Se retrouver en famille
En semaine, à cause de ses contraintes professionnelles, Charles n’a pas toujours l’opportunité de manger avec ses quatre enfants, âgés respectivement de 13 ans, 11 ans, 5 ans et 18 mois. Le week-end, en revanche, il y tient, le rituel est immuable : non seulement il déjeune et dîne avec eux, mais surtout, il cuisine avec eux. « C’est vraiment un moment où on se retrouve en famille, résume-t-il. On détermine les menus du week-end, qui a envie de manger quoi, et on s’organise autour de ça. On fait souvent des choses simples. Ce qui compte, c’est de partager cette activité ensemble, de les impliquer. » Et tout le monde l’est, à son échelle : des plus grands, qui commencent à devenir autonomes sur certaines recettes, voire à essayer d’en inventer, au cadet qui coupe les légumes, jusqu’au plus petit qui observe tout ce manège les yeux grands ouverts. « C’est une transmission de valeurs sur le goût, mais aussi sur le partage, ajoute leur père. Parce que cuisiner, c’est partager. » À en croire, la multiplication depuis une dizaine d’années des ouvrages de recettes de cuisine à réaliser avec des enfants, Charles est loin d’être un cas à part. Une tendance que Delphine Cudel, ingénieur nutritionniste et diététicienne, voit d’un très bon œil. « Cuisiner avec son enfant, c’est un conseil que je donne aux parents qui ont des difficultés à le faire manger. Déjà, parce que c’est un moment d’interaction et de convivialité, mais aussi parce que l’expérientiel au niveau de l’alimentation, c’est vraiment intéressant. Connaître ce qu’on mange, ça aide à avoir moins de réticences. »
Des vertus éducatives
Pour Géraldine, mère de deux enfants âgés de 7 ans et 5 ans, le moment du repas n’est jamais une source de conflit. Certainement, comme elle l’explique, car elle fait participer ses enfants à la préparation. « C’est quelque chose qui me paraît assez logique d’un point de vue éducatif : si on impose quelque chose à un enfant sans explication, il ne va pas comprendre, et potentiellement se braquer. » Dès qu’elle le peut, elle les emmène faire les courses, choisir les aliments à cuisiner, et, une fois à la maison, leur délègue des petites tâches : couper des légumes, mélanger la pâte d’un gâteau, saupoudrer les pâtes d’herbes aromatiques. « Si on lui fait sentir les herbes aromatiques, qu’on lui explique que ça donne du goût, ça change la façon dont il va percevoir le fait qu’il y ait du vert dans ses pâtes. Et si c’est lui qui l’a mis, il va forcément être plus content d’en manger. C’est une façon d’éduquer leur palais, mais ça les amuse beaucoup. On leur a acheté des petits tabliers. Ils sont tout fiers de cuisiner ! » Une façon également de responsabiliser ses enfants et de faire travailler leur motricité fine. Par exemple, lorsqu’ils font un gâteau. « Casser un œuf, couper le beurre, verser le lait, faire attention à ne pas mettre de la farine partout, les éduquer à nettoyer le plan de travail, c’est également un aspect intéressant de la cuisine », note Charles.
À quel âge commencer ?
On peut commencer à sensibiliser les enfants à la cuisine dès le plus jeune âge, indique Delphine Cudel. « Il y a d’abord ce qu’on appelle la diversification alimentaire, qui va commencer entre 4 et 6 mois, et jusqu’à 1 an, pendant laquelle l’enfant a une curiosité vraiment importante et où l’on va pouvoir introduire un maximum d’aliments différents. » Si l’enfant est alors trop jeune pour s’initier à la cuisine, on peut en revanche le laisser observer. « Qu’il soit à côté lorsqu’on prépare sa purée, par exemple, voir que la purée ne sort pas que d’un petit pot et qu’il y a différents éléments qui vont la composer, qu’il puisse toucher les aliments, les nommer. Dans la cuisine, on stimule plusieurs sens, le goût, bien évidemment, mais aussi le visuel, l’odorat, le toucher. Cuisiner fait partie intégrante de l’éveil des sens. » Vient ensuite l’étape de la néophobie alimentaire. « À partir de 18 mois ou 2 ans, ça dépend du développement de chacun, l’enfant va avoir un rejet plus ou moins marqué de certains aliments, explique la diététicienne, et de manière générale, sa préférence va aller vers les aliments les plus énergétiques, qui contiennent du gras et du sucre, avec un éloignement des légumes qui peuvent avoir une certaine amertume. C’est une phase normale, pendant laquelle l’enfant prend conscience de ce qu’il mange. C’est donc une période intéressante pour faire l’apprentissage de l’alimentation. » Couper des fruits et des légumes, faire participer l’enfant à la préparation de gâteaux assez simples à réaliser, comme une tarte aux pommes ou un gâteau au yaourt, constitue souvent la meilleure porte d’entrée vers la cuisine, avant de s’atteler à des plats un peu plus élaborés. « Il faut surtout garder en tête qu’un enfant ne mange pas pour sa santé, mais son plaisir », rappelle Delphine Cudel. D’où l’importance que ce soit bon, et ludique.
Quelques idées de recettes à faire avec ses enfants :
Croques-chou. Des légumes sous une forme attractive. De nombreuses tâches peuvent être confiées à l’enfant en fonction de son âge : peser, mélanger, former les croques…
Tartines sucrées-salées. Éveiller au mélange de saveurs et de textures avec toute une palette de crudités, fromages à tartiner, fruits secs...
Gâteau au yaourt aux fruits. Recette de goûter sain incontournable, qui ne nécessite pas de balance et que l’on peut faire avec des fruits de saison.
D’autres recettes sont à trouver sur le site Manger Bouger.