Dépendance : les associations au secours des aidants en détresse

En France, 11 millions de personnes accompagnent un proche en perte d’autonomie. Un rôle épuisant qui peut menacer la santé de ces « aidants ». Des associations sont là pour leur apporter le soutien dont ils ont besoin, comme l’explique Alice Steenhouwer, de l’association Avec nos proches.

Temps de lecture : 6 min

à propos du contributeur

Alice Steenhouwer
Alice Steenhouwer

Directrice de l'association Avec nos proches

1 Qui sont les aidants en France ?

Alice Steenhouwer. Il y a en France 11 millions d’aidants, en clair, cela représente 1 Français sur 5... Ils apportent une aide régulière à un proche fragilisé par la maladie, le handicap ou le vieillissement, pour les actes de la vie quotidienne : les courses, le lever et le coucher, les repas, la toilette et l’habillage, la coordination des soins… Et aussi tout simplement l’écoute et l’accompagnement psychologique. 58 % des aidants sont des femmes et 75 % ont moins de 65 ans, ce sont donc souvent des personnes qui sont encore en âge de travailler. D’ailleurs plus d’un sur deux est actif.

75%
des aidants ont moins de 65 ans.*

2 À quelles difficultés doivent-ils faire face ?

A. S. L’aide à la personne dépendante peut aller de quelques heures par semaine à une assistance 24 h/24 dans les cas de perte d’autonomie totale. Tous sont très exposés à la fatigue et à l’isolement, d’autant que 39 % des aidants sont seul(e)s à prendre soin de leur proche, sans relais au sein de leur entourage. Les principales difficultés rencontrées sont en effet le manque de temps et l’épuisement, mais aussi, dans une moindre mesure, la complexité des démarches administratives, la difficulté à gérer les situations d’urgence, et le manque de soutien moral. La rupture de carrière est fréquente pour les aidants actifs, ce qui entraîne l’isolement social et bien sûr la précarité financière. Parce qu’en plus de la charge affective, physique et mentale, la dépendance a également un coût avec un reste à charge parfois important pour les familles.

Il est vital d’accompagner les aidants le plus en amont possible pour prévenir le risque de burn-out.

3 Quels rôles peuvent jouer les associations pour soutenir les aidants ?

A. S. Il est vital d’accompagner les aidants le plus en amont possible pour prévenir le risque de burn-out. Notre association est là pour offrir une première écoute facile d’accès, et l’information dont ils ont besoin. Les bénévoles écoutants qui animent la ligne sont tous des anciens aidants. Ils connaissent donc parfaitement les difficultés rencontrées par les personnes qui nous appellent. Notre objectif, c’est d’encourager les aidants à prendre le temps d’aller à la rencontre des professionnels de terrain qui pourront leur proposer une aide concrète, afin d’éviter les situations critiques.

Nos bénévoles connaissent les solutions existantes au niveau national, mais aussi celles de leur territoire, sachant qu’il y a de grandes disparités d’un département à l’autre... Nous les orientons vers les dispositifs qui conviennent le mieux à leurs besoins : services publics, professionnels du sanitaire et médico-social, et bien sûr les associations spécialisées : les Cafés des Aidants de l’Association Française des Aidants, les AIRE Cancer dans les Hauts-de-France, ou toute structure locale susceptible d’apporter une aide spécifique.

4 Quels sont les besoins les plus fréquents ?

A. S. La plupart du temps, les aidants nous contactent pour demander de l’information. Mais au fil de la conversation avec le bénévole, on se rend compte qu’en fait, c’est surtout l’écoute qu’ils recherchent, le partage d’expérience, le soutien moral. C’est la raison pour laquelle nos bénévoles ont tous une expérience d’aidant familial, et qu’ils ont eux aussi connu l’isolement, l’épuisement, la déprime... C’est très important pour pouvoir offrir aux appelants des conseils adaptés et une écoute de qualité. C’est aussi moins intimidant de dialoguer entre pairs plutôt que de faire directement appel à un professionnel comme un psychiatre ou un psychologue.

5 Comment encourager les aidants à se faire aider à leur tour ?

A. S. La simplicité de contact est très importante : d’une part les aidants ont très peu de temps, mais ils ont aussi des freins psychologiques. Comme ils ne se considèrent pas malades, ils n’ont pas le réflexe de demander de l’aide. Nous avons donc fait le choix du téléphone parce que c’est un moyen de communication universel. Il permet un dialogue personnalisé et une écoute sur mesure. Nos plages horaires élargies sont adaptées à leur rythme : nous sommes joignables 7 j/7, de 8 h à 22 h.

6 Comment devenir écoutant bénévole ?

A.S. Nous recherchons des bénévoles en permanence. Il faut savoir que notre système permet d’exercer la fonction d’écoutant de chez soi, avec des horaires totalement à la carte, sans contrainte de régularité. L’écoutant se connecte où il veut et quand il veut pour recevoir des appels, c’est très simple ! La seule exigence est d’avoir eu soi-même une expérience d’aidant, et de suivre la formation d’écoute empathique que nous proposons systématiquement.


Les écoutants d’Avec nos proches sont joignables au 01.84.72.94.72, 7 jours sur 7, de 8 h à 22 h, au prix d’un appel local. Retrouvez leurs profils sur le site de l’association au www.avecnosproches.com.

Besoin de relais en cas d'urgence ? D'aide au répit ? D'accompagnement psychologique ?

Le contrat Garantie Autonomie Macif vous apporte les solutions nécessaires.

L'Essentiel de l'article
  • La France compte 11 millions d’aidants.
  • La principale cause de dépendance est l’âge, mais aussi la maladie et le handicap.
  • De nombreux aidants sont en souffrance.
  • Des associations comme Avec nos proches peuvent leur apporter l’aide dont ils ont besoin.
Article suivant