Dans le monde, 192 millions de personnes ont consommé du cannabis au moins une fois dans l’année, loin devant les opioïdes (58 millions), les amphétamines (27 millions), et la cocaïne (19 millions) en 2020. Ce qui place le cannabis à la première place des drogues illicites les plus couramment consommées dans le monde. Qu’en est-il de la consommation des jeunes ? Si 39% des adolescents ont déjà fumé du cannabis à 17 ans selon la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA), la consommation globale des jeunes tend à baisser depuis quelques années.
Le cannabis dès le collège
La consommation au cours du mois des élèves de 3ème est passée de 11,1% en 2010 à 3,9% en 2021. Le nombre d’adolescents ayant déjà expérimenté le cannabis à 17 ans a baissé de 11 points entre 2002 et 2017. La France est désormais au 10ème rang en Europe en 2018 pour la consommation de cannabis des 15 ans au cours du dernier mois. Elle était au premier rang en 2014.
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De même, les données recueillies auprès des collégiens en classe de 3ème confirment un recul marqué de la consommation de cannabis entre 2018 et 2020. L’une des raisons principales de la surestimation de la consommation des jeunes selon l’Observatoire Français des Drogues et des tendances addictives (OFDT) : l’accessibilité au cannabis, perçue comme nettement plus difficile. Au collège, seuls 3,8 % des élèves de 4e et 6,8 % des élèves de 3e estiment qu’il leur serait très facile de s’en procurer, alors qu’ils sont respectivement 64,5 % et 53,3 % à indiquer que cela serait impossible. La diffusion s’étend sensiblement lors du passage au lycée, ou 16,2 % des élèves de seconde disent en avoir déjà consommé et près d’un élève sur trois en terminale (31,2 %).
Vers une prise de conscience des jeunes ?
Cette baisse globale de la consommation chez les jeunes s’expliquerait avant tout par une prise de conscience des risques psychosociaux provoqués par le THC, plus délibérément exprimés dans la société. Gaël, 20 ans, est revenu sur son ancienne addiction au cannabis dans le documentaire Une jeunesse en fumée diffusé en 2021 sur France Télévisions. « Dans mon 9m2 à Gare du Nord, je fumais jusqu'à huit ou dix joints par jour, comme un palliatif au stress et à la solitude. Je voyais ça comme un médicament naturel, jusqu’à ce que je ressasse des pensées bizarres en continu », confie le jeune homme qui ne consomme plus désormais. Perte d'attention, repli extrême sur soi, déscolarisation, solitude affective et même, dans certains cas, conduites psychotiques : la "fumette" est devenue un enjeu de santé publique, et les jeunes ne sont pas dupes.
« Je retrouve de la vitalité, de la bonne humeur et de la joie de vivre »
Les variations de consommation s’expliquent par la perception du chanvre dans la société. La consommation de cannabis a d’abord été associée à des comportements sociaux marginaux symbolisant la rébellion et l’esprit du mouvement hippie dans les années 1960-1970, pour être investi comme un moyen de détente, d’introspection et de sociabilité dans les années 1980, avant un nouveau rebond dans les années 1990, jusqu’à devenir un produit d’usage relativement courant à partir des années 2000. Quant aux profils des consommateurs, là aussi, les clichés ont la peau dure. À 17 ans, la consommation de cannabis est plus importante en Languedoc-Roussillon et en Bretagne… qu’en Ile-de-France. A Paris, les jeunes de 17 ans des quartiers aisés du sud-ouest de la capitale ont plus expérimenté le cannabis (58 %) que ceux du nord-est (50 %), selon une étude de l’Ofdt.
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Si l’entrée dans la consommation de cannabis est avant tout récréative, l’envie de se débarrasser de cette addiction est tout aussi pressante chez les jeunes. « Je fumais pour fuir ma vie et pour arriver à dormir. Puis j’ai arrêté parce que j'en avais marre de dépendre de ça, d'organiser ma vie autour de ça et que je voulais me reprendre en main et affronter mes soucis sans les contourner » explique Lola* (le prénom a été changé à sa demande), 25 ans, infirmière dans le sud de la France. L’arrêt du cannabis sonne un quotidien plus léger pour Lola. « Je retrouve de la vitalité, de la bonne humeur et de la joie de vivre, même si je m’endors beaucoup moins bien. »
Baisse du cannabis, hausse de la e-cigarette
Si l’on observe une baisse continue des usages de drogues à l’adolescence, la consommation de cigarettes électroniques, elle, est en forte hausse. Ils sont 56.9% à avoir déjà essayé contre 52.4% en 2017. En 2022, ils sont 6.2% à vapoter régulièrement contre 1.9% cinq ans plus tôt. Les filles sont d’ailleurs plus touchées que les garçons par cette pratique. L’engouement pour la e-cigarette, observé depuis quelques années avec les résultats de l’enquête ESCAPAD se confirme, notamment auprès des plus jeunes. Au collège, l’usage quotidien de la e-cigarette concerne désormais 1,4 % des collégiens, soit une prévalence équivalente à celle du tabagisme quotidien. Avec son design moderne et ses goûts variés, elle se démarque des cigarettes, boudées par les 12-25 ans.
Les conduites addictives des jeunes, qu’elles qu’en soit leur nature, restent une préoccupation importante dans la société, d’autant qu’ils sont désormais plus touchés par les idées suicidaires que la population générale selon cet article du Monde. Présents dans la quasi-totalité des départements français, 540 lieux consacrés aux jeunes consommateurs proposent une consultation gratuite qui peut être anonyme. Ils sont organisés par les Centres de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) y compris sous la forme de consultations avancées dans d’autres types de structures dont les Maisons des adolescents ou les Points accueil écoute jeunes.
« LES ADDICTIONS ET LEURS CONSÉQUENCES CHEZ LES JEUNES »
La Macif a lancé avec Ipsos le 1er baromètre sur les consommations de substances addictives chez les 16-30 ans afin de proposer des solutions de prévention adaptées.