Vrai / Faux sur les Papillomavirus

La vaccination des adolescents contre les papillomavirus humains, aussi dénommés HPV, a connu une augmentation significative en France depuis le démarrage en 2023 de la campagne au collège. Pourtant, l’objectif de 80 % d’adolescents vaccinés à l’horizon 2030 reste menacé par de nombreuses idées reçues et méconnaissances sur le sujet. Éclairage.

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Rédaction SoPress

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Il existe près de 200 types de papillomavirus/HPV

VRAI. Le terme « papillomavirus », ou HPV, désigne un type de virus qui peut infecter la sphère génitale par contacts entre peau et/ou muqueuses, mais qui regroupe plusieurs souches. « La plupart des médecins parlent en effet de 200, certains vont même jusqu’à en compter 400 », note le Dr Didier Constant, gynécologue bénévole au sein d’IMAGYN, association de prévention et de lutte contre les cancers gynécologiques. Environ une quinzaine touche les parties génitales.

Tous les HPV entraînent le cancer du col de l’utérus

FAUX. 80 % des individus seront exposés au papillomavirus au moins une fois dans leur vie. Mais il sera éliminé « dans environ 90 % des cas dans un délai moyen de 24 mois », objecte le Dr Joseph Monsonego, spécialiste des papillomavirus. « Sept concentrent plus de 90 % des lésions précancéreuses et cancers du col. Ce qui nous intéresse, c’est si le virus persiste et peut provoquer des lésions », complète celui qui est aussi président de la commission col-HPV du Collège National des Gynécologues Obstétriciens français (CNGOF). En revanche, près de 100 % des cancers du col ont pour origine un HPV.

Les HPV sont uniquement dangereux pour les femmes

FAUX. « Chez les hommes comme les femmes, ils peuvent aussi entraîner des cancers ORL de la gorge, de la langue, ou encore de la verge et de l’anus », souligne Fanny Toussaint, sage-femme hospitalière à la maternité des Bluets, à Paris. « En revanche, le cancer du col est le seul induit par un HPV que l’on puisse dépister en amont », précise le Dr Didier Constant.

Le préservatif ne suffit pas à empêcher l’infection

VRAI. Le préservatif n’empêche pas le contact entre le périnée et la région autour de la verge. « Le vaccin, qui protège à 80 %, est le moyen le plus sûr », confirme le gynécologue d’IMAGYN. Cependant, la vaccination ne doit pas empêcher le port du préservatif qui protège contre les autres IST et, « bien recouvrant, contribue quand même à une protection au moins à 80 % », rappelle le Dr Joseph Monsonego.

La vaccination contre les papillomavirus ne concerne que les femmes

FAUX. Depuis le 1er janvier 2021, la vaccination s’applique également aux hommes. Elle protège contre les 9 souches les plus préoccupantes. « L’idéal est de se faire vacciner avant le premier rapport sexuel, car l’immunité est plus forte, si possible entre 11 et 14 ans, avec deux doses », détaille Fanny Toussaint. Un rattrapage peut également être effectué de 15 à 19 ans avec trois doses, et jusqu’à 26 ans pour les hommes homosexuels.

Une personne infectée ne présente pas de symptômes

VRAI, dans la plupart des cas. « Les lésions précancéreuses sont le plus souvent asymptomatiques, explique le Dr Joseph Monsonego, avant de nuancer. Les lésions que l’on peut voir apparaître sont des condylomes acuminés – des verrues génitales –, sur la vulve, l’anus ou le pénis. » Mais quand elles ne partent pas d’elles-mêmes, elles peuvent être traitées. De plus, elles se manifestent dans le cas des virus les plus inoffensifs.

Le papillomavirus peut provoquer des lésions, voire un cancer, plusieurs années après l’infection

VRAI. « L’infection va entraîner des lésions au bout de quelques années, puis il faudra 15 ou 20 ans avant d’avoir un cancer du col. C’est complètement silencieux », avertit le Dr Didier Constant. Le but du suivi gynécologique, qui peut également être effectué par une sage-femme ou un médecin traitant, est de détecter et traiter tôt d’éventuelles lésions. Car « dans 5 % des cas, lorsque le virus persiste, un cancer du col peut se développer », souligne Fanny Toussaint.

La vaccination n’est pas efficace, surtout si on a déjà eu des rapports sexuels

FAUX. La vaccination a une efficacité optimale pour agir sur les pré-cancers de tous types lorsqu’on n’a pas été exposé aux virus, ce qui est le cas avant le début des rapports sexuels. Cependant, comme le rappelle le Dr Monsonego, la vaccination n’en devient pas pour autant inutile après : « Même si le vaccin n’agit pas sur un type déjà contracté, il va quand même agir sur les autres. »

Les dépistages sont inutiles avant l’âge de 25 ans

VRAI. « Avant 25 ans, on est quasiment sûr de trouver des HPV, mais ce sont des contaminations souvent passagères », justifie le Dr Constant. Il est cependant important d’être suivi, car les femmes qui développent un cancer du col sont la majorité du temps celles qui ne l’ont pas été. « Il apparaît très lentement », rassure le gynécologue, qui en profite pour souligner qu’il ne sert « donc à rien de chercher le coupable, car l’infection remonte à plusieurs années ». Ainsi, le premier frottis est recommandé à partir de 25 ans, puis à 26 et 29 ans, et des tests HPV tous les cinq ans à partir de 30 ans. Le premier cherche simplement à détecter une anomalie au niveau des cellules du col, quand le deuxième permet d’identifier le type d’HPV. Une colposcopie peut être effectuée pour observer le col, puis une biopsie – qui consiste à prélever un échantillon de tissu – si une lésion est mise en évidente.

Malheureusement, en France, « près de 40 % des femmes ne se font pas dépister », rappelle le Dr Monsonego. Aujourd’hui, en France métropolitaine, la couverture vaccinale est estimée à 43,6 %, selon Santé publique France, bien loin de l’objectif des 80 % chez les adolescents à l’horizon 2030. Alors qu’une vaccination généralisée pourrait permettre d’éviter 6 000 cancers du col de l’utérus chaque année.

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