Comme chien et chat
Entre eux, c’est tous les jours c’est la même histoire, quand Kimiko, 16 ans, retrouve son petit frère Zéphyr, 11 ans, en rentrant des cours, elle le couvre d’abord de câlins et de bisous, puis, en un instant, ils peuvent passer de l’amour à la haine. « Souvent la crise arrive lorsqu’elle commence à vouloir contrôler son frère et qu’il refuse ses accès d’autorité ou qu’elle le congédie sans ménagement parce qu’elle l’a assez vu », raconte Julien, leur père. Les protestations, les cris et parfois même les coups peuvent alors pleuvoir au grand dam des parents qui doivent les séparer, les gronder parfois et consoler l’un, voire les deux. « C’est toujours compliqué de savoir comment réagir, on leur demande simplement d’arrêter sans prendre parti pour éviter que l’un des deux se sente défavorisé », confient-ils. Dans la fratrie d’Emma, la trentaine, où elle a grandi entourée de ses quatre frères, c’était aussi assez sportif. Les garçons aimaient bien se bagarrer. « Il arrivait même que mon frère qui faisait de l’Aïkido me mette des coups de kendo quand je l’embêtais trop ou quand je me cachais sous son lit pour l’espionner, se souvient-elle. Un jour, mes frères se sont courus après autour de la table pendant qu’on mangeait une fondue. Mes parents criaient parce qu’ils craignaient que le caquelon se renverse. » Les parents d’Emma avaient une position claire, refusant d’intervenir dans leur brouille : « Il fallait qu’on se débrouille entre nous, sauf si c’était vraiment grave », se souvient la jeune femme.
Environnement calme, moins de dispute
Pour la psychologue clinicienne, Agnès Verroust, entre enfants, il peut y avoir une rivalité pour des choses aussi bénignes que les heures de coucher, mais aussi parfois au sujet des parents. « Il y a une concurrence naturelle entre les enfants, même quand les parents sont aimants de la même façon pour les uns comme les autres », précise-t-elle. Pas de culpabilité à avoir donc, mais il semble néanmoins important de rester vigilant. « On peut avoir plus de facilité avec l’un des enfants, mais ça ne veut pas dire qu’on aime moins les autres », ajoute-t-elle. Concernant la gestion du conflit entre enfants, la psychologue admet volontiers que plus les parents sont calmes et l’environnement sécurisant, moins la dispute sera le mode de fonctionnement. En revanche, « les enfants font tout en miroir, c’est le principe de l’éducation. Alors, si les parents sont stressés et en conflit, les enfants vont exprimer leurs émotions par la colère, la bouderie ou la violence », indique la psychologue.
Par ailleurs, si la crise entre frères et sœurs découle d’un problème d’autorité avec l’un des enfants, Agnès Verroust est claire, « il faut faire une séance de thérapie familiale pour que tout le monde reprenne sa place et que ça puisse être verbalisé et soutenu par un tiers ». Selon la psychologue, cette perte de repère peut parfois résulter de l’éducation positive et du fait que la parole de l’enfant a désormais plus de poids à la maison qu’à l’époque des familles traditionnelles. « La famille moderne n’a pas encore trouvé sa forme finale et il arrive que les places d’adultes et d’enfants se mélangent, ce qui est inconfortable pour tout le monde et peut faire naître des conflits », conclut-elle.
Désamorcer les situations explosives
La psychologue insiste également sur l’importance d’accompagner l’enfant dans l’apprentissage de son autonomie, qu’il ait plusieurs personnes sur lesquelles s’appuyer en cas de besoin. « Il est essentiel aussi de leur donner des clés et stratégies de résolutions de conflits en leur apprenant à prendre du recul et à désamorcer des situations explosives. » Enfin, il faut poser des règles assez claires. « Si c’est non, il faut éviter, dans la mesure du possible, que ça se transforme en oui », conclut-elle. Quelques petits conseils qui devraient vous permettre d’éviter ou en tout cas de limiter les disputes de votre progéniture.
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