Arrêt de la tétine : mode d’emploi

Temps de lecture : 5 min

Les pédiatres et les dentistes préconisent l’arrêt de la tétine avant l’âge de 3 ans, au plus tard 4 ans. Pourquoi ? Comment aider son enfant à arrêter ? Conseils d’une pédiatre et témoignages de parents.

On ne le sait pas toujours, mais la tétine est un danger pour le développement bucco-dentaire de l’enfant. Les spécialistes, dentistes et pédiatres, sont tous d’accord sur ce point. Ce que confirme Catherine Salinier, pédiatre retraitée à Gradignan, membre de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA) : « La tétine nuit au palais des enfants, car elle pousse la mâchoire supérieure. De plus, certains enfants peuvent garder l’habitude de téter dans le vide et cela peut entraîner des troubles de la prononciation, comme des zozotements. Dans certains cas, il peut même y avoir des retards de langage, car la tétine empêche les enfants en bas âge de commencer à parler. » Si la tétine a une place importante dans la vie des jeunes enfants, c’est que l’objet a une fonction d’apaisement. La pédiatre poursuit : « La succion est un réflexe chez le bébé et, de manière instinctive, il va téter le sein de sa mère. Si la maman n’allaite pas ou après sa période d’allaitement, la tétine va souvent remplacer le sein. C’est à ce moment que les parents doivent être vigilants, et ne pas céder à la tentation de donner une tétine à l’enfant dès qu’il se met à pleurer pour le calmer. » Pour autant, Catherine Salinier précise que « la plupart des pédiatres ne sont pas opposés à la tétine, mais uniquement à son usage excessif et prolongé. Il ne faut pas que la tétine devienne un doudou. Elle ne doit pas être une solution à tout. Quand un enfant pleure, il faut le consoler, lui parler, lui expliquer ce qui ne va pas et, parfois, le laisser pleurer et même crier ». Elle rappelle aussi que 20 % des enfants n’ont jamais utilisé de tétine. Elle n’est donc absolument pas indispensable.
 

Sevrage progressif

« Pour limiter l’utilisation d’une tétine, explique encore Catherine Salinier, le mieux est d’établir des règles avec son enfant. Par exemple, utiliser la tétine uniquement à la maison et ne pas l’amener à l’extérieur. Mieux encore, que la tétine reste dans la chambre et soit liée au sommeil. Chaque matin, l’enfant devra placer sa tétine dans une boîte pour le reste de la journée. » Évidemment, la pédiatre précise que la tétine peut quand même être sortie de sa boîte dans la journée pour un chagrin ou un moment de fatigue de l’enfant : « Il faut que cela soit exceptionnel et uniquement dans les grands moments de détresse. »
Idéalement, Catherine Salinier recommande l’arrêt définitif de la tétine à l’âge de 3 ans, lors de l’entrée en école maternelle. « Le sevrage doit être progressif, surtout si l’enfant est bien accroché à sa tétine », souligne la spécialiste. L’été avant cette rentrée scolaire peut donc être le bon moment pour le préparer tranquillement. La pédiatre a-t-elle une solution miracle pour l’arrêt de la tétine ? Pas vraiment, mais elle recommande que « cet arrêt soit un moment joyeux ». Comme un rite de passage, pour grandir.


C’est ce qu’a fait Ornella Fedi, habitant dans la périphérie d’Uzès, maman d’Aaron, 4 ans. « Aaron était très en demande de sa tétine. Il en avait besoin tout le temps. Que ce soit à la maison ou chez sa nounou. L’alerte pour nous, cela a été un rendez-vous chez le dentiste alors qu’il avait trois ans. Sa mâchoire était déformée, il avait ses dents qui allaient vers l’avant. » Sa mère organise donc un jeu avec son fils : à chaque fois se sépare d’une de ses nombreuses tétines, elle lui en offre une en bonbons. Aaron se prête au jeu et échange toutes ses tétines sauf une. « La dernière, nous lui avons proposé de la donner au père Noël. Il l’a posée sous le sapin et le père Noël est, bien évidemment, passé la récupérer. Finalement, il est vite passé à autre chose. »

Discuter et encourager

De son côté, Katia Guin, résidant à Saint-Laurent-d’Aigouze, a trouvé une autre manière de faire avec son fils Gabriel, 3 ans. « Gabriel utilisait régulièrement sa tétine, pour les nuits et les siestes, pour les trajets en voiture et aussi à l’extérieur pour des moments de réconfort. J’ai saisi l’occasion de l’arrêt des couches pour lui expliquer qu’il était devenu grand et nous avons arrêté de la tétine, progressivement. » Fin juin 2025, alors qu’il a tout juste 3 ans, Gabriel commence à réduire ses moments avec sa tétine. « Il a déjà arrêté pour les trajets et ça se passe bien. La tétine est encore très liée au sommeil, aux nuits et aux siestes, précise sa maman. Je pense que l’arrêt complet va être facile. Nous discutons beaucoup et Gabriel comprend bien. Il y a sa grande sœur, Jade, qui a 8 ans, qui discute aussi avec lui et le dentiste lui a parlé également lors d’un rendez-vous. Nous y allons doucement et tout le monde l’encourage. Et puis Gabriel est très fier d’avoir commencé à arrêter. »


Habitante de Nantes, Luce Rolland est la maman de Max, qui a fêté ses 1 an le 5 juillet dernier. Elle a été très rigoureuse avec l’usage de la tétine par son fils dès ses premières semaines. « J’ai énormément cadré au début. La tétine était liée à la nuit, sauf quelques fois où Max a dû aller à l’hôpital. La tétine lui a surtout permis à réguler sa succion, car il avait des soucis de déglutition et des troubles de la succion. Résultat, Max n’a jamais été vraiment obsédé par sa tétine. » La maman est néanmoins vigilante et elle ne crée pas de systématisme au moment du coucher. Max lui demande alors moins sa tétine et il commence à faire des nuits sans tétine. « L’arrivée chez la nounou a été aussi importante, car elle n’était pas pour la tétine et lui donnait peu », se souvient la maman de Max qui conseille aux autres parents de « bien cadrer l’usage de la tétine en amont pour éviter que votre enfant en devienne addict ».

Nous avons aussi séléctionné pour vous

Thématiques associées : Enfants

Article suivant
The website encountered an unexpected error. Please try again later.