Vocations d’avenir : Thibaud, 28 ans, défend l’art et l’artisanat

Parce que le futur appartient à ceux qui s’en emparent tôt, la parole est aux jeunes. Océane, Ahmet, Julie et Thibault cherchent tous à donner du sens à leur métier et à imposer leurs propres codes dans le monde du travail. Quatrième épisode avec Thibaud Debarge, ambassadeur du fait-main.

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Usbek & Rica

Usbek & Rica et la Macif ont rencontré 4 jeunes pour parler de leur vocation pro.

À 28 ans, Thibaud a choisi de perpétuer le savoir-faire traditionnel de l’art et l’artisanat à travers un métier aussi artistique que physique : la menuiserie. Depuis deux ans et demi, il apprend le métier au sein de la Société Philomathique de Bordeaux - du grec philo, “ami” et matique, “connaissance” -, une école savante vieille de plus de 200 ans, née sous l’influence des Lumières. « Le travail manuel m’a toujours parlé : l’été, je travaille souvent avec mon cousin maçon. Et puis, le bois, ça me titillait depuis un moment… ».

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Menuisier et artiste

Si le métier de menuisier demande des aptitudes manuelles, c’est aussi et surtout un métier extrêmement exigeant du point de vue intellectuel. « Je m’attendais bien à devoir me remettre aux mathématiques. Avec les calculs d’angle, les dessins, les épures (dessin au trait qui donne l'élévation, le plan et le profil d'une figure, ndlr), le cerveau prend cher. En ce moment, on travaille sur un escalier, c’est un travail qui demande énormément de réflexion ». Quand on lui demande s’il ne subit pas les stéréotypes attachés aux métiers manuels, Thibaud balaie l’idée de la main : « J’ai fait des études d’art et tous mes amis sont artistes ou acteurs… C’est limite si je ne suis pas considéré comme le seul aujourd’hui qui a un “vrai” métier parmi nous ».

À 28 ans, Thibaud a déjà 10 ans de vie d’artiste derrière lui. Depuis sa première année de collège, il se détourne des cours classiques pour préférer peindre et dessiner. Il continue sa seconde en France puis part en Belgique où il intègre l’École d’art Saint-Luc à Tournai puis à Liège : trois ans en illustration, trois ans en peinture, puis un master. Quand l’occasion se présente, il expose dans des cafés ou des galeries. Il y développe sa vision de l’art et regrette que le dessin académique figuratif ne soit pas plus valorisé. « Moi j’ai besoin de passer par le savoir-faire traditionnel et les représentations réalistes pour pouvoir ensuite me lâcher et m’en éloigner ».

« Ça s’est senti depuis que je suis en sixième : les cours généraux ne m’intéressent pas »

Thibaud Debarge

Métier manuel et retour aux sources

Aujourd’hui, son approche artistique reste valorisée dans son nouveau métier. En alternance dans une entreprise artisanale, il se rapproche petit à petit du métier d’ébéniste, plus créatif. « Mon boss est lui-même ébéniste de formation, et il a senti et valorisé mon côté artistique. Après plusieurs mois consacrés à la pose et restauration de parquets, il m’a confié la fabrication de portes, d’impostes et de dressings sur-mesure. Il m’a aussi confié de A à Z la réalisation et l’intégration d’une rose des vents en essences d'ébène et de cerisier pour un gros client ». De sa position, et qui plus est à Bordeaux où les maisons traditionnelles - les échoppes - sont légion, Thibaud voit l’intérêt pour son métier évoluer et les commandes de menuiseries sur-mesure croître, la clientèle se détournant progressivement des meubles en kit de la grande distribution. « On observe un vrai retour aux sources ».

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