Les signes qui doivent alerter
La découverte d’une masse dure, semblable à un petit caillou, sur l’un des testicules, l’augmentation ou la régression de volume d’une des bourses, sont les signes les plus souvent constatés, mais globalement, tout changement d’un aspect du testicule doit amener à consulter. « Dès l’instant où il y a une anomalie testiculaire, il faut vraiment consulter sans attendre, insiste l’oncologue Natacha Naoun. Un diagnostic précoce est très important, parce qu’il augmente les chances de guérison et diminue l’intensité des traitements nécessaires. »
Pour détecter une éventuelle anomalie, la méthode est simple : l’autopalpation. Idéalement, après une douche chaude, tâter ses testicules au moins une fois par mois. « La difficulté avec le cancer du testicule, c’est que souvent la tumeur testiculaire n’est pas forcément douloureuse au premier abord. Donc les jeunes hommes vont palper et se dire qu’ils ne sentent rien, que ça ne les gêne pas, ce qui va provoquer des retards de diagnostic. » En cas de doute, ne pas hésiter à se tourner vers son médecin traitant ou un urologue, qui prescrira une échographie testiculaire et une prise de sang. « Deux examens extrêmement simples et accessibles à faire », souligne l’oncologue.
Quels sont les facteurs de risque ?
L’âge : un cancer qui touche principalement les jeunes
Loin d’être le cancer le plus fréquent chez l’homme, puisque représentant environ 2700 cas par an en France, soit 1 à 2 % des cas de cancer, le cancer du testicule est en revanche le plus répandu entre 15 et 45 ans. « C’est le premier cancer du jeune homme, de loin, indique Natacha Naoun, oncologue spécialiste de ce cancer. C’est vraiment lié à l’âge, même si on a des cas tardifs jusqu’à 60 ans. »
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La cryptorchidie
Le fait d’avoir eu un retard ou une anomalie de descente d’un ou des deux testicules à la naissance. C’est l’un des facteurs les plus connus et favorisants.
Les antécédents familiaux
Un père, un frère ou un oncle ayant eu ce cancer doit susciter une vigilance particulière. « Ce n’est pas lié à un gène en particulier, mais le contexte familial est très important », signale Natacha Naoun.
D’autres facteurs de risque sont à l’étude
Parmi ceux-ci, les perturbateurs endocriniens, qui peuvent être contenus dans les pesticides, les plastiques ou les produits de beauté, une consommation importante et régulière de cannabis, une baisse anormale de la fertilité appelée hypofertilité, ainsi qu’une atrophie testiculaire, c’est-à-dire un testicule qui n’a pas atteint sa taille normale ou a régressé.
Quel traitement pour le cancer des testicules ?
L’orchidectomie
Terme désignant l’ablation du testicule malade. Difficile d’y couper, même si dans quelques rares cas, il peut y avoir une ablation partielle. « Si la tumeur est de petite taille, précise Pierre-Emmanuel Bryckaert, chirurgien-urologue. Mais dans 95 % des cas, la chirurgie première consiste à effectuer une ablation. » Totale ou partielle, une opération qui peut suffire à traiter le cancer.
La chimiothérapie
Si la maladie est avancée et qu’il y a des métastases, une chimiothérapie, à base d’un ou plusieurs médicaments anticancéreux, est nécessaire. La chimiothérapie peut aussi être proposée à titre préventif. « Même sans localisation secondaire, on peut être amené à proposer des chimiothérapies dites adjuvantes, après la chirurgie, qui vont diminuer le risque métastatique », explique Pierre-Emmanuel Bryckaert.
La radiothérapie
Un traitement aux rayons X est possible dans certains sous-types de tumeur, les séminomes purs de stade 2. « Ce qui n’est pas forcément un traitement moins lourd », ajoute le chirurgien-urologue.
Le curage ganglionnaire
Opération chirurgicale qui intervient éventuellement dans un troisième temps, après la chimiothérapie ou la radiothérapie, permettant de retirer les cellules cancéreuses qui se sont se propagées jusqu’aux ganglions lymphatiques. Un cancer qui se traite bien : le taux de survie à 5 ans est de 98 % pour les patients âgés de 20 ans et 94 % pour ceux de 60 ans.
Quelles conséquences ?
Une vie sexuelle normale
Avant l’ablation, par précaution, une préservation de sperme est réalisée, « mais la plupart des malades n’en auront pas besoin après, assure Pierre-Emmanuel Bryckaert. On peut reprendre une vie normale. L’autre testicule peut tout à fait assurer la fertilité. »
D’éventuels troubles psychologiques
Après traitement, c’est un cancer qui ne laisse quasiment pas de séquelles, si ce n’est psychologiques. « Beaucoup de jeunes sont en détresse psychologique lorsqu’ils apprennent qu’ils ont ce cancer, indique Olivier Jérôme, président de CerHom, une association dédiée au sujet qui propose notamment un centre d’écoute. Ils ne comprennent pas pourquoi ça leur tombe dessus. Maintenant, ce qui est bien, c’est que certains n’hésitent pas à en parler autour d’eux, c’était un sujet tabou jusqu’à peu. »
Un cancer encore trop méconnu
Si chaque année, en novembre, les campagnes de l’association Movember permettent de parler de ce cancer, sa prise en considération reste insuffisante, constatent les professionnels de santé. « On voit des malades qui ne sont pas du tout au courant de son existence », déplore Natacha Naoun, qui regrette par ailleurs que la fin du service militaire obligatoire ait entraîné la fin des visites médicales avec palpation testiculaire systématique. « C’est avant tout un problème d’information, pointe Olivier Jérôme, qui milite pour des campagnes de santé publique de plus grande envergure sur le sujet. Vous avez quelque chose de bizarre sur votre testicule, consultez votre médecin ! C’est l’un des cancers qui se soigne le mieux, l’autopalpation suffit à le détecter. Cependant, il faut en avoir entendu parler. »
Consultations médecin généraliste, gynécologue, urologue
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