Fast fashion : quels impacts sur l’environnement ?

Saviez-vous que l’industrie textile est le 3e secteur le plus consommateur d’eau après la culture de blé et de riz ? La mode, et plus précisément la fast fashion (la « mode rapide » : rapidement produite et rapidement jetable), a un lourd impact sur la planète : pollution et destruction des écosystèmes, émissions de CO2 due à la production effrénée, etc. Heureusement, de nombreuses initiatives voient le jour pour construire une mode plus éthique et plus durable. On fait le point. 

Temps de lecture : 8 min

La fast fashion, qu’est-ce que c’est ?

La fast fashion est un terme désignant un mode de consommation dans lequel les consommateurs achètent en grande quantité des vêtements à petit prix, souvent fabriqués à l’autre bout du monde. Elle est caractérisée par une production rapide de nouveaux vêtements et une forte rotation des collections. La fast fashion est née dans les années 1990 avec l’arrivée sur le marché de grandes chaînes de vêtements à bas prix.

Elle s’est popularisée dans les années 2000 avec l’essor des achats en ligne et la multiplication des marques proposant des collections inspirées des dernières tendances de la mode. Si, d’un point de vue économique, elle a contribué à démocratiser la mode en rendant les vêtements plus accessibles, la fast fashion a malheureusement de nombreux impacts négatifs sur l’environnement.

Le saviez-vous ?

Fabriqués majoritairement en Asie, 87 % des vêtements vendus en France doivent être acheminés en avion et en camion. Un jean peut parcourir jusqu’à 65 000 km avant d’arriver jusqu’à vous (5) !

Le poids de la fast fashion sur l’environnement et le climat

La production de vêtements nécessite beaucoup de matières premières, d’eau et d’énergie, ce qui entraîne des émissions de gaz à effet de serre, un épuisement des ressources et la pollution des sols et des eaux (1). Chaque année, l’industrie de la mode émettrait 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre (GES), soit environ 2 % des émissions globales (1). À titre de comparaison, c’est plus que les vols internationaux et le trafic maritime réunis. D’ici 2050 et en poursuivant ces tendances de consommation, le secteur textile émettrait même 26 % des émissions globales de gaz à effet de serre (1).

De plus, les vêtements produits dans le cadre de la fast fashion sont souvent de qualité moindre et avec  une durée de vie courte, ce qui encourage les consommateurs à les jeter après seulement quelques mois. Ce ne sont pas moins de 4 millions de tonnes de textiles dont on se débarrasse en Europe chaque année (1), dont 80 % sont jetés dans la poubelle pour ordures ménagères (1) et finissent par être enfouis ou incinérés, polluant toujours un peu plus.

Le polyester, fléau des mers

La matière première la plus utilisée pour fabriquer les vêtements est sans conteste le polyester. La consommation mondiale est estimée à environ 40 millions de tonnes par an. Ce sont près de 1 270 kg chaque seconde (2).

Le polyester est un tissu en plastique fabriqué à partir de produits pétroliers, une ressource fossile limitée. Il est utilisé dans de nombreux vêtements bon marché car il est facile et peu coûteux à produire.

Cette matière synthétique représente un problème pour l’environnement puisqu’à chaque lavage, elle se décompose et libère des microplastiques qui se retrouvent dans les océans et contaminent la chaîne alimentaire marine. Chaque année, 500 000 tonnes de microparticules de plastique sont ainsi relâchées dans les océans dans le monde, soit l’équivalent de 50 milliards (1) de bouteilles plastiques jetées en mer. 

Des vêtements usagés sont échoués sur une plage de galets

 

Le coton, gros consommateur de pesticides

Le coton est une autre fibre majoritairement utilisée dans la fabrication des vêtements issus de la fast fashion : plus de 17 millions de tonnes par an (1). Malheureusement, le coton est une matière dont le procédé de fabrication est très gourmand en eau. La culture coton est également la principale consommatrice de pesticides dans le monde et représente 4% des engrais à base d’azote et de phosphore à l’échelle globale (1). Or, ces pesticides finissent par s’infiltrer dans les nappes phréatiques et les cours d’eau, favorisant la prolifération d’algues au détriment des autres formes de vies aquatiques. 

Une industrie gourmande en produits chimiques

De nombreux vêtements bon marché sont traités avec des produits chimiques pour les teindre ou les rendre plus résistants. Non seulement ces produits sont toxiques pour ceux qui les fabriquent et pour les consommateurs (3), mais ils le sont aussi pour l’écosystème aquatique qui les reçoit lorsque les habits sont lavés. À titre d’exemple, 20 % de la pollution des eaux dans le monde serait due aux teintures du secteur textile (1). Des produits chimiques qui fragilisent encore un peu plus les écosystèmes aquatiques. 

