Le lycée, dernière étape avant l'âge adulte
Pour beaucoup, le lycée peut paraître intimidant. Alors qu’ils faisaient partie des « grands », les collégiens fraîchement brevetés vont cette fois tenir le rôle – pour la première année du moins – des « petits ». Pour ne rien arranger, ils entendent souvent dire que le lycée, c’est plus dur, c’est plus strict en termes d’organisation, voire que l’ambiance est radicalement différente. C’est en partie vrai. « On ne peut pas parler de transformation radicale, mais c’est tout de même un cap, un seuil à franchir, reconnaît la pédopsychiatre Marie-Rose Moro. C’est une période pendant laquelle l’élève est appelé à gagner en autonomie. »
Qu’est-ce qui change exactement ?
- Les temps de pause : à l’inverse du collège, les lycéens (selon leur statut) peuvent quitter l’établissement à l’heure du déjeuner.
- Le mode d’apprentissage : le travail est bien moins cadré par le professeur qui ne dicte plus ces cours, obligeant les élèves à prendre des notes.
- Les échéances : elles sont souvent plus longues et l’enseignant rappelle beaucoup plus rarement que la leçon doit être apprise pour le cours suivant.
« Sans oublier le bac, le Grand Oral, l’orientation post-bac, le fait qu’ils deviennent adultes, énumère la médecin. Le lycée est certainement la période durant laquelle nos enfants grandissent le plus vite. En moins de trois ans, ces adolescents se transforment en préadultes, prêts à explorer le monde. » Que ce soit physiquement ou mentalement, ils mûrissent et développent leur vie sociale à vue d’œil.
Apprendre à choisir pour mieux s’épanouir
Pour aider les ados à bien démarrer leurs années lycée, il est primordial que les parents les préparent à choisir. « Choisir en fonction de leurs intérêts, de leurs envies, et non de manière pragmatique, précise Marie-Rose Moro. Le pragmatisme n’a jamais aidé les jeunes à grandir. Pour cela, ils doivent être actifs, ils doivent avoir envie, ils doivent avoir le sentiment que c’est eux qui grandissent. Ils n’ont nullement besoin qu’on leur dise comment ils doivent grandir et quels doivent être leurs choix. » Or au lycée, les choix ne manquent pas. Avant l'étape « Parcoursup », il y a déjà les diverses spécialités qui définissent l’emploi du temps des élèves (pour ne pas dire leur vie). Des spécialités qu’ils doivent choisir très vite. Ce fonctionnement, Marie-Rose Moro le regrette profondément, remarquant la disparition progressive de la notion de classe. « L’ado se retrouve avec celles et ceux qui font le même parcours que lui, des personnes avec qui il n’est pas nécessairement ami, explique-t-elle. La classe est un support extrêmement important pour l’enfant. C’est en classe qu’on grandit ensemble et qu’on s’appuie les uns sur les autres. » La pédopsychiatre parle même d’une libéralisation du lycée où les filières sont choisies de façon très individualiste. « Et si, par malheur on se trompe, si l’on veut changer, c’est l’enfer, déplore-t-elle. Comme si on ne pouvait pas tomber de vélo et se relever… Je trouve que les lycéens ne sont pas suffisamment préparés à cela. Ils choisissent souvent leur parcours de manière passive et se sentent souvent seuls. »
C’est pourquoi les parents doivent, selon elle, se positionner en tant qu’alliés. Ils doivent se présenter comme « des tuteurs » et non comme « des décideurs ». Sans surprise, c’est une fois de plus la communication et le cadre qui valent. Deux outils « primordiaux », car arrivés à cet âge, l’autorité parentale s’effrite et ne se décrète plus. « Il faut certes protéger nos ados mais de manière raisonnée, estime Marie-Rose Moro. Or, pour ça, il faut parler : “Oui, tu pourras aller à des soirées, mais à quel moment, et jusqu’à quelle heure, etc.” Il ne peut y avoir de liberté sans règles. »
Être parents d’enfant, avant d’être parents d’élève
Mais pour quelle raison les parents stressent-ils autant – voire plus – que les ados lorsqu’ils rentrent au lycée ? Pour Marie-Rose Moro, il en va de la représentation que les parents ont de l’école et de la place de l’école dans le devenir des enfants. « Bien sûr que l’école est importante pour les jeunes, poursuit-elle. Mais justement, il faut que les apprentissages se fassent de la manière la plus agréable et la plus souple possible, et non dans la contrainte. » Elle ne fait que le répéter : « Le stress n’a jamais aidé à quoi que ce soit. » À travers ses nombreuses consultations, elle remarque que les parents sont immédiatement dans l’après, au risque d’oublier l’importance de la scolarité. « Principalement parce qu’ils projettent sur leurs enfants. Mais surtout, ils oublient qu’au-delà des connaissances, l’école sert à la construction de la vie sociale, au bien-être de l’enfant et à son bonheur… Ce qui, à mon avis, conditionne l’apprentissage. L’expérience d’enfant et d’élève heureux est essentielle pour la suite. »
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