens, un chat, un paon, un bouc nain, trois chèvres, un cochon nain, un cochon vietnamien, une ânesse, des lapins, des poules, un lapin nain… Bienvenue dans la ferme thérapeutique de Cendrine Funel, où de nombreuses familles et personnes fragiles viennent passer du bon temps ! C’est à une trentaine de kilomètres de Lyon, à Mornant plus exactement, que cette zoothérapeute a installé son petit paradis animalier pour aider au mieux ceux qui en ont besoin. Car après avoir été infirmière une bonne partie de sa vie, cette quinquagénaire a décidé de faire de sa passion son métier, dans une perspective de soins ou d’accompagnement.
Une chèvre en laisse, des poussins en liesse
« Écoute, mémoire, concentration, développement et maintien des fonctions cognitives, estime de soi, socialisation, contacts, échanges, acceptation des différences, équilibre, mobilité… Les animaux offrent des bénéfices incommensurables à l’être humain, c’est indéniable », explique Cendrine qui a été formée à l’Institut de Zoothérapie International, qui dispose également d’une certification d’entraîneur canin et qui propose depuis cinq ans des séances de médiation animale régulières à diverses structures en tant qu’autoentrepreneuse. Déjà très utilisée dans certains pays comme le Canada et de plus en plus en France, la zoothérapie englobe toutes les interventions assistées par l’animal lors de sessions individuelles ou collectives encadrées par un spécialiste de la médiation animale.
L’homme en souffrance à tant de choses à gagner, au contact des bêtes.
Cendrine Funel, zoothérapeuthe
En Ehpad (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), à l’hôpital ou en clinique (surtout pour les soins palliatifs), dans les prisons, pour les associations de personnes handicapées (notamment les enfants), etc. Toutes ces structures hébergeant des personnes en difficulté peuvent bénéficier des apports des animaux, des plus petits au plus imposants, sans oublier les oiseaux. « En général, c’est plutôt la personne bénéficiant de la séance qui sélectionne les animaux qui vont l’accompagner en choisissant ceux avec qui elle se sent bien, explique Cendrine. J’ai beaucoup d’animaux et je peux proposer des races variées. Cohésion du groupe et respect des consignes avec les jeunes, temps de relaxation en se couchant dans le foin avec les lapins… En ce moment, j’ai des poussins à la ferme : c’est extraordinaire comme ils captent l’attention ! Pour les patients qui ont une mobilité réduite, c’est moi qui me déplace. Parfois, je me rends dans des structures avec ma chèvre à qui j’ai appris la marche en laisse ! Mes animaux jouent à leur manière le rôle de psychologues auprès des patients, qui parlent volontiers avec eux. Chacun y trouve son compte. »
Des animaux pour retrouver son autonomie
Cécile, éducatrice spécialisée depuis sept ans, raconte comment cela se passe : « Pour nos jeunes âgés de 17 à 25 ans qui ont des troubles du spectre autistique, nous travaillons depuis trois ans avec une zoothérapeute. Tous les mercredis après-midi, nous avons une séance d’une heure de 16h30 à 17h30 pour deux groupes (un de six et un de sept). Elle se passe en trois temps. Premier temps : le temps d’accueil des chiens, avec caresse et brossage à tour de rôle. Deuxième temps : une balade autour de l’établissement d’une vingtaine de minutes avec les bergers allemands, chacun prenant la laisse et participant à du lancer de balle. Puis, au retour, le troisième temps : on discute, on verbalise et on raccompagne les chiens au véhicule. Pendant la séance, on s’aperçoit que certaines personnes se calment et parviennent à se poser avec l’animal, même sans être en contact direct avec lui. Généralement, on voit que ça détend les personnes. Mais la régularité a une importance capitale, c’est primordial qu’il y ait une constance. L’évolution et la progression prennent du temps. »
Des bénéfices visibles
