Phobies handicapantes socialement : comment les surmonter ?

Ne pas pouvoir prendre l’ascenseur ou passer sur un pont, avoir des sueurs froides à la vue d’une araignée ou redouter l’école par peur de ne pas réussir sont autant de troubles anxieux difficiles à gérer socialement. Heureusement, il existe des solutions pour s’en débarrasser.

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Rédaction SoPress

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À 27 ans, Olivier n’a pas de voiture ni même de permis de conduire. Ce développeur web n’a jamais tenu un volant ni poussé la porte d’une auto-école. Il souffre d’amaxophobie, la peur de conduire. « Il y a dix ans, au moment où mes amis ont commencé à faire de la conduite accompagnée avec leurs parents, j’ai compris que ça ne m’intéressait pas du tout d’apprendre à conduire, se souvient le jeune homme. Il m’arrivait souvent de faire des cauchemars dans lesquels j’étais au volant d’un bolide, sans savoir comment le manœuvrer, ni l’arrêter. Après mon diplôme, j’ai été recruté par une boîte à New York, où on se déplace surtout en métro et en taxi. » Mais à son retour en France, l’année dernière, il comprend que les choses seront plus compliquées. « Je travaille maintenant dans des locaux situés dans une zone périurbaine qui n’est desservie que par quelques bus, explique-t-il. Je fais beaucoup de covoiturage avec des collègues, car je me sens incapable de prendre des cours de conduite. » Pour tenter de remédier à son amaxophobie et gagner en autonomie, Olivier a suivi une dizaine de séances d’hypnose. Mais les résultats ne sont pas très concluants. « J’ai appris quelques techniques de respiration pour moins paniquer en pensant à la route, mais je suis toujours incapable de m’imaginer à la place du conducteur », déplore-t-il.

Des conséquences dramatiques

De son côté, Louisa, cadre dans l’industrie pharmaceutique et âgée de 39 ans, se démène depuis des années pour se débarrasser de son arachnophobie (la phobie des araignées). « J’ai essayé la sophrologie, le yoga et la méditation, mais rien n’y fait, regrette-t-elle. Rien que l’idée qu’une de ces bestioles peut se trouver dans la même pièce que moi me terrifie. » Si on entend souvent parler d’acrophobie (la peur de la hauteur), d’astraphobie (la peur des orages) ou de zoophobie (la peur des animaux, notamment des chiens), beaucoup d’autres phobies sont également assez répandues. Selon Anne-Victoire Rousselet, psychologue et psychothérapeute spécialisée en thérapies comportementales et cognitives (TCC), la plus fréquente est la phobie sociale. « C’est la crainte du jugement négatif de l’autre, précise-t-elle. Ça peut être de l’anxiété de performance, qui se traduit parfois par la peur d’avoir de mauvaises notes. Cette anxiété sociale s’exprime dans tous les groupes sociaux et commence vers 10 ou 12 ans, au moment où on prend conscience que le jugement de l’autre est important. » Or les conséquences peuvent être dramatiques. « Cette anxiété peut pousser à consommer de la drogue pour ne pas déplaire aux camarades, ou à voler pour obéir au caïd de la classe, par peur de son jugement » déroule la psy. Elle donne quelques autres exemples de phobies relativement courantes, comme l’agoraphobie (la crainte de ne pas pouvoir s'échapper ou être secouru), l’hématophobie (la peur du sang), l’émétophobie (la peur de vomir), la nosophobie (la peur d’être contaminée par une bactérie, qui a explosé avec le Covid-19), ou encore, la phobie scolaire.

Un traitement efficace en quelques séances

Anne-Victoire Rousselet ajoute que si une phobie n’est pas traitée, il y a un risque de les cumuler : « S’ils ne se soignent pas, les gens finissent par généraliser, c’est-à-dire par avoir de plus en plus de phobies. » La spécialiste des thérapies comportementales et cognitives rappelle que trois types de facteurs peuvent expliquer les troubles anxieux : d’abord, les facteurs biologiques, génétiques, héréditaires, puis, l’éducation, et, enfin, les expériences de vie. Mais, surtout, elle assure qu’il existe une méthode en deux temps pour traiter les phobies. Bonne nouvelle ! La première phase consiste en l’apprentissage d’une stratégie pour se détendre, notamment par des exercices de respiration et de relaxation. Elle dure une quinzaine de jours. « Une fois que l’on maîtrise cette stratégie, explique Anne-Victoire Rousselet, on démarre l’exposition progressive. On hiérarchise ses anxiétés et on s’expose d’abord à la moins invalidante, puis à toutes les situations d’anxiété, en s’interdisant les stratégies d’évitement. Par exemple, pour les acrophobes, on commence en haut de deux marches, puis des escaliers, etc. » Selon l’experte, six à huit séances suffisent pour en finir avec une phobie. Pourquoi attendre ?

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