Post-partum : l’importance de la rééducation du périnée

Après l’accouchement, par voie basse ou césarienne, la rééducation pelvi-périnéale est indispensable pour retrouver une bonne tonicité musculaire. Des professionnelles du sujet et des mères témoignent.

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Rédaction SoPress

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Essentiel pour la continence, le périnée est un ensemble de muscles formant le plancher pelvien entre les deux os du bassin. C’est là que se situent la vessie, l’utérus, le vagin et le rectum. Lors de l’accouchement, il s’assouplit pour laisser passer le bébé. Les tissus étirés du périnée reprennent leur forme naturellement au bout de plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Mais il est essentiel de suivre une rééducation avec un spécialiste avant de reprendre le sport et pour éviter des problèmes d’incontinence à l’effort.

Un bilan périnéal 6 à 8 semaines après l’accouchement

Nathalie Mutel-Laporte est sage-femme à l’Institut Mutualiste Montsouris à Paris depuis 25 ans. Elle rappelle que « le post-partum se prépare » via une bonne information des femmes dès le début de la grossesse : « C’est le bon moment pour leur parler de rééducation périnéale. » La première étape vient dès la suite de couche. « J’accompagne les patientes, notamment quand elles ont vécu des accouchements traumatiques et ont du mal à se réapproprier leur corps », détaille la sage-femme, qui a pris pour habitude d’utiliser un miroir pour montrer aux femmes leur vulve et les rassurer. Assia, 31 ans et qui a eu sa fille il y a trois ans, se souvient de l’angoisse : « J’avais l’impression que mon corps était complètement déformé. » Vient ensuite le bilan périnéal, six à huit semaines après la naissance. Cécile Cape est kinésithérapeute et s’est spécialisée dans la rééducation post-partum. Au début, son objectif est de faire « prendre conscience de leur périnée » à ses patientes, ce qui n’est pas toujours facile. Elle commence par effectuer un état des lieux : « Y a-t-il des douleurs liées à l’accouchement, à une épisiotomie, une cicatrice ? »

Une rééducation à durée variable

S’ensuit alors un toucher vaginal pour tester la musculature et « vérifier que tout est à sa place ». Cécile Cape demande alors à ses patientes de faire comme si elles voulaient se retenir d’uriner, ce qui a pour effet de contracter le périnée : « Certaines patientes ne sentent pas bien l’envie d’uriner, ce qui est normal, il faut donc remuscler le plancher pelvien. » À 30 ans, Adèle* a eu une fin de grossesse et un accouchement difficiles. Elle qui espérait reprendre rapidement le sport a dû freiner ses ambitions : « Je ne maîtrisais pas du tout mon périnée. C’était extrêmement difficile de faire un saut sans avoir envie de faire pipi. » Cette étape a également constitué pour Assia un apprentissage : « Je n’avais pas conscience de la façon dont le périnée était sollicité dans la vie de tous les jours. »

Souvent, il faut ainsi effectuer un véritable travail de pédagogie. Une fois le diagnostic établi, le professionnel va proposer des exercices de contraction et de relâchement à la patiente. La première étape est de maîtriser ses abdominaux « profonds ». Allongée sur le dos, les genoux repliés et les mains posées sur le bas-ventre, la patiente essaye de contracter ses abdominaux, comme si elle voulait les rentrer vers l’intérieur. « Ce dernier point est très important, car si le bas-ventre pousse les mains vers le haut, c’est que l’exercice est mal fait. Il faut alors prendre le temps de plusieurs séances », observe Cécile Cape. La gestion de la respiration joue un rôle important dans ces exercices.

Une fois cette étape maîtrisée, l’exercice peut être répété, mais cette fois-ci en faisant basculer le bassin vers la poitrine, ou en essayant de rentrer au maximum les abdominaux vers le dos. En parallèle, il est utile, debout ou assise, de s’entraîner à contracter son périnée – en se retenant d’uriner. Au fur et à mesure de la progression, le nombre de répétitions et la durée de l’exercice peuvent être augmentés, jusqu’à pouvoir passer à des exercices abdominaux plus exigeants. Attention, cependant, il est important d’avoir l’avis d’un professionnel qui vous aiguillera tout au long de ce processus.

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Ensuite, si la rééducation avance bien, certaines activités physiques pourront reprendre. Aujourd’hui, cinq mois après son accouchement, Adèle a pu reprendre la course, « mais continue à être suivie par un kinésithérapeute ». Car en parallèle, une rééducation abdominale doit également être effectuée avant d’aborder des exercices plus intenses. Combien de temps dure la rééducation ? Si plusieurs semaines sont le minimum, il n’existe pas de règles. « Pour certaines, la rééducation dure quatre à cinq mois et pour d’autres un an, voire plus. On arrête lorsque la patiente n’a plus de douleurs, qu’elle est continente à l’effort, que sa sangle abdominale est redevenue solide et qu’elle a pu reprendre des rapports sexuels agréables », détaille Cécile Cape. Pour Assia, les choses sont allées relativement vite : « J’en ai eu pour quatre mois. » Adèle, de son côté, y travaille depuis cinq mois et sait que cela va prendre « encore un petit bout de temps ».

Ne pas hésiter à se renseigner

Malheureusement, comme le souligne Nathalie Mutel-Laporte, « la rééducation périnéale est loin d’être systématique ». Selon l’enquête périnatale de 2021, la dernière en date, l’entretien postnatal, qui permet de définir une « feuille de route », n’est effectué que par 38 % des femmes au niveau national. L’une des raisons est le manque d’information. « Il reste une vraie éducation à faire pour une prise de conscience généralisée et plus précoce, déplore la sage-femme. Même dans les cours de sport à l’école, on fait encore trop souvent faire aux filles des exercices sans tenir compte de leur impact potentiel. »

Cécile Cape s’est occupée de la rééducation de beaucoup de sportives, amatrices comme professionnelles. Et a eu affaire à des femmes qui avaient déjà des problèmes d’incontinence : « Dans la majorité des sports, on ne leur a jamais ou presque parlé de périnée avant qu’elles accouchent. » Comme à l’école, l’absence d’information laisse de nombreuses femmes dans l’ignorance. C’est le cas d’Adèle : « J’ai fait du handball pendant 15 ans, et le sujet n’a jamais été abordé. » En d’autres termes, il ne faut pas hésiter à se renseigner auprès de professionnels.

En parallèle, une rééducation abdominale essentielle

Une fois bien commencée la rééducation du périnée, celle des abdominaux peut débuter. Il s’agit de reconstruire la sangle abdominale, qui a parfois été fortement altérée par la grossesse. « On fait d’abord un bilan pour vérifier qu’il n’y a pas eu de diastasis des grands droits », explique Cécile Cape, c’est-à-dire un écartement des muscles droits de l’abdomen. Durant plusieurs séances, la patiente va alors devoir effectuer des exercices légers pour renforcer la ceinture, et réduire et maîtriser le diastasis si nécessaire. « Des exercices simples me fatiguaient beaucoup, je n’avais jamais ressenti ça », se souvient Adèle.

C’est souvent l’occasion pour le professionnel d’enseigner les bons exercices, rappelle Nathalie Mutel-Laporte : « Il ne faut pas appuyer sur son périnée avec ses abdominaux, par exemple en faisant des crunchs. Cela provoque des risques de fuites urinaires et de descentes d’organes. » Avec, pour objectif, de pouvoir reprendre le sport en augmentant petit à petit l’intensité et la régularité.

 

*le prénom a été modifié.

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