Pourquoi s'abîme-t-on les petites peaux et les ongles en cas de stress ?

De nombreux grands stressés le savent, les ongles et les doigts peuvent être des victimes collatérales des pics d’anxiété. La dermatophagie est un état psychologique qui toucherait entre 2 et 5% de la population. À quoi est-ce dû ? Comment gérer et s’en débarrasser ? Conseils d’expert.

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Rédaction SoPress

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Se triturer les doigts : un TOC reconnu

Petit geste compulsif, d’apparence inoffensif et bénin, saviez-vous que l’onychophagie, l’acte de se ronger les ongles est décrit pour la première fois en 1908 dans un article du médecin et psychiatre français Edgar Bérillon, qui se demande si se ronger les ongles n’est pas un acte de dégénérescence ? Rien que ça. En 2024, se ronger les ongles n’a plus si mauvaise réputation. L’onychophagie fait partie de la famille des troubles dermatillomanie, caractérisé par la vérification, le triturage et/ou le grattage répété et excessif de la peau, le plus souvent des ongles, induisant des lésions des tissus. Elle fait partie des comportements répétitifs centrés sur le corps (CRCC), entrant dans le champ des troubles obsessionnels compulsifs ou TOC. Dans la littérature médicale anglophone, les personnes atteintes par cette maladie sont souvent appelés « wolf biters », mordeurs de loups en français, puisque c'est précisément ce que font les loups lorsqu'ils sont piégés ou énervés.

Onychophagie et dermatillomanie : des gestes anti-stress

Pourquoi les personnes atteintes de ce trouble, qui représente 2 à 5% de la population, dont 54,7 % sont des femmes, s’en prennent-elles à leurs ongles et leurs doigts ? « Contrairement à ce qu’on peut lire sur Internet, ce n’est en aucun cas de l’auto-mutilation, ou une volonté de se faire du mal. Au contraire, quand on commence à se ronger les ongles, il y a une recherche d’auto-apaisement. Il y a quelque chose de satisfaisant à triturer, à toucher des irrégularités. Souvent, les CRCC sont sous-tendus par des difficultés de régulation émotionnelle. Se ronger les ongles devient alors un comportement doudou », rassure Julie Hemery, 35 ans, psychopraticienne spécialiste de la dermatillomanie à Ventabren. Depuis 2016, elle s’est intéressée à ce trouble en partie car très peu de professionnels de santé s’en saisissent. « Peu de soignants prennent ce trouble au sérieux. Pourtant, sur du long terme, il peut créer de l’isolement, une forte culpabilité, une baisse de l’estime de soi », ajoute la psychopraticienne.

Petites peaux et ongles : attention aux microbes !

Si on adopte souvent ce comportement pour évacuer le stress, éprouver un plaisir apaisant, une forme de satisfaction ou encore ressentir le besoin de corriger une imperfection, ces impulsions s’apparentent parfois à des crises pouvant durer de plusieurs minutes à plusieurs heures par jour, sans que la personne ne s’en rende compte. Au-delà de la dégradation esthétique, l’ongle peut durablement se déformer et s’installe dans un état d’inflammation chronique. C'est aussi une porte ouverte aux bactéries et aux virus, surtout si les transports en commun font partie de votre quotidien !

Comment arrêter de se ronger les ongles ou s'abîmer la peau des doigts ?

Une fois ce constat posé, comment se débarrasser de cette mauvaise habitude qui nous colle à la peau ? « La dermatillomanie n’est pas une fatalité, c’est un trouble dont on peut se libérer, même adulte ! », rassure Julie Hemery. Pour soigner la dermatillomanie, et plus généralement les CRCC, il existe deux approches principales, qui sont complémentaires « En première intention, on pratique une thérapie cognitive et comportementale (TCC) qui vise la diminution voire la disparition complète des compulsions. Parmi les différentes approches, la Technique de Renversement d’Habitudes (TRH) est efficace », explique-t-elle. Bien entendu, identifier les problématiques qui ont déclenché la dermatillomanie ne fera jamais de mal. « À l’origine de la dermatillomanie, il peut y avoir des traumatismes ou des expériences de vie non digérées, une anxiété chronique, des troubles de l’attachement… »

Si l’idée de consulter un professionnel vous bloque, il existe des solutions plus accessibles. « Toutes les techniques qui vont permettre de réguler ses émotions sont bonnes à prendre : les activités manuelles, le sport… Privilégiez des comportements barrière comme mettre de la crème grasse (qui rendra le triturage moins intéressant), le vernis amer, les pansements, les gants, ou encore les faux ongles en résine », liste Julie Hemery. Des pistes qui ne traitent pas les causes mais réduisent à coup sûr les dégâts !

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