Mon ado boit de l’alcool : comment réagir en tant que parent ?

À l’adolescence, les premières sorties entre copains s’accompagnent souvent d’une nouvelle inquiétude pour les parents : la consommation d’alcool. En France, malgré l’interdiction de vendre de l’alcool à des mineurs, les jeunes boivent leurs premiers verres en moyenne à 14 ans. Ce qui n’est pas sans conséquence sur leur santé et leur vie sociale. Un médecin addictologue donne quelques conseils.

Mis à jour le 17/07/2025

L'abus d'alcool nuit à la santé.

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Rédaction SoPress

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Ados et alcool

Nombre de parents ont connu ça. Après quelques mois dans une nouvelle classe ou un séjour lors des grandes vacances, leurs enfants sages qui longtemps leur avaient demandé en grimaçant comment ils pouvaient apprécier le goût des boissons alcoolisées, se sont soudain mis à boire des bières en terrasse, à imaginer des cocktails improbables, voire, à expérimenter le binge drinking (la recherche de l’ivresse par une importante consommation d’alcool ponctuelle). Selon la Mildeca (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives), 85,7 % des jeunes de 17 ans ont déjà expérimenté l’alcool. Or, bien que ces conduites festives soient parfaitement acceptées par la société, elles comportent des risques.

La Mildeca met ainsi en garde sur les dangers de l’abus d’alcool à court terme : « Coma éthylique, implication dans des violences comme victime et / ou auteur, rapports sexuels non consentis ou accidents de la route. » Ainsi que sur les conséquences possibles à long terme, notamment la dépendance. Rappelons qu’en France, la consommation d’alcool cause 49 000 décès chaque année. Le docteur Hervé Martini, addictologue et secrétaire national de l’association Addictions France, insiste, avant tout, sur le rôle de la prévention à l’échelle du pays et dans l’entourage proche des jeunes, surtout au sein de la famille.

Pas une goutte d’alcool avant 18 ans

Selon la Mildeca, 30 % des consommations d’alcool chez les jeunes ont lieu… en présence de leurs parents. Hervé Martini note que si l’âge moyen des premiers verres est officiellement 14 ans, dans les faits « beaucoup de jeunes ont expérimenté l’alcool à partir de 10 ou 11 ans », sur proposition de leurs parents de goûter un peu de champagne à l’occasion d’une fête, par exemple. Mais pour lui, ces petits rituels ancrés dans nos traditions ne sont pas anodins. « Plus tard on consomme de l’alcool, mieux ce sera, explique-t-il. Car le cerveau de l’enfant est en plein développement et l’alcool peut en modifier le fonctionnement. » Il rappelle qu’entre 12 à 18 ans, les adolescents sont très vulnérables face à ces substances. Pour lui, il ne doit y avoir strictement aucune consommation avant 18 ans. En France, la vente d’alcool est d’ailleurs interdite aux mineurs.

« C'est juste pour s'amuser. » invoquent 40% des consommateurs réguliers d'alcool.

Il est préférable d’attendre un peu avant de partager ses connaissances en matière d’œnologie ou de biérologie avec les jeunes de son entourage. L’addictologue explique aussi qu’il est nécessaire d’armer les enfants en « renforçant leurs compétences psychosociales, pour qu’ils soient capables de dire “non” face à un groupe ». Car la pression sociale des copains et le matraquage publicitaire sont une véritable épreuve pour les jeunes que l’on n’a pas éduqués à dire « non ». C’est pourquoi l’association Addictions France développe des actions dans ce sens au sein des établissements scolaires.

46 % des 16-30 ans

consomment régulièrement de l'alcool, et 5% quotidiennement. 

Source : Baromètre Addictions Ipsos - Macif 2025

Des solutions pour se faire accompagner

Hervé Martini insiste aussi sur le fait qu’il n’est jamais trop tard. Et qu’un adolescent, consommateur occasionnel ou dépendant, doit être accompagné. « Il faut dire aux jeunes qu’on est à l’écoute, martèle-t-il. S’ils ont un problème ou perdent le contrôle, on est là pour les aider. » Il recommande aussi de les pousser à se poser les bonnes questions : avec qui je consomme ? Comment je consomme ? Comment me mettre en sécurité ? Où trouver des repères ? Et pour les familles, les enseignants et les proches en général, certains signes peuvent permettre de détecter une addiction. Le spécialiste liste ainsi quelques changements de comportement qui doivent alerter : le décrochage scolaire, la déprime, le renoncement à des activités, l’arrêt du sport ou le fait de ne plus voir les copains. Ces évolutions peuvent être les marqueurs d’une consommation d’alcool, mais pas seulement, ils peuvent aussi être les conséquences de violences telles que le harcèlement.

« L’addiction ne se développe pas en un verre, prévient Hervé Martini. C’est un comportement qui va se répéter, s’insinuer dans des fragilités. C’est la rencontre entre un environnement, un produit et un individu. » Il déconseille vivement de culpabiliser les parents, qui peuvent ne pas s’être rendu compte de la descente aux enfers de leur enfant, malgré leur attention. Et il préconise un accompagnement dans des structures de soins. « Il y a des consultations pour jeunes consommateurs dans les Maisons des adolescents ou dans certains établissements scolaires, développe-t-il. Il faut en parler, ça ne doit pas être un tabou. On peut aussi prendre rendez-vous avec son médecin traitant, un psychologue ou un infirmier, mais surtout, il ne faut pas rester seul. »

« LES ADDICTIONS ET LEURS CONSÉQUENCES CHEZ LES JEUNES »

La Macif a lancé avec Ipsos le 1er baromètre sur les consommations de substances addictives chez les 16-30 ans afin de proposer des solutions de prévention adaptées.

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