Le chansigne, que les Anglo-saxons pratiquent sous le nom sign singing, permet au public malentendant de suivre un spectacle musical ou un clip en ayant accès aux paroles en langue des signes. Et cela rend l’expérience bien plus intense que lorsqu’elle est conditionnée à la lecture de sous-titres. Car le chansigne ne consiste pas en un simple exercice de traduction, mais en une véritable interprétation artistique, qui comprend souvent une mise en scène, des expressions du visage, voire, une chorégraphie. D’ailleurs, certaines créations n’ont pas pour but de traduire une œuvre existante : elles sont imaginées d’emblée pour le chansigne. Et elles sont appréciées autant par les publics malentendants qu’entendant.
Du chansigne aux JO
Les premiers ouvrages relatifs au chansigne sont publiés aux États-Unis dans les années 1970. L’un des plus célèbres est un recueil collectif intitulé Lift Up Your Hands : Song In Sign Language, sorti en 1976. En France, la discipline a émergé il y a une vingtaine d’années. Elle est aujourd’hui enseignée par divers professionnels, y compris au sein de l’Opéra-comique. Le chansigne compte également quelques stars à la renommée internationale, qui cumulent de nombreuses vues sur YouTube. C’est le cas du rappeur et chansigneur américain Sean Forbes (que certains surnomment le « deaf rapper », le rappeur sourd), ainsi que du rappeur congolais muet MC Baba. Lors de la cérémonie des Jeux olympiques 2024, à Paris, le danseur et chorégraphe américain sourd Shaheem Sanchez avait fait sensation en interprétant le morceau « Supernature », du musicien français Marc Cerrone, en version chansigne. En France, les spectacles peuvent comprendre des reprises de grands classiques de la chanson française, par exemple des titres de Claude François, mais aussi des créations-compositions écrites spécialement pour la langue des signes sur un morceau de musique.
Chansigner, c’est partager
L’une des pionnières de cet art scénique dans l’Hexagone est la chansigneuse Laëty. Et, bien que cela puisse surprendre, elle est entendante. Elle pratique la langue des signes par passion depuis bientôt 30 ans et a raconté son expérience dans un livre, Sur les routes du chansigne. « Cela fait 25 ans que je suis chansigneuse. Lorsque j’ai commencé, explique-t-elle, le chansigne n’existait pas encore réellement. Mais nous faisions des chansons signées lors des fêtes d’anniversaires, par exemple. C’est le moyen que j’avais trouvé pour partager les chansons que j’aimais avec mes amis sourds. » Laëty monte sur scène pour la première fois en 1998, puis se professionnalise dans les années 2000. « J’ai donné mon premier concert professionnel à Nantes en 2004, se souvient-elle. Et ensuite j’ai commencé les tournées. »
Des artistes complets
Le terme « chansigne », version française du sign singing anglo-saxon, aurait, quant à lui, officiellement vu le jour à Nantes, en 2010, dans le cadre d’un événement nommé Deaf International. « Avec d’autres artistes, nous avons réfléchi au nom que nous pourrions donner à notre pratique, et nous avons retenu chansigne ! », nous apprend l’artiste. L’année suivante, elle découvre sur internet le rappeur et chansigneur finlandais Marko Vuorenheimo, plus connu sous son nom de scène, Signmark. Et c’est un vrai coup de cœur. Aujourd’hui, en parallèle de ses performances artistiques sur scène, Laëty donne des cours de soutien scolaire à des enfants malentendants et elle propose des stages de chansigne, car il est difficile de vivre uniquement de la pratique du chansigne. Elle prévient d’ailleurs ceux qui voudraient se lancer qu’il faut s’accrocher : « C’est une discipline qui nécessite de maîtriser à la fois la langue française, la langue des signes et les techniques de traduction ! ». Sans compter la nécessité d’être parfaitement à l’aise sur scène. Voilà sans doute pourquoi la France ne compte à ce jour qu’une petite quinzaine de chansigneurs professionnels. Mais, à n’en pas douter, de plus en plus d’amateurs !
Handicap : les solutions adaptées et accessibles proposées par la Macif
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