Déprime passagère ou vraie dépression ?

État passager et connu de tous d’un côté, maladie plus rare de l’autre : si elles partagent bon nombre de symptômes, la déprime et la dépression sont à différencier. Avec, comme point de repère, la longévité de l’épisode émotionnel… et les solutions pour en sortir.

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Rédaction SoPress

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La frontière de la maladie

Une rupture amoureuse, le décès d’un proche, un échec professionnel, une mauvaise note… Innombrables sont les raisons, qu’importe leur niveau de gravité, pour se sentir déprimé. Et c’est justement pour ça que chacun a déjà pu ressentir un sentiment de profonde tristesse, plus ou moins tenace. De là à parler de dépression, il y a un pas qu’il ne faut pas toujours franchir. Car si elles partagent plusieurs points communs, déprime et dépression sont loin d’avoir une définition commune. « La déprime n’est pas un diagnostic psychiatrique ni une pathologie, à la différence de la dépression (le terme exact utilisé étant l’“épisode dépressif caractérisé”). Ce qui les sépare, ce sont la durée et l’intensité de la symptomatologie, explique la docteur Estelle Willemet, psychiatre à Toulouse. Dans le cas de la dépression, les symptômes durent plus de deux semaines et se manifestent quotidiennement. Elle induit une souffrance importante et elle entraîne une altération dans le fonctionnement habituel de la personne. La déprime est quant à elle plus passagère, souvent en lien avec un facteur de stress et on note également une amélioration de la symptomatologie avec le temps. »

L’engrenage de la tristesse

Félicie, qui se présente pourtant comme « quelqu’un d’assez joviale et positive », en a fait la désagréable expérience. Sans trop savoir pourquoi, malgré quelques pistes (rythme effréné entre vie de famille, proches et travail ; mésaventures passées…), cette quadragénaire qui a déjà fait face à de gros obstacles durant sa jeunesse entre assez inexplicablement dans un tunnel de fatigue et d’idées noires, alors qu’elle est pourtant bien entourée. « J’ai senti une descente progressive et assez lente, avec d’abord des épisodes d’humeur changeante : un jour ça va, le lendemain ça va moins bien. Puis, les jours où je ne me sentais pas bien sont devenus de plus en plus nombreux, pour finir sur un état général de tristesse et de baisse de motivation pour tout », témoigne-t-elle.

Avec le recul, Félicie parle d’« engrenage » : « Je me sentais triste tout le temps et je culpabilisais de me sentir triste parce qu’en apparence, j’avais tout pour être heureuse, ce qui me rendait encore plus triste. Plus envie de me lever, plus envie de voir du monde, plus envie de faire des projets, plus envie de partager des moments agréables, plus envie de sourire… Je savais que j’allais finir par craquer, j’attendais juste de voir quand et comment. J’étais devenue spectatrice de moi-même et je patientais. » Un jour, la bascule intervient : la jeune femme chute de son vélo, verse soudainement des torrents de larmes et son médecin diagnostique immédiatement sa dépression. Arrêt de travail, traitement médicamenteux et soutien de son entourage la font finalement sortir de cette mauvaise passe.

Des symptômes communs, une régularité différente

« La déprime peut se chroniciser et évoluer vers la dépression, oui. S’il n’y a aucune amélioration au bout de deux semaines ou d’un mois, et que le patient reste dans son lit en pleurant toute la journée sans manger… À ce moment-là, il faut s’inquiéter », rappelle la spécialiste. Laquelle dresse ensuite la liste des symptômes concernant les deux états émotionnels, et présents au quotidien dans le cas d’une dépression : humeur triste, sentiment de vide, ralentissement psychomoteur, fatigue, perte de motivation et d’appétit, diminution du plaisir et du désir sexuel, troubles du sommeil, sentiment de dévalorisation ou de culpabilité, difficultés de concentration et enfin idées suicidaires. Mais, même profonde, la dépression n’est pas une fatalité. Des solutions existent en effet pour la contrer ou éviter d’y entrer, comme le détaille l’experte : « Maintenir une hygiène de vie correcte et une activité physique, même minime, ainsi qu’un contact social, initier une psychothérapie de soutien, limiter les consommations d’alcool (au-delà de l’effet apaisant sur le moment, l’alcool est dépressogène)… Surtout, il faut comprendre qu’il est complètement normal d’avoir des moments de tristesse ou d’angoisse où on peut avoir l’impression de perdre pied. Quand il s’agit de déprime, il ne faut pas s’alarmer et “psychiatriser” toute tristesse : dans de nombreux cas, le cerveau fait bien les choses et le temps permet de retrouver un état d’équilibre ! »

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