Colonies de vacances : toujours d'actualité ?

Malgré leur déclin qui a suivi les évolutions sociétales, les colos demeurent une option parentale encore ancrée en France. Généralistes ou thématiques, elles promeuvent encore malgré leur cherté mixité sociale et inclusivité.

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Rédaction SoPress

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« Les jolies colonies de vacances / Merci papa, merci maman ! », chantait joyeusement Pierre Perret comme dans une lettre de gamin, en 1966. Les années 1960, c’était l’âge d’or des colos : elles emmenaient alors en vacances près de 4 millions de jeunes. Ils n’étaient plus que 1,2 million en 2022. La durée des séjours de ces colos généralistes longues de 15 jours à des mois complets jusqu’aux années 1980 s’est aussi globalement rétrécie avec des durées ne dépassant plus qu’une à deux semaines. Et puis, à l’ère du téléphone portable, les enfants n’écrivent plus de lettres ni de cartes postales ! La baisse des dotations d’État dans les années 1980 a marqué le désengagement progressif des collectivités locales, actrices majeures des vacances en colonies. Comme les autres opérateurs propriétaires de centres d’accueil d’origine privée (entreprises, églises) ou publique (associations laïques et communes, donc), rappelait le magazine Causette de juillet 2022, les collectivités ont beaucoup réduit la voilure, principalement en raison des dépenses d’entretien et de mise aux normes devenus beaucoup trop onéreuses.

Un apprentissage de l’autonomie

Outre certains changements sociétaux, tel celui des enfants de couples séparés partant l’été un mois avec maman, l’autre avec papa, les coûts élevés des séjours en colos ont aussi précipité leur désaffection progressive. « Depuis qu’ils ont 6 ans, mes quatre enfants partent régulièrement en colos avec la ville, grâce aux tarifs avantageux du système du quotient familial », se réjouit Hocine, fonctionnaire territorial de 58 ans à la ville de Colombes. Le Pass colo géré par les CAF prodigue aussi une aide financière complémentaire aux familles modestes. Ancien gamin des colonies chères à Pierre Perret puis animateur-colo lui-même, Hocine plébiscite aujourd’hui encore cette « école de vie » : « Les colonies sont un apprentissage de l’autonomie : les enfants veillent à leurs affaires (on fait l’inventaire de leur valise ensemble !), ils se soumettent à une hygiène régulière, à des horaires fixes, prennent leurs repas sans la télé ! (rirez) La séparation au plus jeune âge ne m’a jamais tourmenté. Je me disais : “Ça va leur faire du bien !” Pour mon épouse, c’était un peu plus dur de couper avec nos enfants. Les colonies offrent un magnifique changement de cadre de vie, par un dépaysement qui leur fait oublier l’univers urbain. La découverte de la mer et de la montagne est essentielle. »

En plus du contentement de leurs enfants d’aller en vacances sans les parents, de se faire de nouveaux amis (de vivre aussi leurs premières amourettes !) et d’emmagasiner des souvenirs sympas qu’ils raconteront à la rentrée, les parents insistent sur l’exigence de bien-être de leurs enfants élargi à leur intégrité personnelle : « Je confie mes enfants à l’équipe d’animation, donc j’en attends sécurité morale et physique pour eux », résume Hocine. D’après le magazine Causette, selon un sondage Ifop réalisé en 2016, mais toujours présent à l’esprit des papas-mamans actuels, juste après le coût élevé, c’était le manque de confiance dans le personnel accompagnant qui représentaient leurs deux principales réticences au départ en colos.

Appréhensions parentales

Les habitudes familiales de Ludivine, sage-femme libérale rouennaise de 46 ans, épousent assez bien l’évolution récente des colonies. L’engouement pour les colos thématiques été-hiver à séjours courts (ski, anglais, danse) qui font aujourd’hui concurrence aux colos généralistes, c’est tout naturellement que les trois filles de Ludivine partent depuis leurs 11 ans en centres d’équitation ou de voile (Les Glénans) ou en séjours nature mixtes des Scouts et Guides de France. « Petites, on les faisait garder par papi et mamie : c’est moins cher, sourit-elle. Aujourd’hui, elles partent deux semaines maxi, jamais un mois. Les Glénans, c’est 1200 euros pour 12 jours ! Les scouts ne coûtent que 300 euros pour deux semaines. » Les appréhensions parentales sont particulières dès qu’elles concernent leurs ados : « Pour la sécurité, je fais confiance aux encadrants, assure Ludivine, concernant sa fille de bientôt 17 ans. À cet âge, il peut y avoir d’éventuels problèmes d’alcool, de sexualité, voire de dérapages comportementaux entre ados, ça me stresse un peu. »

Et les craintes légitimes de maltraitance, voire de pédocriminalité ? « C’est vrai qu’on n’en parlait pas il y a cinq ans. C’est nouveau, confirme Ludivine. Mais avec mon conjoint, nous avons très tôt sensibilisé nos enfants à oser parler. En cas de comportements anormaux, elles viendront nous le dire. Mais il ne faut pas non plus tomber dans la psychose ! » Comme tant d’autres couples, celui de Ludivine organise ses vacances d’été selon un mix bien connu : séjour en famille + colos pour les enfants. « En juillet, on est très contents de ne pas avoir les enfants, confesse-t-elle. Le couple peut se retrouver : il a besoin de ce temps d’été, sortir, voir les amis. » Même déclinantes, les colos ont encore de beaux jours devant elles…

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