Depuis trois ans et la sortie de la crise sanitaire, les grands espaces montagneux, des Pyrénées aux Alpes en passant par le Massif central ou le Jura, affichent des taux de fréquentation record chez les 18-25 ans. Selon une étude de l’Observatoire des stations de montagne, le nombre de jeunes qui y passe l’été a progressé de 15 % au cours des cinq dernières années. L’organisme Atout France note quant à lui une augmentation de 30 % des séjours en montagne chez les jeunes adultes (18-25 ans) depuis 2015. Montée des préoccupations écologiques, baisse du pouvoir d’achat chez les jeunes, influence des contenus filmés « outdoor » sur Instagram et TikTok, sont autant d’explications de cet engouement, auxquels s’ajoute aussi une dimension « bien être »
La rando, à la découverte de la vie
Les images défilent sur les réseaux sociaux : sommets baignés de lumière, bivouacs en crête, lacs d’altitude turquoise… À force de stories et de récits exaltés, la montagne devient un rêve à portée de main. De plus en plus de randonneurs débutants partent à la découverte des cimes avec une sincère envie d’exploration, mais sans toujours connaître les codes de ce milieu exigeant. « La montagne est certes un espace de liberté, mais avant tout un espace partagé. Derrière les paysages spectaculaires, on oublie parfois la présence discrète, mais bien réelle d’autres vies : bergers, troupeaux, faune sauvage, flore fragile… Partir en randonnée, c’est cohabiter avec tout un écosystème », avertit Émilie Paquien, accompagnatrice en montagne depuis 2019. Après des années passées dans les refuges de haute montagne, elle parcourt désormais les vallées et sommets. Émilie Paquien a lancé son entreprise d’excursions, Le souffle des cimes, dans la vallée de Chamonix, où elle propose notamment des randonnées-yoga.
Observer avant de marcher
Premier réflexe à adopter selon la guide : observer la montagne avant de la contempler. La météo, l’enneigement, l’altitude, l’état du sentier… En montagne, la sécurité ne tient pas à un téléphone chargé ou à une trace GPS téléchargée sur une application gratuite de randonnée. « Une trace GPX en mai n’aura rien à voir avec celle d’août : ce qui est praticable à une saison peut devenir dangereux à une autre. Apprendre à lire une carte IGN, comprendre les dénivelés, repérer les points d’eau ou les zones d’ombre : ces compétences, qui semblent techniques, forment en réalité le socle d’une intelligence sensible à la montagne », développe-t-elle. Respecter son environnement est indispensable à la montagne. Si dormir en bivouac est une expérience rare et précieuse, cela implique de suivre quelques règles : ne pas faire sa vaisselle dans un lac d’altitude, éviter les crèmes solaires polluantes, et toujours emporter avec soi ses déchets. « Et si l’on dort dans un refuge non gardé, on prend soin du lieu : on balaie, on referme les volets, on pense à ceux qui viendront après », termine-t-elle.
Marcher avec humilité
Côté équipement, inutile de s’encombrer. « Un bon filtre à eau, par exemple, sera plus utile qu’une trop lourde trousse de secours », ajoute-t-elle. En montagne, le poids est un facteur de danger : plus on est chargé, plus on se fatigue vite et plus on risque de faire une mauvaise chute. Autre conseil essentiel : ne jamais hésiter à interroger ceux qui vivent ou travaillent en montagne, gardiens de refuge, accompagnateurs, membres de l’Office de haute montagne… Parler avec les bergers, échanger entre randonneurs est un réflexe à avoir. Enfin, marcher en montagne, c’est aussi accepter l’idée du renoncement. Savoir faire demi-tour, adapter son itinéraire en fonction de ses sensations ou de la météo, ne pas chercher à « faire une perf »… Tout cela n’est pas signe d’échec, selon Émilie Paquien, mais d’une bonne compréhension du milieu. Rien ne sert de courir : l’essentiel n’est pas d’arriver en haut, mais de savoir écouter ce qui se passe autour et en soi. Et peut-être est-ce là, justement, que commence la vraie aventure.
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