Voyager solo en tant que femme

Expérience enrichissante, le voyage en solo peut néanmoins se révéler stressant, voire risqué lorsque l’on est une femme. Des adeptes de ces vacances partagent leurs conseils pour partir seules… mais sereines.

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So press
Rédaction SoPress

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Entreprendre un long voyage en solo, c’est d’abord se confronter aux inquiétudes de son entourage : « Quand je lui ai annoncé que je partais seule au Japon à 23 ans, ma mère a eu une réaction disproportionnée : elle a pleuré pendant des semaines dès qu’on se téléphonait », se souvient Claire, statisticienne toulousaine de 39 ans, créatrice du blog de voyages Claire ! On y va. Première femme de la famille à entreprendre une aventure en solitaire, notamment l’expérience d’un long courrier, elle tenait à marquer le coup. À l’époque, en 2010, Claire n’a pas de smartphone, et profite de la connexion Internet dans les cybercafés de Tokyo pour donner des nouvelles à ses proches. Pourtant, envahie par l’émotion dès les premières heures du voyage, elle comprend tout de suite qu’elle consacrera de nombreuses périodes de sa vie à découvrir des destinations seule avec elle-même.

Trouver des points bons conseils

C’est la rencontre d’une étudiante écossaise en Master, « hyper débrouillarde et indépendante », qui pratiquait déjà le trip en solo depuis quelques années, qui l’a convaincue de multiplier les expériences et lui a donné quelques conseils essentiels, notamment de rejoindre des groupes de voyageurs, qu’on trouve en nombre sur les réseaux sociaux. Sur la page Facebook Les Français au Guatemala, on compte près de 10 000 membres. Le groupe Les Français en Australie, lui, réunit plus de 135 000 membres. Sur ces pages on trouve tout un tas de contenus pratiques : don de matériel de randonnée, vente de vans, conseils sur la trajectoire à privilégier, indications sur les déviations et routes bloquées…

Commencer par un week-end en solo

Pour éviter de trop grandes surprises, il vaut mieux, selon cette voyageuse expérimentée, débuter par une destination facilement accessible, à proximité de son lieu d’habitation. « Je recommande à toutes mes copines de commencer par un week-end en France en solo. C’est parfait pour se familiariser avec soi-même, et, comme ça, si on se sent mal à l’aise, il suffit de rentrer plus tôt que prévu », développe-t-elle. Autre conseil à ne pas négliger : prévoir l’itinéraire de son premier voyage en solitaire de manière très détaillée… quitte à ne pas le suivre. « C’est aussi très agréable de se laisser porter : quand on voyage seul(e), il y a cent fois plus de possibilités de rencontres et, donc, de changement de route collectifs ». Quant à la dimension sécurité, Claire s’en tient au b. a.-ba : ne pas rentrer tard seule, privilégier les quartiers safe pour se loger. « Les mêmes réflexes qu’à Toulouse finalement ! », plaisante-t-elle.

Si, pour les femmes, le voyage en solo est parfois si difficile à envisager, c’est qu’il a longtemps été une entreprise réservée aux hommes. C’est ce qu’explique la journaliste Lucie Azéma dans son ouvrage Les femmes aussi sont du voyage – L’émancipation par le départ, publié en 2021 chez Flammarion. En effet, la grande majorité des récits de voyage sont historiquement écrits par des hommes et pour des hommes. D’ailleurs, il est souvent raconté avec un champ lexical de conquête, voire de performance.

Rapport à la solitude, au risque, à l’ailleurs

L’autrice explique également que, lorsque les femmes se lancent, elles ne sont pas considérées comme des exploratrices, mais comme des êtres frivoles. On les juge irresponsables, égoïstes, voire inconscientes. Au-delà du regard critique sur le mythe de l’aventurier et la notion de voyage comme moment de libération, le livre de Lucie Azéma est aussi très personnel — elle raconte son propre parcours, ses choix de vie, ses voyages au long cours, et son rapport à la solitude, à la prise de risque, à l’ailleurs. Quant à elle, sur son blog, Claire partage de manière concrète les questions que l’on peut se poser lorsqu’on voyage en solo.

Que faire si l’on se perd ? Dans ces moments-là, le défi est d’oser simplement aller vers les autres pour demander de l’aide. Et comment apprivoiser la solitude ? Elle confie avoir pris l’habitude d’emporter un livre de poche et quelques jeux sur sa tablette ou son téléphone — pratique pour s’occuper, que ce soit dans un aéroport ou avant de dormir. Cela dit, Claire reconnaît aussi qu’il est agréable de se laisser porter par quelqu’un d’autre, et partager la charge mentale du voyage. « Mais je crois qu’à l’approche de la trentaine, j’ai compris que, si j’attendais les autres pour voyager, je n’irais jamais nulle part. Alors, allons-y par nous-mêmes ! », encourage-t-elle.

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