Surconsommation et gaspillage vestimentaire 

Un récent sondage international sur les habitudes d’achat a révélé que les consommateurs achètent beaucoup plus de vêtements qu’ils n’en ont besoin (4), et même qu’ils n’en utilisent. Certains vêtements ne sont portés qu’une dizaine de fois avant de s’en débarrasser, ce qui représente un montant de 460 milliards de dollars par an (1).

En Europe, on se débarrasse chaque année de 4 millions de tonnes de textiles mais seulement 10 à 12 % sont revendus en seconde main (1). À l’échelle nationale, chaque Français achète en moyenne 9,2 kilos de textiles et chaussures par an, et n’en trie que 3,2 kilos (1). Des chiffres qui montrent l’ampleur de ce gaspillage et l’importance de changer les habitudes de consommation de chacun, pour acheter moins et favoriser le recyclage.

70
douches en équivalent d’eau
sont nécessaires pour produire 1 tee-shirt en coton (1)

BON À SAVOIR

Fondation Macif soutient de nombreuses initiatives dans l’économie circulaire !

Fast fashion : des conseils pour agir à votre échelle

Vous souhaitez agir pour une mode plus durable ? Plusieurs actions pour réduire l’impact de la fast fashion sur l’environnement sont à votre portée. Il existe par exemple des filières de recyclage pour les textiles, qui peuvent être transformés et réutilisés (sous forme de fibres pour la confection de nouveaux vêtements, de papier, de matériaux isolants, etc.).

Changez vos habitudes de consommation

Le monde en général utilise beaucoup plus de vêtements qu’il y a vingt ans. Et si la première chose à faire était d’acheter moins mais mieux ? C’est d’abord se poser systématiquement la question « en ai-je vraiment besoin ? » avant un achat. Vous verrez qu’en réalité, beaucoup d’achats peuvent être évités, ou au moins reportés !  Il y a aussi de bonnes habitudes à prendre pour choisir des vêtements qui dureront plus longtemps :
-    Si vous avez le choix, préférez des matières naturelles (laine, coton bio, lin, etc.)
-    Pourquoi ne pas miser sur les « basiques » qui se démodent moins vite ? Cela permet de ralentir le rythme d’achat pour suivre les tendances
-    Misez sur les produits durables : deux tee-shirts à 9 euros que vous ne portez que pendant une saison coûtent au final plus cher qu’un tee-shirt à 20 euros qui tient au moins deux ans.

Un homme met des vêtements usagés dans un carton

 

Devenez adepte de la seconde main 

Plus que jamais l’achat de seconde main séduit, et c’est une bonne nouvelle pour l’environnement et pour votre porte-monnaie (car c’est bien moins cher que du neuf) !

Il existe aujourd’hui de nombreuses friperies et boutiques de dépôt-vente où chiner les bonnes affaires, mais aussi des e-shops de seconde main. Des sites qui encouragent le tri, vous permettant d’acheter mais aussi de donner une seconde vie à vos vêtements. 

Réparez plutôt que jeter 

Un trou dans un pull, une fermeture éclair cassée, et vous voilà à deux doigts de jeter ces vêtements que vous considérez comme importables. Et pourtant, avec un bon tuto et quelques bases de couture, rien ou presque n’est irréparable. Bon à savoir : la broderie redevient très tendance ! Elle permet de réparer vos vêtements tout en les personnalisant avec des motifs géométriques, des fleurs colorées, etc.

Pensez aussi à des solutions toutes simples : transformer un jean déchiré en short pour l’été, camoufler un trou sous un patch thermocollant, décolorer façon « tie-dye » un tee-shirt qui a déteint, etc.

Optez pour le recyclage

Il existe plusieurs moyens pour recycler vos vêtements : 

  • s’ils sont en bon état : vous pouvez leur donner une deuxième vie par la revente en ligne, en dépôt-vente, en vide-grenier ou en brocante. Vous pouvez aussi les donner à des associations qui les redistribueront à des personnes dans le besoin ou les revendront pour récolter des fonds ;
  • s’ils sont usés, troués, tachés : déposez-les dans un point de collecte de tri (container) proche de chez vous. Les vêtements collectés pourront ainsi servir de matières premières pour fabriquer de nouveaux vêtements, papiers ou accessoires. 

En consommant moins mais mieux, il est possible de réduire l’empreinte écologique de la fast fashion
 

Consommer moins mais mieux a un nom : la slow fashion, à l’opposé de la fast fashion

VOUS SOUHAITEZ AGIR POUR L’ENVIRONNEMENT ?

Rendez-vous sur Diffuz.com, la plateforme solidaire de la Macif ! Vous pourrez y découvrir les défis solidaires près de chez vous.

L'Essentiel de l'article
  • Chaque année, l’industrie textile émettrait 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre.
  • Des études récentes ont montré que 90 % des microplastiques trouvés sur les rivages de Suède étaient constitués de fibres textiles synthétiques.
  • Pour produire un t-shirt, il faut l’équivalent en eau de 70 douches ! 

Nous avons aussi séléctionné pour vous

Thématiques associées : Environnement

Article suivant