Schizophrénie : le vrai-faux des idées reçues

Symptômes, guérison, origines… Au milieu des mystères pas toujours résolus et des idées préconçues, quelles sont les réalités entourant la schizophrénie aujourd’hui ? Éléments de réponses avec le docteur Estelle Willemet, psychiatre à Toulouse et habituée de cette maladie complexe.

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Rédaction SoPress

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Les schizophrènes ont une double personnalité

FAUX Contrairement à ce que certains films laissent croire et malgré l’idée reçue largement répandue dans la population générale, « la double personnalité n’intervient absolument pas dans la définition de la schizophrénie », indique Estelle Willemet. Même s’il en existe de multiples formes, cette maladie peut en effet associer « des symptômes positifs (idées délirantes, en dehors de la réalité), des symptômes négatifs (un certain repli social, une baisse de la motivation) et des symptômes de désorganisation (discours décousu, dissociation entre affects et contenu du discours ».

Les schizophrènes entendent des voix

VRAI Certains seulement. Il s’agit notamment de ces symptômes positifs et idées délirantes mentionnés précédemment, qui s’illustrent par plusieurs mécanismes. « La présence d’hallucinations acoustico-verbales, par exemple, ou voix dans le langage courant : le patient peut entendre une voix qui commente ses actions, qui lui dit que le monde va s’écrouler ou bien d’autres choses, complète la psychiatre. Un autre mécanisme aux idées délirantes est l’interprétation : un patient schizophrène se promène dans la rue, un passant le regarde et le patient interprète ce regard comme un regard mauvais qui prouve que le passant va le tuer. »

Les schizophrènes ont des hallucinations

VRAI Hallucinations auditives, donc, mais pas uniquement. « Si les voix sont une forme d’hallucinations, il en existe d’autres : les hallucinations cénesthésiques (des sensations physiques, comme le sentiment d’être touché), olfactives ou gustatives… Et les hallucinations visuelles, en effet », répond le médecin. Reste que ces dernières sont très peu fréquentes chez les patients atteints de schizophrénie.

La consommation de drogue rend schizophrène

VRAI, mais… Difficile d’être catégorique à ce sujet, les facteurs de risque de développement d’une schizophrénie étant encore peu connus et devant faire l’objet d’études scientifiques approfondies. Mais « la consommation de cannabis favoriserait l’entrée dans la schizophrénie chez des patients qui y seraient déjà prédisposés », avance le Docteur. Qui cite également l’urbanisation, la génétique et les traumatismes de l’enfance parmi les autres facteurs de risque (outre la prise de drogue).

La schizophrénie ne se soigne pas

FAUX, mais… « Les traitements neuroleptiques peuvent permettre de stabiliser la schizophrénie chez de nombreux patients, c’est-à-dire que la maladie ne s’exprime pas lorsque les patients prennent leur traitement, explique la spécialiste, qui pointe la différence entre guérir et stabiliser. Dans la plupart des cas, les patients atteints de schizophrénie devront malheureusement prendre ce traitement psychiatrique toute leur vie (au risque de rechuter, ou décompenser à l’arrêt des traitements). Mais, dans certains cas et sous couvert de l’avis du psychiatre traitant, les traitements neuroleptiques peuvent être arrêtés sans que le patient redécompense par la suite. »

Les schizophrènes vivent majoritairement en marge de la société

FAUX Travail, logement, entourage, liens sociaux… Grâce à leur traitement neuroleptique, bon nombre de patients atteints de schizophrénie vivent une existence normale. Même si, il est vrai, certains patients qui ne prennent pas normalement leur traitement ou résistent aux traitements « auront parfois plus de difficultés à être insérés dans la société. C’est tout le travail de réhabilitation qu’entreprennent les soignants, en collaboration avec le patient, pour permettre une meilleure insertion socioprofessionnelle », précise l’experte.

Les schizophrènes sont dangereux pour autrui

FAUX, mais… Souvent, la peur s’invite dans les esprits dès lors qu’un individu est qualifié de schizophrène. Pourtant, « 6 % seulement des meurtriers seraient atteints de schizophrénie, et environ 5 % des crimes violents seraient commis par des patients, chiffre Estelle Willemet, pour un taux de 1 % de schizophrène dans la population générale. En revanche, ils sont globalement plus violents envers eux-mêmes, puisque 10 à 15 % décéderaient par suicide ».

La schizophrénie est une maladie génétique

VRAI, mais… « Oui, il existe une vulnérabilité génétique dans la schizophrénie, note la psychiatre. Mais il est très difficile de mettre clairement en évidence les gènes impliqués, certains chercheurs retrouvant néanmoins des variations appelées épigénétiques sur plusieurs gènes (notamment le gène COMT, qui aurait un rôle sur le cortex préfrontal lui-même impliqué dans la maladie). » Plus globalement, c’est l’association d’une vulnérabilité génétique aux facteurs environnementaux qui augmente le risque de déclenchement de la schizophrénie.

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