Comment détecter et surmonter une dépression post-partum ?

« Je me sens bloquée, tétanisée, tout le temps triste. » Pour Florence, l’après accouchement est violent. Comme une femme sur cinq en France, elle subit un épisode de dépression post-partum(1). Comment surmonter cette situation, qu’elle-même n’arrive pas à expliquer à son époux, qui ne sait donc pas comment l’aider ? Explications et conseils de Nathalie Parent, psychologue.

Temps de lecture : 5 min

à propos du contributeur

Nathalie Parent

Psychologue, co-auteur de « Du post-partum à la dépression ».

 

 

Quels sont les principaux symptômes d’une dépression post-partum ?

Nathalie Parent : Les symptômes courants sont psychologiques comme un manque d’intérêt et de plaisir au quotidien, de la tristesse, de l’irritabilité, de l’anxiété et la sensation de se sentir dépassée. Il y a aussi des signes physiques : des problèmes de sommeil, de la fatigue et un manque d’énergie, une modification de l’appétit, un ralentissement général. La mère peut aussi négliger sa propre hygiène.

Quels sont les symptômes moins courants mais qu'il ne faut pas négliger ?

N.P. : Un état de confusion de la mère, avec notamment des délires ou des hallucinations, doit alerter. Rester couchée en boule toute la journée ou ne pas réagir aux pleurs de son bébé sont aussi des signes de dépression.

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Quelles sont les différences entre un baby blues et une dépression post-partum ?

N.P. : Une grande majorité des femmes (environ 60 à 80%) connaissent un épisode de déprime qui survient dans les deux premières semaines après l’accouchement et qui dure en moyenne deux jours. On parle alors de pleurs, d’une émotivité importante accompagnée d’un sentiment d’incompétence. Le baby blues est la plupart du temps sans lendemain, ce qui est fort différent de la dépression dont le pic des symptômes se situe entre 10 jours et 2 mois suivant l’accouchement et peuvent survenir jusqu’à deux ans post-partum.

Est-ce que cela peut arriver à toutes les femmes ?

N.P. : Ça peut arriver à n’importe qui. Il y a des facteurs de protection, dont un bon réseau social et de soutien, une bonne hygiène de vie, une bonne santé physique et psychologique, l’absence de trauma, ainsi que des facteurs prédisposants, tels que la solitude, l’isolement, un événement traumatisant, une grossesse et/ ou un accouchement difficile, un bébé qui présente une ou des problématiques…

Une femme ayant subi une dépression prénatale est-elle plus à risque ?

N.P. : Quand on pose la question au niveau médical, la réponse est oui. Mais de mon point de vue clinique, une personne qui a fait une dépression et qui a travaillé les éléments qui l’ont conduit à sa dépression, peut être plus outillée pour voir venir et éviter de vivre un nouvel événement dépressif.

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Si une femme a subi une dépression après son premier bébé, y a-t-il plus de risques qu’elle en refasse une après le second ?

N.P. : Il n’y a pas deux post-partum pareils. Chaque grossesse, chaque bébé, chaque accouchement est unique et différent donc ce n’est pas parce qu’une mère a fait une dépression au premier bébé qu’elle en fera une au prochain ni aux suivants.

Est-ce qu’il y a encore une grande méconnaissance de la dépression post-partum chez les partenaires, et le grand public en général ?

N.P. : Oui et un grand tabou. J’entends encore dire autour des mères « tu dois être contente, tu as un bébé en bonne santé » comme si cela suffisait. Ce type de remarques viennent en réalité nier l’état affectif très personnel à la mère. C’est une image idéalisée que la société a imposé et que les femmes ont intégré. Elles gardent cette image de « tout doit bien aller » en elles et s’obligent à la projeter vers l’extérieur.

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Quels sont vos conseils pour la femme pour surmonter cette épreuve ?

N.P. : Être entourée par la famille, les amis, ne pas rester seule est essentiel. Avoir du soutien pour répondre aux besoins du bébé et à la gestion du quotidien est nécessaire. Il faut également oser exprimer ses émotions même s’il y a de la culpabilité car cela libère vraiment. Une thérapie pour comprendre l’état dépressif et lui donner du sens peut s’avérer bénéfique. Dans certains cas, la médication peut être nécessaire et même si cela est difficile, il faut réussir à accepter cette aide.

Quels sont vos conseils pour le.la partenaire pour aider une mère en dépression ?

N.P. : Rester présent.e auprès de la mère et du bébé, partager les tâches du quotidien et imposer à la maman du repos ou du temps pour elle. Ne pas hésiter non plus à en parler autour de soi avec des amis ou de la famille.

Vers qui se tourner ?

N.P. : Le médecin de famille, un psychologue, les lignes d'écoute, les associations de parents : il existe de nombreuses ressources pour trouver de l’aide.

Vous avez besoin d’aide ?

Allo parents bébé au 0 800 00 34 56 - Du lundi au vendredi de 10h à 13H et de 14h à 18h. Des professionnels de la petite enfance sont à votre écoute. Numéro vert national anonyme et gratuit créé par l’association Enfance et Partage.

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