Premières sorties nocturnes des ados : comment gérer ?

Dès l’adolescence, les jeunes commencent à vouloir sortir. Comment gérer cette nouvelle étape dans l’autonomie de son enfant ? Faut-il adopter un comportement permissif ou autoritaire ? Comment trouver un terrain d’entente ? Témoignages de parents, entre règles intransigeantes, vigilance et liberté.

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Rédaction SoPress

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Sorties des ados : à quel âge, jusqu’à quelle heure ?

Chez Sandra et Régis, les premières demandes d’autorisation de soirée de leurs garçons ont commencé en seconde. Au début, seules les soirées d’anniversaires chez les amis étaient autorisées, à condition que les parents hôtes soient présents. « Je téléphonais toujours aux parents pour connaître l’organisation de la soirée. Lorsqu’il y avait de l’alcool sur place, je venais systématiquement les chercher pour qu’ils rentrent dormir à la maison. J’estime qu’à 15 ans mes enfants étaient trop jeunes pour consommer de l’alcool, qui plus est dans une maison sans surveillance », insiste leur mère. Pour les sorties dans les fêtes de village, les horaires sont non-négociables. Sandra vient récupérer Kim, 16 ans, à 1 heure du matin. Hors de question de laisser son ado errer dehors tard dans la nuit. Si le cadre s’assouplit progressivement avec l’âge de leurs garçons, reste que ce sont des parents s’estimant chanceux d’avoir des ados sportifs, attentifs à conserver une bonne hygiène de vie et qui ne voient pas les sorties en soirée comme une priorité. « On a toujours fonctionné dans la confiance et le dialogue. Ils sont assez à l’écoute de nos inquiétudes et des dangers. Ils ont toujours été raisonnables. À ma connaissance, ils n’ont jamais trahi ma confiance. D’ailleurs, ils savent que si je les avais récupérés ivres à 14 ans, ils auraient été privés de sorties », ajoute Sandra. Il faut dire que les deux ados ont rapidement été sensibilisés par leurs parents aux dangers de la consommation d’alcool et de drogues. En famille, il leur est arrivé de visionner des documentaires sur les effets néfastes sur la santé des jeunes. Résultat : le cannabis ne les intéresse absolument pas.

L'abus d'alcool nuit à la santé.

Le saviez-vous ?

Il est interdit de recevoir dans les débits de boissons alcooliques des mineurs de moins de seize ans qui ne sont pas accompagnés de l’un de leurs parents ou d’un majeur responsable.

Crises et disputes

Dans la famille de Stéphanie, les règles sont plus souples. Avec son aîné, Raphaël, 19 ans aujourd’hui, demandes de sortie ont longtemps rimé avec conflits. L’autorité de sa mère a rapidement été sapée et aucun cadre n’a pu être mis en place. « Quand j’ai réalisé que dès 15 ans il était incapable d’accepter les restrictions et que ça donnait lieu à beaucoup de crises et de disputes, je lui ai laissé beaucoup de libertés. Lui imposer des règles était contre-nature et contre-productif. Je sentais même que ça pouvait rompre notre lien », souffle Stéphanie, qui ne fermait pas l’œil de la nuit jusqu’au retour à la maison de son ado. Heureusement, il revenait toujours à pied ou à vélo et accompagné de ses copains résidant dans le quartier, ce qui la rassurait un peu.

Avec sa fille Hivana, 15 ans et demi, le terrain d’entente fut bien plus simple à trouver. Pour les soirées chez des amis, Stéphanie laisse son ado dormir sur place, sans jamais appeler les parents, « une honte pour [ses] enfants ». En ce qui concerne les soirées en ville, le risque d’éventuelles agressions est pris au sérieux. Résultat : couvre-feu à minuit-1 heure maximum. « Pour la fête de la musique, j’avais même demandé à Hivana de m’envoyer un message toutes les heures pour me rassurer. Elle l’a fait sans discuter », raconte Stéphanie. Pour cette maman, il est aussi important de remettre en question ses propres règles. « Je réalise parfois que le cadre que je veux leur imposer est en décalage avec leur désir d’autonomie. C’est difficile de savoir où placer le curseur entre un cadre strict et la nécessité de leur laisser la liberté de se responsabiliser. » Plutôt que les brider, elle préfère leur faire confiance et les accompagner progressivement « quand ils ne sont pas en phase avec l’autorité pour qu’ils puissent s’approprier les règles ». Ses ados savent qu’ils peuvent à tout moment lui demander de venir les récupérer, qu’ils soient alcoolisés ou pas. Et qu’elle ne se fâchera pas. « C’est aussi pour leur montrer que je suis à leur disposition et que je ne les abandonne pas s’il y a un problème quelconque», confie Stéphanie.

Comportements à risques

Un tiers des 16-30 ans est déjà rentré en voiture en tant que conducteur alors qu’il avait consommé une substance (alcool, cannabis, cocaïne, MDMA ou LSD).

Source : Baromètre Addictions Ipsos - Macif 2024

Pas de retour en voiture

De son côté, Théo avait 15 ans quand il a commencé à éprouver le besoin de sortir le soir avec ses amis. « C’est un enfant qui a été adopté tardivement, il a très vite été indépendant et autonome. J’essaie d’être assez compréhensif et de lui laisser assez de libertés », précise Bruno, son père. Raison pour laquelle Théo a rapidement eu le droit d’aller en soirée chez des amis en dormant sur place, sans aucune restriction. Il en va de même avec les fêtes de village où il peut rester jusqu’à 2 heures du matin, heure à laquelle son père vient le récupérer. Une relation de grande confiance règne entre Théo et Bruno et il n’y a jamais eu ni sanctions ni conflits liés aux sorties. « C’est quelqu’un de responsable qui a tendance à s’occuper des autres depuis son enfance. La dernière fois que je suis allé le chercher à une fête, il secourait une amie alcoolisée. Cela m’a rassuré de le voir jouer ce rôle », explique ce père. Seule règle sur laquelle Bruno ne transige pas : interdiction de monter dans la voiture ou sur le scooter d’un copain en état d’ébriété. « Jeune, je vivais aussi à la campagne et avec mes copains on prenait la voiture alcoolisés. Je refuse que Théo se mette en danger en faisant la même chose. Il sait qu’il peut m’appeler à n’importe quelle heure, je viendrai le chercher », explique-t-il. Côté prévention sur la consommation d’alcool et de drogue, Bruno préfère faire passer les messages à son ado de manière implicite, « parce que frontalement ça ne fonctionne pas », précise-t-il. « Je ne suis pas très inquiet, mais je reste vigilant sur les drogues qui circulent en soirée. »

« LES ADDICTIONS ET LEURS CONSÉQUENCES CHEZ LES JEUNES »

La Macif a lancé avec Ipsos le 1er baromètre sur les consommations de substances addictives chez les 16-30 ans afin de proposer des solutions de prévention adaptées.

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