L'argent sur les réseaux sociaux
À 23 ans, Laurianne a dû interrompre temporairement ses études et enchaîner les missions d’intérim pour éponger ses dettes. « J’avais fait beaucoup d’achats compulsifs, alors que je ne gagnais pas encore ma vie et que mes parents n’ont pas de grosses ressources », résume-t-elle. L’origine de cette fièvre acheteuse ? Le matraquage marketing, les injonctions à la consommation et la pression économique et sociale sur les réseaux sociaux. « À force de voir défiler des contenus de jeunes de ton âge habillés comme des célébrités, tu finis par croire que c’est la norme et par être complexée. Si j’ai autant dépensé, c’était pour essayer de me rapprocher de ce modèle qui est en fait une illusion », analyse-t-elle. La jeune femme est tombée dans un engrenage de consommation très au-dessus de ses moyens que des sociologues américains nomment la « dysmorphie financière ». Autrement dit, un biais de perception de sa situation économique qui peut entraîner un sentiment d’insatisfaction, de l’anxiété et des dépenses inconsidérées.
Argent dématérialisé
Laurence Vély, animatrice du podcast Thunes, vit avec quatre enfants, dont trois ados, sous son toit. Selon elle, ce n’est pas un hasard si les digital natives sont particulièrement touchés par cette distorsion du porte-monnaie. « Cette génération ne connaît quasiment que l’argent dématérialisé », explique-t-elle. En effet, la jeune génération est habituée à effectuer ses paiements en ligne ou directement avec un smartphone à la caisse des magasins. Et cela peut compliquer l’évaluation du budget. Laurence Vély pointe aussi le risque d’investissements compulsifs dans les cryptomonnaies. Mais alors, comment protéger nos adolescents de la dysmorphie financière ?
Déconstruire les stratégies marketing
L’animatrice du podcast qui « parle d’argent par la face sensible » partage quelques astuces. D’abord, elle insiste sur la nécessité d’accompagner nos enfants dans l’apprentissage de la gestion de leur budget. « On peut, par exemple, leur prendre une carte de crédit et mettre en place un contrôle des dépenses, suggère l’experte. Il faut vraiment être derrière eux et vérifier toutes leurs dépenses. » Laurence Vély insiste également sur l’importance de déconstruire les stratégies toxiques du marketing : « Il faut expliquer aux ados tentés par l’achat d’un t-shirt de hip-hop hors de prix que le vêtement n’a rien de subversif ! » Elle conseille aussi de les inciter à prendre des petits boulots, dès qu’ils ont l’âge légal, pour les confronter à la valeur de l’argent. En effet, quelques baby-sittings ou heures de ménage rémunérées au SMIC horaire permettent de comparer l’effort, la pénibilité et le temps passé avec un revenu. Elle propose également de leur montrer comment créer et gérer un tableur de suivi de leurs dépenses. D’ailleurs, un certain nombre d’applications ont vu le jour ces dernières années pour accompagner la tenue des budgets. Autant d’outils qui devraient aider vos adolescents à y voir plus clair dans leurs affaires !
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