Peaux atopiques : vrai/faux sur les idées reçues

Les interrogations sur la dermatite atopique, une affection de la peau qui apparaît dès le plus jeune âge et provoque plaques et démangeaisons, sont nombreuses. Faisons le point avec Aurélie Du-Thanh, dermatologue au CHU de Montpellier.

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Rédaction SoPress

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La dermatite atopique est une maladie fréquente.

VRAI. Selon une enquête de 2017, la dermatite atopique touche aujourd’hui « entre 10 à 15 % des enfants qui naissent » et « 4 % des adultes », souligne Aurélie Du-Thanh. Si les enfants sont plus nombreux à être touchés, c’est parce que cette maladie de la peau peut se résorber en grandissant. « Mais pas dans tous les cas, on sait désormais qu’il y a des formes persistantes », précise la dermatologue.

L’eczéma atopique est une maladie allergique et peut entraîner de l’asthme.

FAUX. Il ne s’agit pas d’une allergie. « En revanche, elle se déclare chez des gens qui ont un terrain allergique », nuance Aurélie Du-Thanh. Par conséquent, elle ne peut pas directement provoquer d’asthme, « mais elle peut y être associée de manière fréquente, ainsi qu’au rhume des foins et aux allergies alimentaires ». Mais toutes les personnes atteintes de dermatite atopique n’ont pas forcément d’asthme, et inversement. Contrairement aux idées reçues, « traiter l’eczéma ne fait pas “ressortir” l’asthme, celui-ci a simplement tendance à apparaître au début de l’adolescence, alors que l’eczéma se déclare plus tôt ».

L’eczéma atopique de bébé est héréditaire.

VRAI, mais pas seulement. « Si un des deux parents a une dermatite atopique ou une autre des maladies atopiques – asthme, rhume des foins, etc. –, on a 50 % de chances d’avoir soi-même une dermatite atopique », analyse la dermatologue. Un risque qui grimpe à 80 % si les deux parents sont atteints. Mais, même si aucun des deux parents n’est atteint, « le risque est de 10 à 15 % ».

L’eczéma est dû à un manque d’hygiène.

FAUX. « C’est le contraire, souvent les personnes atteintes souffrent d’un excès d’hygiène », met en garde Aurélie Du-Thanh. Le savon, les lavages répétés, entraînent « une perte de la couche protectrice à la surface de la peau », ce qui aggrave l’eczéma.

L’eczéma atopique est contagieux.

FAUX. Il n’y a pas de bactéries ni de germes, la maladie n’est donc pas contagieuse, ni pour soi ni pour les autres. « Certains patients pensent que, parce qu’ils ont insisté sur un endroit après avoir gratté une plaque, l’eczéma s’est étendu, mais c’est faux, explique la dermatologue. En revanche, ça peut se surinfecter. »

Chez les familles d’atopiques, l’allaitement est recommandé.

FAUX. Cela a longtemps été pensé dans le milieu médical, « mais il a été démontré depuis plus de dix ans que l’allaitement ne protégeait malheureusement pas un enfant à risque. Les grandes études épidémiologiques montrent qu’à niveaux de risque équivalents, il n’y a aucune différence », dément Aurélie Du-Thanh.

L’enfant souffrant de dermatite atopique doit suivre un régime alimentaire spécial.

FAUX. « Surtout pas, il est au contraire recommandé de diversifier l’alimentation le plus tôt possible, en introduisant la cacahuète dès l’âge de quatre mois, par exemple. » L’objectif : éviter de développer des allergies alimentaires chez des enfants ayant un terrain sensible.

Les crèmes à la « cortisone » (dermocorticoïdes) sont dangereuses pour l’enfant.

FAUX. Certaines crèmes sont adaptées à l’enfant et peuvent être prescrites. « Pas toutes, pas n’importe comment ni n’importe où, mais en respectant la prescription et les molécules adaptées à l’enfant », préconise la dermatologue.

Le stress empire l’eczéma.

OUI, mais pas directement. Le stress aggrave toutes les maladies inflammatoires. « Effectivement, si un patient est contrarié, il a plus de chances de se gratter et de déclencher une poussée d’eczéma, approuve Aurélie Du-Thanh, mais ce n’est pas le stress en lui-même qui l’aggrave. » En revanche, l’eczéma induit du stress en lui-même, « car on se gratte, car ça se voit, ça obsède, on dort mal à cause des démangeaisons ». Ce n’est pas une relation à sens unique.

Le soleil améliore l’eczéma atopique.

VRAI. S’il faut faire attention à ne surtout pas se brûler, l’exposition solaire modérée a souvent une action positive sur l’eczéma. « En tant que dermatologues, il nous arrive ainsi de prescrire des séances d’UV, c’est une pratique qui fait partie des traitements doux, avec les crèmes à la cortisone », souligne la dermatologue.

Il n’y a pas de traitement efficace contre la dermatite atopique.

FAUX. « Il ne faut pas abandonner. Il y a aujourd’hui plusieurs solutions qui n’existaient pas il y a encore quelques années », affirme Aurélie Du-Thanh, qui plaide pour réintégrer dans les circuits médicaux les nombreuses personnes qui en sont sorties par dépit. « Beaucoup d’adultes et parents arrêtent de se traiter, ce qui peut leur gâcher la vie ou celle de leur enfant, mais il ne faut jamais se résigner. » Un message important à transmettre.

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