Le retour de la consigne : utopie ou réalité ?

Dans la foulée de l’objectif national de sortir des emballages plastiques à usage unique d’ici 2040, la consigne, notamment du verre, prépare son grand retour pour le printemps 2025. Elle est déjà appliquée dans quatre régions françaises, avant sa généralisation à l’ensemble du territoire. Reportage.

Temps de lecture : 6 min

à propos du contributeur

so press
Rédaction SoPress

Avec SoPress, la Macif a pour ambition de raconter le quotidien sans filtre.

« Ni retour ni consigne. »

Les plus anciens se souviennent de ces quatre mots gravés autrefois au bas de certains contenants alimentaires en verre qui indiquait une exception au principe très usitée de la consigne. Cette consigne qui permettait aux consommateurs de récupérer auprès des commerçants quelques dizaines de centimes de francs en retour de bouteilles et bocaux consignés, avait quasiment disparu à partir des années 1980-1990 avec l’accroissement des emballages plastiques à usage unique et à l’essor des supermarchés. Or, la prolifération néfaste du tout plastique et les risques sanitaires en découlent, ainsi que la hausse des prix du verre depuis la crise énergétique de 2023, ont poussé le gouvernement français à chercher à réduire l’impact environnemental de nos emballages. Voilà pourquoi, le 3 juillet 2024, les autorités, associées à l’éco-organisme Citéo, ont annoncé l’expérimentation du retour de la consigne du verre dans quatre régions (Pays de la Loire, Bretagne, Normandie, Hauts-de-France), avant sa généralisation à l’échelle nationale. À compter de mai 2025, ce sont donc 16 millions de Français qui pourront acheter des produits de grande consommation dans ces emballages réemployables dans les grandes surfaces alimentaires.

Objectif anti-gaspillage et souveraineté économique

Ce projet à grande échelle vise à atteindre un objectif fixé par la loi Agec anti-gaspillage de février 2020, dans le cadre de l’économie circulaire : 10 % d’emballages réemployés d’ici à 2027. « Concrètement, les consommateurs achèteront en grande surface un produit dans un emballage en verre qu’il faudra rapporter après utilisation, pour qu’il soit lavé, puis réemployé », avait indiqué Jean Hornain, directeur général de Citéo, cet été, dans Ouest France. En retour, par effet incitatif, le consommateur récupérera un petit pécule sur chaque contenant en verre : « cette consigne sera comprise entre 20 et 30 centimes, selon le contenant, précise Célia Rennesson, cofondatrice et directrice générale de Réseau Vrac et Réemploi. Un emballage n’est pas produit gratuitement. Il a un coût, et à partir du moment où il a aussi une valeur “consignable”, les gens le rapportent, toutes les études le démontrent. Mettre une valeur à l’emballage, ce qui s’appelle une consigne monétaire, permet d’optimiser le système du traitement des déchets d’un point de vue environnemental et d’un point de vue économique, en jetant ces emballages. »

 

De la consigne grand surface ?

À partir de mai 2025, les premiers des 30 millions d’emballages standardisés et réemployables produits pour l’année 2025 seront disponibles dans les grandes surfaces. Six contenants (bouteilles et bocaux) seront mis en rayons puis seront nettoyés après collecte dans les laveries Bout' à Bout', à Carquefou, et Haut La Consigne dans le Nord. L’éco-Geste accompli par les citoyens est au cœur des principes très avantageux du ReUse. Une fois lavé, un contenant en verre peut être réutilisé jusqu’à vingt fois en moyenne et son réemploi, plutôt que son recyclage, permet d’économiser 75 % d’énergie, 50 % d’eau et 79 % de CO2 ! « Traiter les déchets n’est pas une fin en soi. Il faut parvenir à réutiliser emballages et contenants plusieurs fois plutôt qu’une, plaide énergiquement Célia Rennesson. La ReUse économie offre de nombreux bénéfices. Elle permet de toujours consommer, mais tout en préservant les ressources. Elle permet de réindustrialiser la France, car il s’agit là d’usines de lavage ou d’usines de réparation non délocalisées, favorisant ainsi la création d’emplois dans nos territoires. Ces activités de collecte et de lavage se réalisent au plus proche des actes d’achats, puisque le principe de la ReUse prospère à l’échelle des territoires. Et en bonus, cette économie circulaire permet à notre pays d’être plus souverain économiquement. »

La consigne en livraison

Des initiatives de type ReUse avaient heureusement fleuri bien avant le projet gouvernemental du 3 juillet 2024 visant les quatre régions pilotes du Nord et de l’Ouest. La Tournée, une start-up écocitoyenne lauréate du programme Circular Challenge imaginé par Citéo, a ainsi lancé en 2021 son supermarché en ligne centré sur le réemploi des emballages du verre tout en promouvant l’usage de la consigne. « Notre activité de livraisons de courses consignées suit un processus de commande en ligne puis de livraison à domicile, détaille Juliette Poiret, cofondatrice de La Tournée. Tous nos contenants en verre (bouteilles, bocaux, pots) sont récupérés et avant d’être lavés et réutilisés, occasionnant le remboursement de la consigne des produits qui nous sont achetés. Notre conviction, un peu pionnière, était que pour généraliser la consigne, la livraison à domicile était le bon format. Notre service a d’autant plus de potentiel que tout le monde n’a pas forcément envie d’aller ramener des contenants vides en supermarché. »

Et La Tournée est une affaire qui tourne bien ! Même si pas encore tout à fait rentable, son activité exclusivement francilienne va s’étendre l’année prochaine en Province. Grâce à ses cinquante salariés et sa flotte actuelle d’une quinzaine de véhicules électriques qui livrent les produits et collectent les contenants en verre, sa communauté de 10 000 clients s’accroît d’année en année. En février 2018, le ministère de la Transition écologique avait évoqué le retour du système de la consigne pour les canettes de boissons, les piles et surtout les bouteilles en plastique. Mais la France – déjà moins performante que l’Allemagne pour le retraitement de ces bouteilles – a encore des progrès à faire. Au présent, les voyants du réemploi sont donc plutôt au verre.

La Macif soutient la Consigne

Article suivant
The website encountered an unexpected error. Please try again later.