La fast-déco c’est quoi ?
Quel que soit le magasin où elle se trouve, elle ne peut pas s’en empêcher. Une tasse, un rideau, un plaid… et même si les prix sont petits, sa carte bancaire trinque à la sortie. « Je me suis calmée, mais je me sens toujours accro, surtout quand j’entre dans des commerces à petits prix, avoue Laura, la quarantaine et deux enfants. Évidemment, la dimension “low-cost” m’incite à craquer, même si je me pose toujours la question : “En ai-je vraiment besoin ?” » On parle depuis longtemps déjà de « fast-food » ou de « fast-fashion », mais le phénomène et son vocabulaire entrent dorénavant dans le monde de la décoration. Les objets de « fast-déco » d’intérieur ou d’extérieur (le petit mobilier, la vaisselle ou encore le linge de maison) sont aujourd’hui partout. Et comme Laura, nombreux sont ceux et celles qui succombent à leurs charmes. Ainsi, le nombre d’éléments d’ameublement mis sur le marché en France a augmenté de 88 % en cinq ans pour passer de 269 à 505 millions d’unités selon un rapport de l’Ademe datant de 2022, alors que la commercialisation des meubles d’appoint (tables basses, porte-manteaux et tables d’appoint ou plateaux de tables) s’est élevée de 57 % de 2019 à 2021. Par ailleurs, le renouvellement des nouvelles collections se multiplie dans les enseignes qui peuvent proposer jusqu’à 3 000 nouvelles références chaque année.
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Une tendance pour tous les budgets
« La fast-déco, explique Coraline Damme, fondatrice de MaDamme Déco, désigne cette tendance à consommer des objets et des meubles bon marché, destinés à être rapidement remplacés et souvent produits en masse à faible coût. Les collections de décoration se succèdent dorénavant à un rythme effréné et incitent les consommateurs à renouveler constamment leur intérieur. Cette tendance s’accompagne de l’émergence de marques qui proposent des produits à faible coût, mais standardisés et de piètre qualité. L’avènement des réseaux sociaux a également joué un rôle dans cette frénésie, en mettant en avant des intérieurs “parfaits” et toujours à la mode. On assiste à une course à la nouveauté, avec des pratiques marketing qui créent de faux besoins et altèrent la réflexion. » Pour Patricia François, décoratrice d’intérieur et spécialiste de la décoration écologique : « La fast-déco est une manière de consommer en se laissant libre cours a ses impulsions. Pour, finalement, se lasser très rapidement de son achat et avoir envie de le remplacer par un autre. Ce phénomène est apparu durant les années 1990-2000, époque où certaines marques ont commencé à proposer des objets intéressants en matière de design, mais fabriqués à moindre coût. »
La fast-déco et ses conséquences négatives
« Je suis bien consciente des méfaits de ce mode de consommation. C’est pour ça que je tente de refréner mes impulsions, sans toujours y arriver », avoue Laura. Surexploitation du bois et de l’eau, usage de pesticides, hausse des déchets, pollution océanique… pour une empreinte carbone de plus en plus désastreuse. Les impacts de la déco low cost sont en premier lieu au niveau écologique. Mais, la santé des consommateurs n’est pas non plus protégée : ces objets et ce mobilier émettant des composés volatils, qui s’avèrent souvent néfastes pour notre corps. Sans oublier que, dans certains pays, la production de ces objets laisser à désirer en matière de droits sociaux ou humains. Paradoxalement, « cette surconsommation de mobilier ne garantit en rien une amélioration des habitats, ajoute Coraline Damme, la fondatrice du site MaDamme Déco. Les intérieurs se standardisent et perdent leur authenticité, ce qui peut générer une forme d’insatisfaction chronique ou une quête incessante de nouveautés sans réelle connexion émotionnelle avec son chez-soi ».
Comment consommer des meubles de manière plus vertueuse ?
« Il ne faut pas se précipiter au moment de réaliser des achats déco, mais prendre le temps de récolter un maximum d’informations sur le meuble ou l’objet que l’on souhaite acheter (sa provenance, la manière dont il a été fabriqué, sa composition…). Cela suggère de choisir des produits “Made in France” (ou “Made in UE”), fabriqués par des marques transparentes sur leur mode de production ainsi que sur leurs valeurs environnementales et sociétales, avec des matériaux naturels ou peu émissifs de polluants, conseille la décoratrice Patricia François. Je préconise de bien mûrir son projet, de garder en tête un fil rouge sur le plan du style sans se laisser influencer par le matraquage marketing. On peut privilégier des meubles fabriqués à partir de matières recyclées, ou se tourner vers l’artisanat et la seconde main qui ont souvent beaucoup de charme sans émettre de CO2. On peut aussi se fier à l’affichage, mis en place à l’initiative du ministère de la Transition écologique et de l’Ademe, qui permet de classer les meubles en fonction de critères écologiques (traçabilité géographique, quantité de matière recyclée dans le produit, émissions de gaz à effet de serre, la consommation d’eau…). C’est une sorte de Nutriscore de la déco. » Même son de cloche chez Coraline Damme, qui recommande de « prendre le temps de réfléchir à ses besoins réels et à la manière dont on vit dans son espace. Il ne s’agit pas de suivre aveuglément les tendances, mais de créer un environnement qui nous ressemble avec des objets qui ont une valeur émotionnelle. Une décoration éthique et durable est tout aussi belle, si ce n’est plus, car elle raconte une histoire et a du sens ». Plus de qualité pour moins de quantité, en somme.
L’important est de se sentir bien chez soi
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