Mon enfant a un ami imaginaire : que dois-je faire ?

Votre enfant a un ami imaginaire ? Il discute avec lui, veut qu’on lui installe un petit lit dans sa chambre… Vous vous demandez si c’est normal et surtout quelle attitude adopter ? Léa Ifergan-Rey, psychologue clinicienne à Paris, livre ses conseils.

Temps de lecture : 4 min

à propos du contributeur

Léa Ifergan-Rey

Psychologue

1 Les enfants ont-ils tous, un jour, un ami imaginaire ?

Léa Ifergan-Rey : C’est une étape du développement de l’enfant mais elle n’est pas obligatoire comme peut l’être la période d’opposition par exemple. D’après certains auteurs, deux enfants sur trois auraient un ami imaginaire, ce serait donc assez courant. Ce phénomène peut durer quelques jours ou quelques mois, cela dépend de chacun.

Bon à savoir

S’inventer un ami devient moins fréquent après 7 ans mais peut arriver ponctuellement.

2 Qu’est-ce que le fait d’avoir un ami imaginaire nous dit de l’enfant ?

L. I-R : « Ami » et « imaginaire » sont deux mots très encourageants et positifs. L’enfant apprécie d’avoir un complice avec qui partager des aventures, son monde intérieur est très riche et il dispose d’une belle créativité. Il a recours à l’ami imaginaire entre 3 et 5 ans quand il s’exprime mieux et expérimente les liens entre réel et fictif. Cet ami imaginaire lui sert à faire dialoguer les différentes facettes de sa personnalité sans qu’il n’en soit conscient (ses désirs versus les interdits parentaux ; son envie et simultanément sa crainte ; ce qu’il redoute et le fascine pourtant, etc.).

3 Comment accompagner son enfant ? Faut-il jouer le jeu ?

L. I-R : Il faut trouver le juste milieu, c’est-à-dire écouter votre enfant lorsqu'il veut vous parler de cet ami, car c’est une façon de vous raconter ce qui se passe en lui, nous faire part de ses émotions, ses désirs et ses peurs. Il est déconseillé de l’ignorer ou de l’interdire à son enfant, mais veillez à poser les limites qui vous conviennent. Vous pouvez lui faire une place à table ou dans la voiture, mais rien ne vous y oblige ! Essayez d'appréhender tout cela le plus naturellement possible car cela contribue au bon développement de votre enfant.

 

Essayez d'appréhender tout cela le plus naturellement possible car cela contribue au bon développement de votre enfant.

Léa Ifergan-Rey, psychologue clinicienne

4 Que faut-il éviter de faire alors ?

L. I-R : On est souvent maladroit quand on se sent démuni, mais on ne se moquera jamais de l’enfant, on évitera de se contenter de lui ordonner « d’aller jouer avec les autres ». Cela ne permet pas de comprendre pourquoi cet ami imaginaire perdure et l’enfant risque de continuer en cachette. Il est préférable de se faire aider par un psychologue de confiance qui offrira des pistes pour aller mieux.

5 Est-ce que ça peut aussi signifier qu’il se sent seul au quotidien ?

L. I-R : Tout à fait. Certains enfants peuvent pallier de cette manière un manque de relations amicales, fraternelles - si la fratrie a une grande différence d’âge par exemple - ou de solitude ressentie au sein de la famille (peu de temps de qualité avec ses parents).

6 À quel moment ou à quel âge faut-il s’inquiéter ?

L. I-R : Ce n’est pas vraiment une question d’âge car un enfant de 9 ans peut aussi avoir un ami imaginaire de façon très ponctuelle, sans que cela ne pose problème. En revanche, si on le sent triste et angoissé, qu’il ne prend pas de plaisir au quotidien, est replié sur lui-même, en manque de relations amicales, qu’il dort ou mange mal, présente des difficultés à s’affirmer et à gérer les conflits, cela mérite d’en parler à son pédiatre et à un psychologue. L’enfant a sûrement besoin que l’on passe plus de moments de qualité avec lui, qu’on le rassure, qu’on le câline.

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L'Essentiel de l'article
  • Avoir un ami imaginaire est signe de créativité et de richesse intérieure.
  • Quand l’enfant parle de cet ami imaginaire, il parle d’une partie de lui.
  • Si l’enfant montre des signes de mal-être, de repli sur lui, on en parle au psychologue.
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