Cécile explique comment sont appréciés les bénéfices de ces séances : « On remplit une fiche d’évaluation par résident à la fin de chaque séance avec les objectifs atteints ou non et une échelle de cotation. Tenir la laisse, nourrir l’animal, prendre soin de lui, oser les caresses, est-ce qu’il le fait seul, est-ce qu’il a eu besoin d’une présence physique, est-ce qu’il y a au contraire eu des problèmes… Ça nous permet d’évaluer où en est le patient, et sur quoi on doit encore travailler. Dans un premier temps, on a des objectifs généraux : capter l’attention de la personne ou de l’animal, demander de l’aide, savoir s’adapter face aux différentes situations, accomplir une tâche demandée pendant un temps requis… Après, on affine au cas par cas : chercher l’acceptation de l’animal près de soi, proposer un cadre relationnel et sécurisant avec l’animal, favoriser la communication et la concentration sur une tâche… Certains ont, au niveau sensoriel, une hypo ou une hypersensibilité. Au toucher, par exemple. Donc on les accompagne, avec la dynamique de groupe, dans leur tolérance aux poils du chien. Au début, c’est compliqué. Puis, avec la confiance et le temps, ils parviennent à tenir la laisse seuls. Nous avons l’exemple d’un jeune qui a vraiment bien évolué. Lorsqu’on va à la ferme pédagogique en fin d’année avec chaque groupe, il apprécie énormément. La présence du moindre animal le met en joie. Il est devenu serein. Ces séances ont en remplacé le traitement préventif qu’il prenait pour les troubles du comportement. »
Un discours qui n’étonne pas Pauline Mayel, ex-infirmière elle aussi, qui exerce également à son compte dans le Rhône à Irigny. « La médiation animale permet de créer du lien, de s’éveiller et de progresser, amorce l’experte trentenaire. Il s’agit d’un soin alternatif non médicamenteux que l’on pratique à l’aide d’animaux familiers consciencieusement sélectionnés et éduqués dans l’environnement immédiat des personnes. Les objectifs principaux ? Favoriser la relation et les échanges avec autrui, mais aussi éveiller des réactions visant à maintenir ou à améliorer le potentiel global (à savoir cognitif, physique et psychosocial ou encore affectif). »
La zoothérapie, pas du pipi de chat !
Pour Pauline, ses compagnons de route qui la suivent non-stop dans son quotidien sont une grosse trentaine : vingt cochons d’Inde, quatre poules naines, six lapins de race différente, une lapine naine et une chienne. « Avant même que je ne devienne zoothérapeute, j’avais déjà observé les bénéfices de l’animal au contact de l’être humain. Pour moi, mais aussi pour mes proches. Quand je rentrais de mon travail au bloc opératoire des urgences, où je voyais des choses très difficiles et où il y avait beaucoup de pression ainsi que de souffrance humaine, me connecter avec mes petits protégés me faisait énormément de bien. Passer des moments simples, comme les caresser ou leur donner à manger, me détendait énormément, précise celle qui est zoothérapeute depuis un an. En soins palliatifs, j’ai parfois vécu des moments de grâce lorsque mon chien montait sur le lit de personnes qui allaient bientôt partir et qui profitaient d’un instant de répit. Le moment est beau et les malades le ressentent, ça ne s’explique pas. Dans certains Ehpad, des patients victimes de pathologies neurodégénératives assez poussées et qui ne s’expriment plus sont tout à coup super présents pendant la séance avec les animaux. Ils se remettent à parler, ils sont contents… Ils sont réveillés, ils sont là ! On sent que quelque chose se passe, indiscutablement. »
« Ça me fait un bien fou, je vais bien dormir ce soir. Vous savez, rien que le contact avec la fourrure me fait du bien. L’importance du toucher… Ça me manque, les animaux. »
Mme C., 95 ans
Qui plus est, la médiation animale est accessible aux populations isolées. En témoignent l'expérience de Mme C., 95 ans qui vit seule chez elle et sans famille, une aide à domicile ou des IDE pour seules visites, comme le rapportte Pauline Mayel : « La zoothérapie lui apporte beaucoup de joie chaque mois. Elle s’installe dans son fauteuil en position inclinée avec Pepito le cochon d’Inde sur sa poitrine, ils discutent et parfois piquent une sieste ensemble… Elle prépare toujours une carotte en prévision de sa visite. » La zoothérapie, une approche au poil !
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- La zoothérapie est un soin alternatif et complémentaire au parcours médical classique
- Chien, chat, chèvre, lapin, cheval, poule, cochon : de nombreuses espèces peuvent aider à retrouver une autonomie ou une sérénité
- Les zoothérapeuthes interviennent dans des structures telles que les Ephad, les hôpitaux, les associations de personnes handicapées, les prisons...