Enfants plein d'énergie, planning trop ambitieux, séjour peu reposant… Les vacances ont parfois des allures de marathon. Pourtant, les congés sont des moments essentiels pour recharger les batteries. Comment profiter de ses vacances sans rentrer épuisé ? Réponses avec Lisa Letessier, Psychologue clinicienne, Directrice du cabinet de Psychologie ENNEAD et autrice de l’ouvrage Comment garder le bénéfice de ses vacances (éditions Odile Jacob).
Écouter ses besoins
Pour se ménager, pas de secret : il faut s’écouter. Et se poser les bonnes questions, selon Lisa Letessier. Car aucune formule magique ne permet par exemple de résoudre le casse-tête « quand partir et à quelle fréquence ». Si l’on note de manière générale un pic de fatigue en hiver, le rapport aux vacances reste avant tout personnel, influencé par une multitude de facteurs, tels que notre environnement de vie ou l’emploi qu’on occupe. Alors, il faut mieux se poser cette question : « À mon retour de vacances, au bout de combien de temps est-ce que je ressens le besoin de souffler à nouveau ? » Certains paramètres, en revanche, sont universels. Comme la durée du séjour : « À mon sens, il faut prévoir au moins dix jours. Mieux vaut mieux partir moins souvent, mais plus longtemps, insiste l’experte. On a besoin d’un sas de décompression de quelques jours, le temps que le cerveau s’acclimate. Puis, il faut quelques jours supplémentaires pour récupérer d’un point de vue physique. D’ailleurs, on a généralement un gros coup de fatigue au bout du troisième, quatrième jour de vacances. Ensuite, trois ou quatre jours de plus sont nécessaires pour réellement recharger ses batteries. » Les meilleures vacances pour la santé sont donc celles où l’on se laisse le temps de récupérer.
Chercher le dépaysement
Mais la durée ne fait pas tout. Une des clés de réussite pour des vacances bénéfiques est de casser la routine. Que les plus casaniers se rassurent, nul besoin pour cela de partir à l’autre bout du monde. « On peut parfaitement faire des vacances chez soi et récupérer, affirme Lisa Letessier. Mais pour pouvoir déconnecter, on a besoin de changement. C’est quand même beaucoup plus facile pour le cerveau de se sentir en vacances quand on sort de son quotidien. Ça demande un peu plus de travail quand on reste à la maison parce qu’il faut réussir à se dépayser à domicile, mais ce n’est pas impossible ! » Le choix de la destination doit avant tout rester une question d’envie et non devenir une source de stress. « Certaines personnes sont très excitées à l’idée de découvrir de nouveaux pays, tandis que, pour d’autres, ce type de vacances peut puiser dans leurs ressources. Une fois de plus, il faut s’écouter ! » Quelle que soit sa destination, la psychologue incite néanmoins à prévoir quelques moments de nature. « Même si l’on est citadin et que l’on adore le bitume, notre cerveau a besoin de nature pour s’apaiser, se relaxer, se ressourcer. C’est important de s’aménager des espaces de nature qui peuvent être la mer, la montagne, la forêt, ou juste un jardin en ville… »
Varier les plaisirs
Plutôt farniente ou activités sportives ? Selon Lisa Letessier, une bonne journée de vacances, c’est avant tout une journée variée, « qui comprend un temps de repos, de bronzage, de lecture… Un temps éventuellement plus dynamique, voire sportif. Un temps un peu seul, un temps un plus social ou familial. On ressent une vraie satisfaction à la fin d’une journée équilibrée ». Et si l’on se sent fatigué et qu’on veut végéter sur un transat, ce n’est pas grave non plus. « L’idée, c’est vraiment de se déculpabiliser en se disant que si, on a réussi à faire quelque chose aujourd’hui : on a été complètement en adéquation avec son corps et, encore une fois, à l’écoute de ces fameux besoins fondamentaux qui sont en évolution tout le temps. » Passer des vacances équilibrées, quand on part en famille, c’est aussi savoir s’aménager des moments seuls avec son ou sa partenaire, insiste la psychologue. Lisa Letessier met en garde contre cette tendance qu’ont les parents à se dire qu’il faut absolument profiter des enfants pendant les vacances, quitte à passer tout son temps collés les uns aux autres. « Au contraire, il peut parfaitement y avoir quelques heures par jour où l’on confie sa progéniture aux grands-parents ou aux copains… C’est hyper important de s’autoriser à avoir des moments à deux pour se reconnecter durant les vacances. »