Être parent en 2024 : est-ce compliqué ?

Au fil des ans, voire des siècles, les techniques éducatives se sont modifiées pour s’adapter à leur époque. En trente ans, le changement s’est accéléré avec l’arrivée du numérique, l’interdiction de la fessée et l’apparition de l’éducation positive. On le lit souvent, les enfants d’aujourd’hui prendraient plus de place au sein des couples, des familles, voire de la société tout entière. Alors est-ce dur d’être parent en 2024 ?

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Rédaction So Press

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Pour Virginie Avezou, docteure en psychologie de l’enfant, de profonds changements dans l’éducation découlent de l’adoption de la Convention internationale des Droits de l’Enfant (CIDE), le 20 novembre 1989 par dix-huit pays des Nations unies. « À partir de cette date, les enfants ont été considérés comme des individus à part entière et des acteurs du monde dans lequel ils vivent », explique-t-elle. L’enfant devient une personne avec des droits, qui doit être accompagnée pour les exercer et accéder progressivement à son autonomie.

Parentalité, éducation positive et pression

La prise en compte des droits et besoins de l’enfant, Audrey la trentaine, mère de deux petites filles de 3 et 5 ans, l’a bien compris. Au moment de la naissance de sa première fille, elle a fait son maximum pour la combler et lui apporter le meilleur, quitte à parfois se négliger, voire s’oublier. « La maternité a été une vraie claque, ça ne s’est pas exactement passé comme je le pensais et je me suis mis beaucoup de pression, notamment au sujet de l’allaitement, qui a été plus compliqué que prévu », admet-elle. Avant de poursuivre : « J’étais tout le temps disponible pour mon enfant j’étais à fond dans l’éducation positive et en parallèle, j’essayais le zéro déchet. Je lavais même les couches de ma fille, ce que j’ai finalement vite abandonné. » Pour l’arrivée de sa deuxième fille, Audrey s’est autorisée à être une mère moins parfaite. « J’ai pris du recul sur tout ce que j’avais lu sur la parentalité positive. En fait, j’ai simplement suivi mon instinct et c’était beaucoup mieux. »

Les injonctions à l’éducation positive peuvent en effet faire des dégâts. « On est passé de l’exercice d’une autorité à l’exercice d’une démocratie de l’éducation parentale avec plus de tendresse et de chaleur, mais il faut instaurer une relation symétrique équilibrée qui ne mette pas l’enfant en danger, commente Virginie Avezou. Si l’enfant n’est jamais frustré et décide tout, il y a le risque qu’il dépasse ses parents. Il y a une forte pression sur leurs épaules et ça nécessite un véritable accompagnement, mais beaucoup ne le sont pas assez aujourd’hui. »

Enjeux du numérique et écologiques

Un avis que partage Anne, la soixantaine. Mère de trois filles nées dans les années 1990, elle constate qu’aujourd’hui que certains parents sont envahis par leur progéniture. « Pour moi, ce n’est pas aux enfants de décider de l’endroit où ils vont en vacances, ou de celui où il faut acheter une maison. Ça, pour moi, c’est aberrant », lâche-t-elle. Anne a grandi dans les années 1970, avec des parents défaillants et quand ses filles sont arrivées, elle a choisi de ne pas trop les couver. « Je me suis investie quand même pour les accompagner, les guider, pour qu’elles aient ce qu’il fallait, mais j’avais besoin qu’elles aient une vie à elles et moi la mienne, se souvient-elle. J’adore mes enfants, mais j’ai détesté le rôle de mère dans tout ce que ça représentait de logistique. C’était trop ingrat et inintéressant. »

D’autant que les parents d’aujourd’hui sont confrontés à d’autres problèmes très contemporains. « Il y a les enjeux liés au numérique, notamment autour de la protection du harcèlement, sans exclure son enfant de la culture jeune, mais aussi l’initiation aux enjeux de la transition écologique ou encore les soucis de l’avenir professionnel, voire immobilier, des enfants. Autant de questions que se posent désormais cruellement les parents », regrette Virginie Avezou.

Clément, papa de 36 ans, fait partie de ceux-là. Même si lui et sa compagne font leur maximum pour rester positifs et inculquer le respect de l’autre, de la nature et quelques notions d’écologie à leurs deux filles de 4 et 6 ans, Clément est inquiet. « Ce qui m’angoisse vraiment, c’est de les voir grandir dans cette société de surconsommation et où les réseaux sociaux et les sollicitations de toutes sortes prennent trop de place, déplore-t-il. Ce sont des inquiétudes qui viennent, selon moi, s’ajouter à celles qu’avaient nos parents avant l’apparition d’Internet. À l’époque, ils se souciaient surtout de l’avenir professionnel de leurs enfants. »

 

Interdiction des sévices physiques

Enfin, autre décalage majeur entre l’éducation donnée à nos enfants en 2024, et celle reçue dans les années 1990 : la violence physique. Pour Clément comme pour Audrey, hors de question de lever la main sur leurs filles. Jamais. Ils y mettent un point d’honneur. Mais cette limite n’est pas toujours aussi évidente pour les grands-parents. « Un jour, j’ai entendu ma mère mettre une petite fessée ou une petite tape à ma fille pendant qu’elle la changeait et elle a d’abord nié puis avoué, mais on a dû en parler pour qu’elle comprenne que non, ce n’était pas “pas si grave”. »

En effet, depuis le 11 juillet 2019, dans le cadre de la loi relative à l’interdiction des violences éducatives ordinaires, la fessée est officiellement interdite en France. « L’adoption de cette loi renforce l’idée que l’éducation à l’intérieur de la famille est basée sur le lien avec l’enfant et ce que ça implique sur son développement », conclut Virginie Avezou.

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