Quand les médecines douces soulagent les malades du cancer

La méfiance à l’égard des médecines douces commencerait-elle à se dissiper ? Si leurs pratiques ont longtemps divisé l’opinion, elles font désormais leur entrée dans les hôpitaux. Elles interviennent en complémentarité de la médecine allopathique dans le traitement de certaines pathologies.

Temps de lecture : 7 min

à propos du contributeur

Carole Venturi

Cadre de santé

Toulouse

Acupuncture, phytothérapie, chiropraxie, massage, yoga, sophrologie… Si elles ne remplacent pas les traitements conventionnels, ces disciplines, dites douces, peuvent intervenir en complémentarité afin d’atténuer certains symptômes d’une maladie, calmer des douleurs ou apaiser des angoisses. À l’Institut universitaire du cancer de Toulouse, les patients du service hématologie (1) peuvent y avoir recours, selon leur pathologie. Carole Venturi, cadre de santé dans cet hôpital, explique comment ces soins parallèles sont utilisés dans le cadre d’un traitement contre le cancer.

1 Qu’entend-on par médecines douces ?

Carole Venturi : Les médecines douces peuvent être définies comme des pratiques complémentaires ne nécessitant pas l’utilisation de médicaments actifs. Sont considérés comme tels le massage, la relaxation, la chiropraxie, l’ostéopathie, la sophrologie, la naturopathie, l’aromathérapie mais aussi le yoga. Ces disciplines ont pour point commun de ne pas s’inscrire dans un traitement classique et de ne recourir à aucun soin ni aucun médicament chimique.

L’ostéopathie, qu’est-ce que c’est ?

L’ostéopathie est une pratique thérapeutique exclusivement manuelle basée sur des techniques de manipulation vertébrale et/ou musculaire. Par des mouvements de torsion, d’élongation et par des pressions effectuées en divers endroits du corps, elle permet de lever les blocages articulaires. Pour redonner leur mobilité aux zones affectées, cette médecine douce aborde le corps dans son ensemble. L’ostéopathie est ainsi particulièrement recommandée pour traiter les maux dont la cause est inconnue. Parmi ces derniers : les douleurs articulaires, vertébrales ou costales, les tendinites mais aussi les maux de tête, les migraines et les vertiges, entre autres. Elle est pratiquée dans certains hôpitaux pour soulager les patients et peut être parfois intégrée au forfait hospitalier.

2 Que pensez-vous de la méfiance de certains patients et professionnels de santé à l'égard de ces pratiques non conventionnelles ?

Carole Venturi : Je pense qu’il faudra encore quelques années et de nombreuses études pour que les effets des médecines douces soient incontestables mais aussi pour que les doutes et les idées reçues qui leur sont associées se dissipent. Mais de plus en plus d’études et de recherches vont dans ce sens, ce qui est plutôt positif. Par exemple, les bénéfices de l’aromathérapie sont aujourd’hui unanimement reconnus. Son action sur le relâchement des muscles et la réduction des inflammations n’est plus à prouver.

3 Dans quelles situations avez-vous recours aux médecines douces ?

Carole Venturi : Dans le domaine qui est le mien, l’hématologie (1), les médecines douces sont utilisées pour soulager les malades, alléger certains de leurs symptômes, atténuer la douleur ou encore détendre les muscles. Généralement, ce sont les patients eux-mêmes qui font le souhait d’en bénéficier soit parce qu’ils ont entendu parler de leurs bienfaits, soit parce qu’ils en sont adeptes depuis plusieurs années. Il faut cependant être prudent car certaines disciplines peuvent ne pas être compatibles avec certains traitements. Je pense notamment à l’aromathérapie qui peut donner lieu à des effets secondaires indésirables si elle est associée à certaines substances médicamenteuses. Communiquer et demander l’avis de son médecin traitant ou de l’équipe médicale est donc indispensable avant de se tourner vers ces médecines. Mais pas d’inquiétude : les professionnels de santé posent généralement suffisamment de questions pour détecter un éventuel recours à ces soins et adapter les traitements, le cas échéant.

L’acupuncture : une médecine douce aux multiples bienfaits

Issue du latin acus et punctura (signifiant respectivement aiguille et piqûre), l’acupuncture est l’une des branches de la médecine chinoise traditionnelle. Elle vise à rééquilibrer les énergies du corps en implantant de petites aiguilles en des points très précis (les méridiens). L’acupuncture se révèle particulièrement efficace pour :

  • soulager les maux de tête et les douleurs (menstruelles, dentaires, articulaires, etc.) ;
  • traiter les troubles du sommeil et/ou alimentaires, l’hypertension et les états dépressifs ;
  • soulager les nausées et les vomissements liés à la grossesse, par exemple ;
  • mais aussi dans le cadre d’un sevrage tabagique.

Elle est utilisée dans certains hôpitaux en France, notamment dans des Centres de la douleur.

4 Comment les patients accueillent-ils l'utilisation de médecines douces en milieu hospitalier ?

Carole Venturi : À l’Institut universitaire du cancer de Toulouse, nous nous appuyons régulièrement sur certaines médecines douces depuis bientôt cinq ans. Pour nous, elles constituent des « soins support » et c’est ainsi que nous les présentons aux patients dès leur arrivée et selon leur problématique. Nous leur laissons ensuite le choix d’y avoir recours. Certains testent et y adhèrent, d’autres non. Dans tous les cas, notre démarche a toujours été très bien accueillie. Et pour cause, les pathologies que nous traitons nécessitent des traitements chimiques lourds pour être soignées. Dans ce cadre, l’aromathérapie et la médecine chinoise par exemple vont être très bénéfiques pour apaiser les symptômes ou les effets secondaires des traitements médicamenteux.

Dans le service dans lequel j’officie, qui traite les leucémies aiguës et les lymphomes, nous avons surtout recours aux massages, à la relaxation et à la sophrologie pour atténuer les symptômes de la maladie. Mais cela passe aussi par des conseils et des exercices visant à faire baisser le taux d’anxiété ou de stress, et à réduire les nausées et les vomissements. Ces soins font désormais partie intégrante du quotidien du service et devraient, selon moi, être reconnus comme une médecine complémentaire à part entière.

Zoom sur la chiropraxie

Technique thérapeutique manuelle visant à soigner différentes affections par manipulations des vertèbres : telle est la définition de la chiropraxie. Concrètement, cette discipline repose sur la prévention, le diagnostic et le traitement des subluxations* de l’appareil neuro-musculo-squelettique, et ce, grâce à des manipulations effectuées au niveau des muscles, des articulations et des vertèbres. La chiropraxie permet de traiter les douleurs liées aux vertèbres et à la colonne vertébrale telle que les scolioses, celles liées aux cervicales (migraines, troubles articulaires et mandibulaires, etc.) mais aussi l’arthrose. Certains hôpitaux proposent à leurs patients un traitement chiropratique pour contribuer à corriger des dysfonctionnements mécaniques.

Le saviez-vous ?

Le contrat Santé de la Macif rembourse certaines médecines douces : vos séances d’ostéopathie, d'acupuncture, de diététique, de pédicurie et podologie, de chiropraxie, d’homéopathie et d’étiopathie sont prises en charge.**

L'Essentiel de l'article
  • Les médecines dites douces ne nécessitent ni soin ni médicament chimique.
  • Dans le cadre d’un traitement, le recours aux médecines douces est soumis à l’accord de l’équipe médicale.
  • Les soins alternatifs comme la sophrologie peuvent intervenir à toutes les étapes de la maladie.

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