Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), entre 1980 et 2016, les naissances dites extra-hospitalières ont représenté en France entre 0,5 % et 1,9 % du total des naissances. Malgré plusieurs études qui ont témoigné du besoin des mamans d’avoir un accouchement plus naturel et moins protocolaire, pour une partie du corps médical, ce choix fait régulièrement l’objet de vives critiques : « Dans la situation française actuelle, il est beaucoup plus dangereux d’accoucher à domicile que dans un milieu médicalisé, juge ainsi Joëlle Belaisch Allard, présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). Nous ne pouvons pas cautionner cette pratique où le risque de mortalité maternelle et du bébé est nettement plus élevé. »
Une controverse qui dure
Mais quand on regarde à l’étranger ou que l’on s’intéresse à d’autres professions, les avis sont moins unanimes. Ainsi, les sages-femmes ne se prononcent pas en bloc contre l’accouchement à domicile. Et dans d’autres pays comme les Pays-Bas et le Royaume-Uni, les sociétés médicales sont bien plus ouvertes à cette pratique. Ces divergences témoignent en réalité d’une vision très différente de la sphère périnatale, entre des médecins qui ne comprennent pas que la grande sécurité apportée par les ressources d’un hôpital soit boudée, et d’autres soignants pour qui il est important de permettre aux patientes de choisir un environnement connu et moins anxiogène – à partir du moment où les patientes présentent peu de facteurs de risques – pour donner la vie. L’association L’Apaad (Association professionnelle de l’accouchement accompagné à domicile) créée en 2019 regroupe ainsi « une communauté de sages-femmes qui veulent faire changer le regard porté sur la naissance accompagnée à domicile ».
Choisir le mode de mise au monde
Pour celles qui continuent d’envisager un accouchement à domicile, cela reste donc possible, même si certaines conditions doivent être strictement respectées : il est ainsi impératif que la grossesse soit considérée comme à bas risque par un professionnel de santé qualifié, et que la future mère ne présente aucune complication médicale ou obstétricale qui pourrait mettre sa santé ou celle de son bébé en danger pendant l’accouchement. Il faut aussi prévoir que si les frais de l’accouchement sont remboursés comme à l'hôpital, il existe des frais d'astreinte pour la sage femme, qui lorsqu'elle accepte une famille, se rend disponible 24 heures sur 24 pendant 5 semaines. (Les prix varient d’une région à l’autre : en région parisienne , il faut compter environ 1600, 2000 euros. La moyenne dans les autres régions est de 700 euros). Cela implique aussi un suivi régulier de la grossesse par une sage-femme formée à cette pratique, ainsi qu’un plan détaillé pour le déroulement de l’accouchement, avec des mesures spécifiques pour assurer le confort de la mère, la disponibilité de matériel médical nécessaire, et la présence d’au moins une sage-femme lors de l’accouchement.
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Enfin, il est crucial que le transfert vers une maternité soit simple et rapide en cas de besoin, puisque même si tout est bien anticipé, des complications peuvent survenir, nécessitant une intervention médicale d’urgence. « J’avais déjà eu deux enfants, nés à l’hôpital, et même si tout s’était très bien passé, je m’étais sentie dépossédée de mon corps, comme spectatrice de leur mise au monde. J’ai voulu choisir, décider, sentir que j’en étais capable, et aussi vivre cette expérience avec mon mari, qu’il soit partie prenante. La sage-femme que j’ai consultée m’a bien tout expliqué, et s’est avant tout assurée que je ne présentais aucun risque particulier. Le jour J, tout s’est déroulé comme prévu : ma sage-femme, qui m’avait suivie pendant ces 9 mois, me connaissait bien, j’étais chez moi, dans un environnement que j’aimais et qui me rassurait. Et j’ai senti la force incommensurable que chaque femme possède en elle-même si on lui en laisse l’opportunité. Ça a été un moment fondateur de ma vie », raconte, encore émue, Julie. Que ce soit à l’hôpital ou à la maison, pouvoir choisir la manière dont on accouche devrait rester possible pour les parents. À condition bien sûr de s’assurer que toutes les conditions sont mises en œuvre.
Maison de naissance
La maison de naissance est une structure placée sous la direction de sages-femmes qui permet une nouvelle forme de prise en charge de la grossesse et de l’accouchement proposant une moindre technicisation, une médicalisation raisonnée de la grossesse et une approche plus physiologique de l’accouchement. L’accompagnement de la maman y est global et est réalisé par une seule et même sage-femme.
Liste des maisons de naissance en France :
- CALM - Maison de naissance à Paris (75)
- Maison de naissance Doumaïa à Castres (81)
- La Maison à Grenoble (38)
- Le Temps de naître à Baie-Mahault (97 - Guadeloupe)
- Joie de naître à Saint Paul (97 – La Réunion)
- Premières heures au monde à Bourgoin-Jallieu (38)
- MANALA, Maison de naissance Alsace à Sélestat (67)
- Un nid pour naître à Nancy (54)
Prendre soin de soi enceinte et après
La Macif vous accompagne dans ce nouveau moment de vie.