Éco-anxiété : comment la gérer et la surmonter ?

70 % des 16-25 ans sont « très inquiets » ou « extrêmement inquiets » du changement climatique(1). Cette éco-anxiété touche également les générations plus âgées. Comment gérer ce stress constant, parfois paralysant ? Éclairage de Claire Wallez, psychologue et psychothérapeute spécialisée dans l’éco-anxiété à Toulouse depuis 2019, après une carrière dans l’industrie et dans le domaine de la formation.

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Rédaction SoPress

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Que ressentent concrètement les personnes atteintes par l’éco-anxiété ?

Claire Wallez : Les symptômes dépendent beaucoup de leur tempérament, de leur vécu, et enfin, du moment de vie lors desquels ils ressentent de l’éco-anxiété. Globalement, on ressent une angoisse vis-à-vis de l’avenir et un énorme sentiment d’impuissance, souvent couplé à une perte de sens. L’éco-anxiété se nourrit par exemple de craintes d’effondrement économique, de crise sociale, de risques politiques ou géopolitiques. Ou encore de questions existentielles avec souvent une remise en question des projets de vie. Faut-il faire des enfants ? Quelles études choisir ? Soudain, le monde tel qu’on le voyait, l’idéal tel qu’on se l’imaginait, en se basant sur des envies qui ne sont pas durables, tout cela doit être remis en question. C’est ce qui revient beaucoup chez les jeunes qui ne désirent plus faire d’enfants. Ils me disent que si on venait à subir des catastrophes climatiques, ils préféreraient être seuls dans la barque.

Peut-on considérer que l’éco-anxiété est une maladie mentale ?

C. W. : Beaucoup de personnes qui souffrent d’éco-anxiété se disent, sûrement à raison : ce n’est pas nous qui avons un problème, c’est la société, qui ne regarde pas le problème en face. Je pense qu’il faut distinguer deux choses dans le phénomène de l’éco-anxiété. D’une part, l’éco-lucidité, c’est-à-dire vouloir comprendre ce qu’il se passe, qui peut entraîner un changement de comportement au sens large (consommer, façon d’être dans le monde, de penser, d’être avec les gens). Cela ne peut pas être considéré comme une anomalie. En revanche, ce que cela génère en moi, comme l’angoisse, la peur, la colère, l’impuissance, c’est-à-dire la part souffrante de la prise de conscience, doit être accompagnée.

Certains professionnels considèrent le phénomène d’éco-anxiété comme un trouble individuel qui serait comparable au syndrome de stress post-traumatique. Qu’en dites-vous ?

C. W. : La prise de conscience écologique peut être vécue comme un choc brutal. Encore beaucoup de professionnels de la santé mentale sous-estiment l’éco-anxiété rapportée par leurs patients. Cependant, il faut être prudent. C’est un mal-être d’un genre nouveau qu’il faut prendre le temps d’étudier. Surtout, il y a autant de types d’éco-anxiété que de patients qui en souffrent. Il faut pouvoir la considérer, autant qu’un autre type de traumatisme, car l’incompréhension, voire le refus de dialoguer s’installent vite et peuvent générer un isolement social et augmenter l’éco-anxiété chez la personne qui en est atteinte.

On dit que se mettre en action est l’un des principaux remèdes à ce sentiment d’angoisse. Que peut-on faire d’autre ?

C. W. : D’abord, aller voir un psychologue pour ce genre de problématiques, ce n’est pas idiot. Je le précise, car beaucoup sous-estiment ce mal-être en se disant que c’est moins grave qu’une crise d’angoisse déclenchée pour une autre raison. L’éco-anxiété vient réveiller des corps sensibles. Pour aller mieux, il est important d’agir, reprendre le contrôle, se recentrer sur ce qui fait sens pour nous, tout en gardant un œil à notre santé mentale et en évitant le burn-out militant ou le trop-plein informationnel. Même dans l’action, il est important de ne pas s’oublier pour durer.

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