« À 14 ans, mes amis ont décidé d’organiser un séjour à la mer, ayant la permission d’y aller seuls. Je comptais partir avec eux, mais c’était sans compter la réaction de mes parents. Pour eux, pas question de me laisser partir sans l’encadrement d’une personne majeure. Ils ne comprenaient pas que j’envisage de les exclure de mes vacances. Pourtant, je proposais de trouver un petit job – du baby-sitting – pour me payer les frais du voyage. S’il y avait un souci, je pouvais facilement appeler mes parents. J’ai tout tenté, j’ai supplié, j’ai même versé quelques larmes. Rien à faire, j’ai dû une fois de plus partir avec eux. Je me suis senti incompris, il continuait de voir en moi un petit garçon. » Ce que raconte Sacha, des milliers d’adolescents le vivent chaque été. Semaine au camping, colonie de vacances, séjour à l’étranger… Les options sont multiples pour les adolescents qui souhaiteraient partir, seuls ou entre amis. Sans surprise, une telle demande génère de l’inquiétude chez bon nombre de parents qui peinent à lâcher prise.
« Une question de préparation »
Pour la Dr Laure Geisler, médecin généraliste et créatrice d’un podcast destinés aux adolescents, tout est une question de préparation : « C’est important de faire des tests dès la préadolescence, pour être certain que son enfant est prêt à partir seuls, estime-t-elle. Ça passe par des petits week-ends chez un copain ou des petites missions quotidiennes, comme aller chercher du pain ou passer à la pharmacie. » Autre élément primordial : la communication. Sans dialogue, il n’y a pas de confiance commune. Or, c’est en dialoguant qu’un cadre peut être instauré et des règles fixées.
Mais lesquelles exactement ? « Il y a bien entendu la question de la destination, les moyens de transport, le logement, les activités, les lieux de restauration et le budget global qu’il faut décider en amont, mais des horaires doivent aussi être définis, le téléphone portable doit toujours être chargé – pour être rassuré, on peut lui acheter en plus une batterie externe, explique la médecin. Et en cas d’indisponibilité des parents, il est bon de choisir un adulte référent si jamais il y a un pépin. Ça peut être un oncle, une grande sœur, un ami de la famille, ou même un médecin. » Cette liste de consignes peut vite devenir aussi longue qu’une dissertation. Par peur que l’adolescent en oublie la moitié, le téléphone s’avère – pour cette fois – un outil précieux : « Ça peut être bien de lui créer une note “les trucs à ne jamais oublier”, ajoute Laure Geisler. Il est aussi important que les parents ne cachent pas leurs émotions ou leurs inquiétudes. Ils peuvent même faire part des quartiers à éviter ou des lieux refuges. »
Des dispositifs encadrés existent
Si l’idée de « lâcher votre enfant dans la nature » vous est insupportable, il est néanmoins possible de proposer une solution de transition avec une formule encadrée comme celles des UCPA (Union nationale des centres sportifs de pleine air), destinées aux 16-17 ans. Ces derniers reposent sur une participation à la vie de groupe et aux décisions quotidiennes comme le choix des activités ou l’organisation des soirées. Autre option : les séjours à thèmes, dédiés aux adolescents âgés de 13 à 18 ans. Scientifiques, artistiques, linguistiques, sportifs… Il y en a pour tous les goûts. Plus insolite, le chantier de jeunes (à partir de 15 ou 16 ans) qui invite à la réalisation collective d’une œuvre d’intérêt général. De quoi les armer avant le « grand saut ».
Les démarches administratives à ne pas négliger
Quel que soit votre choix, que les vacances de votre adolescent aient lieu en France ou à l’étranger, certaines formalités administratives doivent être accomplies. Il est impératif qu’il ou elle ait un document d’identité (passeport, carte nationale d’identité) en cours de validité et il est également fortement recommandé d’obtenir une attestation d’assurance. Pour les voyages à l’étranger, votre mineur ne pourra pas partir sans une autorisation de sortie du territoire (AST) – que l’on obtient au moyen du formulaire CERFA no15646*01, qui doit être signé par l’un des parents titulaires de l’autorité parentale et accompagné d’une copie de la pièce d’identité du parent signataire – ni sans avoir effectué les vaccins obligatoires du pays de destination. L’ensemble de ces documents devra être soigneusement rangé dans un dossier, que l’adolescent devra garder précieusement tout au long de ses congés.
Qui dit plus d’autonomie, plus de confiance en soi
« Aujourd’hui, les parents sont beaucoup plus angoissés à l’idée de lâcher prise, reconnaît la Dr Laure Geisler. Lorsque j’étais ado, on partait à vélo sans prévenir personne et on rentrait hyper tard ! » Comment expliquer cette évolution ? Selon la psychanalyste Claude Halmos, « l’état du monde pèse sur les parents. Ils voudraient préserver leur enfant de sa violence – faut-il lui dire qu’une bombe, en Ukraine, est tombée sur une école comme la sienne ? […] On sait aussi désormais […] à quel point un enfant peut être une proie sexuelle, et on a conscience de l’individualisme ambiant, écrit-elle en 2022 dans les colonnes du quotidien Le Monde. Tout cela augmente les craintes que suscite toujours chez les parents l’autonomie de leurs enfants : que peut-il lui arriver […] et qui lui viendra en aide ? »
Néanmoins, refuser l’émancipation de son adolescent n’est pas la solution. Au contraire : « On sait qu’aujourd’hui, favoriser l’autonomie améliore les compétences psychosociales, notamment la confiance en soi, insiste la Dr Laure Geisler. Or, avoir confiance en soi, permet à l’adolescent de faire des choix en conscience, de savoir s’opposer et de savoir s’affirmer. » Mais s’il y a bien un sujet à ne surtout pas oublier, c’est celui de la sexualité. « Que ce soit en rappelant l’importance de la contraception ou du consentement, les parents doivent impérativement aborder ces questions avant que l’ado parte. »
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