Secret Santa : le nouveau rituel incontournable

Importé des pays anglo-saxons, mais désormais solidement ancré dans les habitudes françaises, le Secret Santa s’est imposé comme un rendez-vous incontournable durant la période des fêtes.

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Qu’il se déroule dans un contexte amical, familial ou professionnel, le principe du Secret Santa reste le même : sans révéler son identité, chacun offre un cadeau à une personne tirée au sort. Il existe des variantes, mais le principe reste le même : on s’offre des cadeaux à petit prix et au hasard. Le succès est tel que des sites comme DrawNames ou MySanta sont dédiés à leur organisation et à la simplification du tirage au sort, avec parfois même des listes d’envies pour guider les plus hésitants.
En France, cette tradition connaît un succès croissant parce qu’elle répond à un besoin très actuel : préserver la magie de Noël tout en maîtrisant les dépenses et en apportant une dimension ludique. « Depuis qu’on le pratique en famille, j’ai l’impression d’alléger ma charge mentale, raconte Marion, 34 ans. Au lieu d’acheter douze cadeaux différents et pas forcément très personnalisés, je me concentre sur une seule personne, je prends le temps de chercher l’idée juste. C’est beaucoup moins stressant et plus pertinent. » Dans le contexte économique actuel, un seul cadeau suffit, mais il devient plus soigné, mieux pensé.
Dans le milieu de l’entreprise, le Secret Santa apporte aussi du lien social. « Ça permet de mieux se connaître, explique Karim, 28 ans. Pour faire un cadeau à un collègue que tu ne connais pas trop, tu dois forcément essayer de mieux le cerner. » Grâce aux plateformes de tirage, même les équipes dispersées ou en télétravail peuvent prendre part à ce petit rituel fédérateur.

Chacun son rôle

Mais si le Secret Santa intéresse aujourd’hui les sociologues, c’est parce qu’il agit comme un révélateur de nos comportements : Il y a celui – ou celle – qui dépasse systématiquement le budget, cherchant à prouver sa générosité ou sa créativité. Celui qui dépense moins, sans culpabiliser, revendiquant une forme de simplicité. Celui qui se met une pression folle, persuadé que le cadeau doit forcément être parfait. Ou encore celui qui n’a pas le temps et improvise avec un objet venant de chez lui, une manière de dire qu’un cadeau peut être aussi un morceau de soi, plutôt qu’une dépense.
Dans certains groupes, ces rôles sont presque institutionnalisés. Estelle, par exemple, est devenue la star du Secret Santa au sein de son réseau amical parce qu’elle fabrique tous ses cadeaux elle-même. « Quand tu tombes sur Estelle, tu sais que tu vas recevoir quelque chose d’unique », raconte une membre de la bande. Broderie, petit carnet relié à la main, cosmétique maison : ses présents sont tellement appréciés que tout le monde espère secrètement être celui ou celle « pêché » cette année. Sa générosité dit quelque chose d’un rapport au don fondé sur le temps passé, l’attention et la singularité.
 

Un rituel social

À l’inverse, il y a Thibault, totalement décomplexé, ambassadeur autoproclamé des cadeaux « petit budget » qu’il trouve dans les magasins discount. « Je trouve des trucs improbables pour seulement deux euros, rit-il. Une fois, j’ai offert une lampe dinosaure. C’était cheap, mais ça a fait rire tout le monde. » Son Secret Santa à lui, c’est celui qui désamorce la pression et rappelle que le but n’est pas d’impressionner, mais de partager un moment.
Ailleurs dans le monde, la coutume prend des formes parfois étonnantes. En Allemagne, le Wichteln encourage les cadeaux absurdes, volontairement moches. Au Canada, le Yankee Swap (Secret Santa voleur) autorise à « subtiliser » le cadeau d’un autre, transformant l’échange en jeu stratégique. Aux Philippines, le Monito Monita dure plusieurs semaines, avec de petits présents anonymes avant une révélation finale. En Islande, certains groupes se sont approprié la tradition en ne s’offrant que des livres, écho au célèbre Jólabókaflóð, le « déluge de livres » de décembre.
Ces variations démontrent que, partout, le Secret Santa est bien plus qu’un simple échange de cadeaux : c’est un rituel social. Et s’il s’installe durablement dans nos vies, c’est peut-être aussi parce qu’il incarne une idée essentielle : offrir n’est pas qu’une question de prix, mais de lien. Et pour quelques jours, il nous rappelle que la convivialité, l’humour, l’attention ou la créativité comptent souvent davantage que ce qu’il y a dans le paquet.
 

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